série: | Erotisme Pichard |
dessinateur / scénariste: | Pichard Georges |
éditeur: | Glénat EO 2013 |
genre: | Erotisme |
classement: | biblio311 |
date: | 2013 |
format: | cartonné |
état: | TBE/N |
valeur: | 30 € |
critère: | 0 |
remarques: | album cartonné, couleur et N&B, 128 pages 1/préface: le Sade de la BD by Dominique Radrizzani - la citation de l'abbé Baudrand (XVIIIème siècle): "c'est une maxime fondamentale de la morale chrétienne que le péché ne peut être expié que par la pénitence, le corps ayant contribué au péché, le corps doit donc être puni ayant été le complice du crime" - au moment où vers la fin du XVIIIème siècle, l'abbé Baudrand confond ce "complice du corps", Sade imagine une société des amis du crime dont "l'histoire de Juliette" ou "les prospérités du vice" (1797) fixera les statuts - c'est chez les Jésuites que l'âme bien noire de Pichard fait son marché, c'est aussi chez les Jésuites que Sade a été élevé de 10 à 14 ans dans le prestigieux collège Louis-le-Grand à Paris et pour la mieux combattre, il empruntera à la religion ses propres armes, Pichard adoptant lui les dispositifs et vocabulaire formels de la morale chrétienne - la fin de l'album (page 109 à 128) comprend une partie de l'oeuvre "la vie des saintes" à laquelle Pichard s'était attelé, inspiré de "la légende dorée" de Jacques de Voragine, un texte du XIIIème siècle qui raconte la vie et le supplice des martyrs chrétiens (toutefois ces 20 pages sont incomplètes ne mentionnant pas plusieurs illustrations inédites de Pichard dont quelques unes sont présentées dans "l'oeuvre érotique de Pichard" par Michel Bourgeois) 2/ la perfection chrétienne - nombreuses illustrations de supplices et de tortures (mais ne représentant rien de très nouveau par rapport à la série des Marie-Gabrielle) et qui sont mêmes répétitives, le tout agrémenté de recueils, sermons, devoirs, instructions, prières, pratiques, conseils, manuels, pensées, invitations, réflexions, abrégés, cantiques, lettres, etc concernant le thème de la perfection chrétienne, la plupart datés du XIXème siècle dont parmi d'autres: - sur la loi chrétienne (1810) - vie de Thérèse d'Avila (1870) - retraite pour dames (1684) - devoir des chrétiens - le livre de piété de la jeune fille (1895) - l'esprit et la vie de sacrifice dans l'état religieux (1875) - invitations de la sainte vierge (1843) - réflexions sur la miséricorde de Dieu (1680) - manuel de la dévotion au divin coeur de Jésus (1840) - la femme raisonnable et chrétienne (1900) - la vie de la duchesse de Lavallière et de Pérette-Marie de Combes des Morelles (1853) - l'âme embrasée de l'amour divin par son union aux sacrés coeurs de Jésus et Marie (par l'abbé Baudrand 1824) >>> une sacré étude monumentale effectuée par Pichard sur ce sujet mais qui ne devrait guère intéresser le lecteur - et les illustrations de Pichard sur ce sujet ne réflètent plus la même vigueur des albums précédents sur Marie-Gabrielle, toutefois quelques planches à noter: - p. 9 la loi chrétienne - p. 38 combien de fois Dieu a-t-il puni exemplairement des fautes que nous regardons comme légères? a) la femme de Loth pour un regard curieux et furtif b) Moïse, l'ami de dieu, pour une légère défiance, est exclu de la Terre Promise c) 42 enfants punis de mort pour une raillerie contre un prophète (d'après Isidore Mullois, pensées sur la religion, 1854) - p. 45 prières dédiées aux enfants de Marie (probablement la plus belle planche de l'album) - p. 48 parmi la table des lois, Dieu fait un traitement d'honneur à l'adultère (et à la fornication) qu'il place ici avant l'homicide en tête de la loi (selon Tertullien, de paenitentia, de pudicitia) - p. 54 à noter: la croix et la faucille dans le même blason - p. 56/57 le Purgatoire - p. 63 les péchés de langue - p. 69 souvenir de ses péchés par la duchesse de Lavallière et de Pérette-Marie de Combes des Morelles (1853) - p. 79 de la laideur du péché d'adultère - dès la page 97, l'oeuvre de Pichard reste inachevée et ne comporte plus que des croquis pré-dessinés en noir&blanc - dès la page 109, l'album présente une partie incomplète des illustrations préparées ultérieurement par Pichard pour son récit de la vie des saintes dont celles ici de: - sainte Julitte (écorchée vive), sainte Thaïs (emmurée vivante), sainte Colombe (empalée), sainte Maxence (étouffée), sainte Elisabeth de Hongrie, sainte Crispine (brûlée vive), sainte Christine, sainte Pélagie, sainte Afre, sainte Philomène (décapitée) >> manque sainte Agathe (aux seins émasculés) et celle de sainte Luce (enduite de poix et résine et allumée comme une torche vivante), sainte Potaménie (ébouillantée) et il manque surtout la planche très érotique de sainte Léocadie fouettée (voir l'oeuvre érotique de Pichard par Bourgeois) >>> un album plutôt décevant, sado-humoristico et surtout toujours très anti-religieux et anti-cléricalisme - certes, l'étude de Pichard sur les nombreux thèmes, réflexions, prières, etc concernant la religion (perfection) chrétienne est peut'être remarquable, mais ne devrait toujours guère intéresser le lecteur - quant au graphisme (péché, pénitence, expiation, tortures et autres supplices qui sont ajoutés en images aux textes), il ne peut se comparer aux précédents albums sur Marie-Gabrielle (sauf peut'être en p. 45 la planche la plus érotique de l'album), tandis que l'appendice sur la vie des saintes et martyres a été ajouté probablement à titre commercial et n'est de toute façon pas même complet (voir mention plus haut) - bref Glénat aurait pu s'épargner la peine (sauf pour le profit) d'éditer cet album sans grand intérêt et qui ne représente surtout pas la perfection pour Pichard annexes - couverture de l'album - supplice expiatoire - supplice de sainte Léocadie commentaire complémentaire - un ouvrage inédit, inachevé et sacrément provocateur de maître Pichard, grand dessinateur et talentueux pornographe, disciple du divin Marquis de Sade, - les éditions Glénat sont très fières (?) de pouvoir offrir à ses assidus lecteurs un livre complètement inédit de l'auteur de Marie-Gabrielle de Saint-Eutrope, - il est constitué de plus de 120 pages jamais montrées et secrètement préservées des regards jusqu'à aujourd'hui, Pichard y transgresse à nouveau l'imagerie religieuse en y proposant une sorte de bréviaire des saintes de la chrétienté et en y accentuant les scènes de torture (d'ailleurs pas toujours de très bon goût) - l'écart entre douleur et plaisir se fait ténu, tout comme celui entre fascination et dégoût, une oeuvre marquante dont certaines pages, uniquement crayonnées, donneront à voir les coulisses d'un grand auteur - un travail graphique quelque peu comparable à celui de Jacques Tardi ou de Robert Crumb |
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