souvenirs d'un jeune homme

série: Société
dessinateur / scénariste: Lauzier Gérard
éditeur: Dargaud EO 1983
genre: Humour Noir
classement: biblio208
date: 1983
format: cartonné
état: TBE
valeur: 6 €
critère: **
remarques: le journal intime de Michel Choupon,
le vilain petit canard de la famille
Choupon qui vient d'avoir 18 ans
et qui se croit repoussé et incompris
par sa famille,
en plus d'être un refoulé social

conflit des générations avec en prime
la lutte des classes entre prolétaire
et bourgeois ainsi que l'incommunicabilité
entre les personnages

d'abord Michel rencontre un pauvre vieux ,
mais raciste et saligaud qu'il prend pour
un déchet de la société, qui lui fait faire
connaissance avec la belle mais farouche
Salima dont Choupon tombe amoureux
et qu'il veut ré-intégrer dans
une société plus juste,
mais Choupon n'est pas à la hauteur
>> p. 12 faites ce que je dis, mais
pas ce que je fais
>> p. 13 Choupon qui hait tout le monde
avec son plaisir non contenu

déboires avec Salima et réconfort de Choupon
avec son ami-psychologue René dans sa famille
de communautaires-artistes gauchistes,
toutefois ce ne sera pas encore le vrai monde
pour Choupon qui n'a pas encore trouvé
son équilibre
>> p. 23 Michel Choupon sème à nouveau
la zizanie chez ses parents
(un père autoritaire bourgeois, une mère
soumise trop attentionnée,
un frère exemplaire, etc)
>> p. 25 le journal intime de Choupon,
orthographiquement à approfondir

histoire et origine de Salima, la sauvageonne,
que Choupon le révolté timide révolutionnaire
intellectuel n'est pas en mesure de satisfaire,
rencontre avec le mec de Salima
qui traite Choupon de couille molle
>> p. 33 le petit cul érotique de Salima
>> p. 40 le rêve = le refuge des lâches
>> p. 44 tentative de fraternisation
entre père et fils, tentatives aussi
de séduction par le père au fils,
Choupon fils reste de marbre

tentative de suicide manquée par Choupon fils
>> p. 51 le cynisme pointu de Lauzier
sur Choupon (c'est plutôt ses parents
qui devraient appeler au secours
avec un fils pareil) et la confession de René,
l'ami pédé de Choupon qui lui avoue
qu'il est amoureux de lui

finalement Choupon trouvera l'équilibre
avec son pendant intellectuel:
la grosse Rolande, soeur de René


>> étude-critique psychologique de personnages,
relations familiales (père et fils) et
relations sociales d'un adolescent révolté,
autopsiées affreusement, mais de façon
réaliste quoique un peu exagéré dans
lequel et l'auteur et le lecteur
pourrait parfois se reconnaître

comme d'habitude un très bon scénario,
le graphisme n'étant pas de la plus
grande importance, mais montrant parfois
par l'expression des visages
les sentiments refoulés des personnages;
le conflit des générations poussé
peut'être à l'extrême,
l'album n'est dédié à aucune personne cette fois,
peut'être à Lauzier lui-même?

annexes
- couverture et extraits de l'album
- couverture de l'album portrait de l'artiste (1992)
soit paru 9 ans plus tard, mais non collectionné ici

Information
cette bande dessinée, parue en 1982
dans les Pilote mensuel no 100 à 104,
est présentée comme un événement
(Lauzier revient),

C'est le dernier récit long en BD
de Lauzier avant 1992, qui se consacre
alors au cinéma, il adaptera d'ailleurs
ce livre en 1984 sous le titre de P'tit Con
avec Bernard Brieux dans le rôle principal

il y crée le personnage de Michel Choupon,
caricature acerbe des milieux de gauche et
de la génération post-mitterrandienne,
il le réemploiera dix ans après
dans "portrait de l'artiste",
sa dernière bande dessinée et premier long récit
depuis les souvenirs d'un jeune homme,
le personnage y a vieilli d'autant d'années
et se confronte aux mêmes interrogations,
sur la couverture le personnage vieilli
se dit "j'ai 28 ans, déjà"
et qu'ai-je fait de ma vie? rien"
contre "j'ai 18 ans, déjà" sur la couverture
des souvenirs d'un jeune homme

ce retour dans la bande dessinée
de Lauzier sera récompensé par
un grand prix de la ville d'Angoulême en 1993

Michel Choupon, 18 ans, veut faire
quelque chose de sa vie, persuadé
d'être un marginal à l'esprit puissant,
il se plaît à se poser en porte-à-faux
de sa famille petite-bourgeoise,
idéalisant l'esprit de Mai 68, il est
bardé d'idéaux et de préjugés
envers les classes populaires
qu'il veut élever vers la culture,

un soir, il rencontre Salima et s'en entiche,
l'accueille chez lui et tente de la séduire,
allant d'échecs en échecs, avançant dans
la détestation de lui-même et
le rejet de sa famille,
il décide de faire quelque chose de sa vie

difficile de prendre au premier degré
les critiques de la société bourgeoise
que porte Michel Choupon, l'auteur
étant connu pour ses positions libérales,
il déclara même au magazine littéraire en 1980:
"je suis un fanatique du capitalisme",
les souvenirs d'un jeune homme sont donc
bien à prendre comme une critique cynique
de la rébellion contre l'autorité,
raillant la fausse ouverture d'esprit
d'intellectuels de gauche,
ici caricaturés à l'extrême

ainsi, la volonté de démocratiser la culture,
chère à Jack Lang, est durement raillée,
les personnages principaux souhaitent
créer des revues de quartier, amener
la grande culture dans la banlieue,
Michel s'enthousiasme à l'idée de "cultiver"
Salima qui souhaite être comédienne, en lui
faisant découvrir le grand cinéma,
mais quand il lui parle de Bergman,
elle répond: moi j'aime Belmondo et Delon,
la plupart du temps, sous leurs grands idéaux,
les personnages ne sont qu'engoncés
dans leur mépris

construit autour d'un conflit intergénérationnel,
le livre est le témoin d'une révolte ratée
se terminant par un mariage et par le retour
à une sorte de schéma classique petit-bourgeois,
Michel devient certes artiste mais se marie
et est obligé d'avoir un emploi à mi-temps
au bureau de poste de Fos-sur-Mer
critiquant l'Etat qui ne soutient pas
assez ses artistes


couvertures:
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