BD-Basiliensis

cahier CBD no 30

série:	Blake et Mortimer Etude
dessinateur / scénariste:	Jacobs Edgar-Pierre
éditeur:	Glénat EO 1976
genre:	Etude
classement:	biblioi1
date:	1976
format:	broché
état:	TBE
valeur:	15 €
critère:	**
remarques:	cahier CBD Schtroumpf no 30 Edgar-Pierre Jacobs 1/ entretiens avec E.-P. Jacobs by Francois Rivière - Jacobs, un puritain de la bande dessinée et l'entretien le plus consistant de tous les cahiers CBD - l'artiste scientifiste de la BD (pas de space-opera sauf pour le rayon U), mais aux scénarios (surtout aux idées) étonnantes et au graphisme somptueux (costume, décor, documentation, trait clair avec un coloriage signé Jacobs) - Blake, Mortimer et Olrik en sont les acteurs-types Jacobs a toujours été fasciné par les spectacles et par le mythe du Faust par Goethe, passe la plupart de son jeune temps à écouter de l'opéra avec son ami Jacques van Melkebeke, se met à la bande dessinée suite à l'éclatement de la 2ème guerre mondiale, travaille pour le journal "Bravo" d'abord pour plagier Flash Gordon puis création du rayon U (dérivé de Flash Gordon pour éviter la censure allemande durant la guerre) - par la suite, collabore avec Hergé surtout pour le coloriage des albums Tintin et s'engage au journal Tintin le 20.9.1946, Jacobs arrêtera sa collaboration avec Hergé le 31.1.1947 pour se consacrer entièrement à sa série Blake et Mortimer - personnage marquant dans la série Blake et Mortimer: le cheikh Abdel Razek dans le mystère de la grande pyramide, restant pour Jacobs son plus grand chef-d'oeuvre - parution inédite dans journal Tintin de la guerre des mondes de H.G. Wells, 25 planches, de 1946 à 1947 et d'une histoire des frères de la côte (1946) 2/ dissertation sur les oeuvres de Jacobs a) le secret de l'espadon ou la 3ème guerre mondiale by A. Populaire n.b. le tome 2 du secret de l'espadon fut l'objet d'un tout premier tirage de tête dans l'histoire de la bande dessinée - Basam Damdu = le nouvel Hitler avec camps de concentration et mouvements de résistance contre l'oppresseur - la base secrète de l'espadon = sorte de Gibraltar en Orient - récits contenant quelques traces de racisme (les jaunes), mais sans une seule figure féminine dans les 144 planches du récit, apparition des 3 principaux personnages de la saga >> p. 22 rarement autant d'actions diverses tant par leur rythme que par leur nature ne seront trouvés réunies en une bande dessinée avec nombre de symboles, représentations oniriques ou innovations technologiques b) la pyramide du grand mystère by François Rivière, l'immortel chef-d'oeuvre de Jacobs - le fameux Mena House hotel qui figure dans maintes oeuvres littéraires avec le protagoniste primordial: le cheikh Abdel Razek et son "par Horus demeure" ainsi que l'apparition de Nasir comme second personnage qui remplit son rôle à merveille - dans ce récit, Jacobs ressuscite l'histoire des pharaons et nous plonge dans l'égyptologie avec notamment le musée égyptien du Caire et bien sûr l'intérieur de la grande pyramide comme décrit par le fameux papyrus de Manéthon à noter: l'horaire précis de l'autobus Giza - Le Caire (n.b. récit un peu didactique selon certains critiques) c) la marque jaune par François Rivière - dans le récit duquel deux vedettes se détachent: la marque jaune et la cité de Londres (dont Piccadilly Circus, Park Lane, Tavistock Square, etc) que Jacobs, authentique poète du mystère et du fantastique, a bien voulu exprimer dans un graphisme dramatique (n.b. récit quelque peu morbide selon certains critiques) d) du rayon U à l'énigme de l'Atlantide by P. Fresnault-Desruelle - les deux oeuvres peut'être emblématiques et où la "mythographie" de l'auteur y brille de tout son éclat avec un répertoire de formes précolombiennes (maya, tolteco-aztèque, inca-nazca) - le tout représenté par le microcosme utopique de l'Atlantide et la perfection de la vie souterraine e) S.O.S. météores ou les mésaventures d'Olrik by Olivier-Martial Thieffin - vaste machination pour détraquer le temps et où Olrik développe le mieux ses activités manichéennes, mais il finira pour cette fois derrière les barreaux bien qu'il ne tardera pas à s'évader - apparition de nouveaux personnages tel le professeur Labrousse, le professeur Miloch et l'inspecteur Pradier (Jean Gabin) qui prendra plus de consistance que les inspecteurs Kendall et Kamal f/ hommage à Jacobs par Hergé - qui donnera par la même occasion ses impressions sur la bande dessinée à noter: la méticulosité de Jacobs dans son travail, il fut même surnommé "le dessinateur de la voix" (dixit Hergé) + présentation inédite en N&B de la "guerre des mondes" d'après l'oeuvre de H.G. Wells, parus en 25 planches dans le journal Tintin (1946-1947) >> p. 61 la signature de E.