la révolte des ratés

série: Humour Noir
dessinateur / scénariste: Buzzelli Guido
éditeur: Square EO 1974
genre: Humour Noir
classement: biblio207
date: 1974
format: broché, N&B
état: TBE
valeur: 15 €
critère: *
remarques: préface par Wolinski avec plusieurs
aquarelles de Buzzelli (1965)

conflit de société entre les ratés et
les parfaits dans un monde imparfait

Spartak, un raté, défend sa place à
la cour des parfaits en tant que bouffon
>> p. 26/27 la vie à la cour, les petites
chiennes des parfaites

Spartak pense à Tressette, son amour
qui louche et à organiser une révolte
chez les ratés
>> p. 30 les grands martyrs des ratés
à qui il manque toujours un morceau

Spartak découvre le secret qui asservit
les ratés et qui les rend dépendants
des parfaits:
le pavot démentiel = plante hallucilogène

Spartak réussit à déclancher une révolte
en utilisant les plantes hallucilogènes,
mais la révolution dégénère et ce sera
de toute façon raté pour les ratés,
car la moralité c'est qu'on ne peut pas
se révolter contre l'autorité absolue:
l'argent
>> p. 60 Trust le grand propriétaire
qui contrôle tout

de plus les ratés seront toujours
plus ou moins drogués et le principal,
c'est que l'ordre règne


>> à nouveau une terrible satire de
la société dans un univers de beauté
et de laideur représentée en pièce
théâtrale par Buzzelli qui y dévoile
aussi ses peurs et ses cauchemars,
le scénario est assez intéressant, mais
c'est surtout un bon graphisme
avec des aquarelles de bonne fracture


Information
esthétique dans sa forme, cette œuvre
l’est également par son sujet, puisqu’elle
raconte l’affrontement de la laideur
et de la beauté,
tout autant que ses personnages, Buzzelli
est fasciné par le beau, mais la découverte
du monde des parfaits ne fait que révéler
leur vacuité et leur petitesse,
la sympathie de l’auteur se tourne
ainsi vers les ratés dont les imperfections
semblent plus humaines,
il aime par ailleurs créer des créatures
monstrueuses et même si cette tendance
est encore peu marquée dans l'oeuvre
on découvre de petites chiennes
humanoïdes et gracieuses ou un grand
martyr aux yeux crevés et à l’allure
prophétique,

cette tendance deviendra plus
spectaculaire dans sa production ultérieure,
mais elle n’est jamais gratuite,
cette fascination pour les monstres
s’accompagne toujours d’une description
de leur humanité et cet effet visuel
semble correspondre à une recherche
sur l’âme humaine,
ces monstres ont aussi leurs qualités,
et pourrait-on dire leur beauté,
Buzzelli avoue (dans l’interview de Phénix)
son admiration sans borne pour l’esthétique
de Goya, mais en découvrant ce monde de
créatures grotesques et tragiques ainsi que
ce mélange de férocité, d’humour et de romantisme

la fable politique est évidente, et on peut
se rappeler que l’œuvre a été conçue à
une époque où la pensée dominante était
révolutionnaire (les années 60 = les années Mao)
toujours dans son interview à Phénix,
Buzzelli avoue son intérêt pour la politique
et on perçoit d’emblée son obédience
aux idées de gauche, il est sensible
au sort des classes populaires,

même si la révolte des ratés semble
délivrer un message réactionnaire,
l’auteur décrit avec un mélange de
férocité et de tendresse la vie
frustrante des ratés avec leurs peines,
leurs querelles, leurs mérites non
reconnus et leur recherche désespérée du beau,

le déroulement de la révolution est présenté
de façon négative, le message politique est
ambigu, et plutôt qu’un militant politique,
Buzzelli semble être un esthète pessimiste
et un moraliste,
bien sûr, à une époque où la chirurgie esthétique
était rudimentaire, l’objectif des ratés
(l’obtention de la beauté) relève de l’illusion,
mais ce qui conditionne l’échec de la révolte,
c’est surtout le fait que le pouvoir de la reine
relève de l’apparence, une fois proclamé roi,
Spartak découvre la force du pouvoir
économique et scientifique qui règne dans l’ombre
et constate qu’une révolte populaire ne peut
pas renverser cela



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