-P. Jacobs g) à propos du piège diabolique by Daniel Riche - les voyages dans le temps: du présent dans le passé (le diable à la barbe de feu) et du passé dans le futur (le Mortimer du XXème siècle, mais avec certaines déformations tel celle que ce serait Mortimer qui aurait inventé le télécéphaloscope), un récit intéressant, mais pas vraiment original où Olrik est complètement absent h) l'affaire du collier by Numa Sadoul - une période faible dans les oeuvres de Jacobs, récit privé de l'élément fantastique - reprend au début quelque peu le style Graton avec un texte qui relève parfois du naïf superlatif (tel que "oh l'impudente canaille") - le graphisme s'améliore vers la fin du récit et un Jacobs qui s'abandonne à son obsession du souterrain (catacombes, égoûts, etc), un vrai festival de la cavernophilie ij) ufo, robots, no, Sato by Stephane Bielikoff - les 3 formules du prof. Sato = 8ème volet de la saga Blake et Mortimer, récit paru dans journal Tintin du 7.10.1971 au 1.6.1972 - épisode prèvu en 2 tomes, le tome 1 paraissant 6 ans après l'affaire du collier (1965), la deuxième partie du récit n'est pas encore publiée en 1976 et ne le sera qu'en 1990, retour de Jacobs au merveilleux scientifique 3/ les personnages les plus marquant de la série by F. Rivière et S. Bielikoff (un who's who des plus intéressant): - Philip-Edgar-Angus Mortimer, né à Simla aux Indes, son père est médecin militaire dans l'armée des Indes, sa mère, lady Helen, est originaire du comté de Perth (>> sur les origines de Mortimer, voir aussi les 2 albums "les sarcophages du 6ème continent" 2003/2004), cette ascendance écossaise explique le caractère romantique, chevaleresque et le sang bouillant du personnage - comme Rudyard Kipling, Philip Mortimer rentre en Europe à l'âge de 12 ans, études scientifiques poussées, séjours aux USA, Mortimer cotoie les sommités en matière d'études biologiques, inventeur du célèbre prototype espadon SX1 qui délivrera les hommes du terrible péril jaune au cours de la 3ème guerre mondiale - esprit essentiellement porté à la rêverie d'où son rôle d' "inventeur", ce moderne et sympathique docteur Faust se complait dans l'aventure comme un poisson dans l'eau - le rêve, en sa logique essentielle, lie toujours au respect de l'individu et de l'ordre; l'atavisme, cette vieille idole, exige encore qu'on sacrifie sur son autel les irrépressibles fantasmes du mystère et de l'aventure - c'est Olrik qui catalyse au plus haut degré le désir obscur du créateur de voir mis en péril l'ordre sacro-saint du récit et du monde, les démiurges (créateurs) ont de ces scrupules... - sir Francis Percy Blake, né au pays de Galles, études à Eton, fils de colonel dans l'armée des Indes et neveu d'un juge de paix, incarnation même du sérieux, de l'ordre et de la rigueur - Francis Blake sera plus tard ennobli pour ses hauts faits au service de Sa gracieuse Majesté), figure aussi aux côtés de son impétueux compagnon d'aventures, ce "rôle du père" qu'Edgar Jacobs associe toujours à celui de la force suprême, père complice, par opposition à la paternité héraldique du Basileus (énigme de l'Atlantide) ou à celle policière de Kendall, Kamal ou Pradier - l'amitié virile qui lie les deux "bachelors" doit beaucoup à celle qui se retrouve au fil des récits de Kipling et de Conan Doyle - l'attitude typique du capitaine Blake est en tous points digne de ce comportement qui, dans les contes orientaux de l'auteur de Kim, recouvre l'exaltation la plus vive d'un sentiment d'understatement poussé à l'extrême peu de héros de bandes dessinées possèdent comme Francis Blake le génie de la froideur et de la contenance - l'épisode célèbre qui constitue la grande énigme égyptienne à la charnière des deux albums du mystère de la grande pyramide illustre à merveille cette tentative rare du personnage qui n'hésite pas à laisser croire à sa mort pour mieux agir, l'impétueux Mortimer n'en revient pas - Olrik, nom de théâtre, héraut du désordre, prince du mal, homme de main des grands usurpateurs et des ennemis de l'ordre, gangster notoire, trafiquant, incarnation du mystère, épigone (= imitateur) parfois saisissant d'Arsène Lupin dont il partage la fascination pour le travestissement et le luxe - son physique n'est pas sans évoquer celui de son créateur, Edgar Jacobs - masque dédaigneux, "colonel" pour la galerie, comme pour porter la dérision sur ses ennemis que sont pour lui les militaires et les policiers, les vrais gardiens de la sécurité du monde - curieusement, Olrik subit tous les outrages: dans le secret de l'espadon avec ses maîtres, à l'issue de la grande pyramide, puis tout au long de la marque jaune, il supporte l'infâmie d'une condition de paria et de cobaye (Guinea-Pig) avant de retrouver son statut d'homme de toutes mains - le désordre et la débauche en tous genre sont sa quotidienneté; Sharkey, Razul le Bezendjas et tant d'autres sous-fifres sont là pour servir ses instincts crapuleux, - ce traître court sans cesse à sa perte, mais renait de ses cendres, tel l'oiseau de mauvaise augure, Edgar Jacobs, fasciné par ce fantasme incarné, se plie (et le plie) aux détours magiques de ses intrigues, faisant de lui l'ange déchu de la grande épopée manichéenne qui apparait en filigrane de l'oeuvre (dans le récit) - Olrik, être à l'impitoyable destin, continue de tenir tête aux deux défenseurs de l'ordre historique et scientifique, mais sans eux, que serait-il? - Basam Damdu, empereur du Tibet et de "l'empire jaune", dangereux mégalomane, déclanche la 3ème guerre mondiale qui, sans l'intervention de Mortimer et de son espadon, l'aurait amené à gouverner le monde - Basileus, empereur de l'Atlantide - Benson (mistress), logeuse du capitaine Blake et de Mortimer à 99, Park Lane - Ben Zaïm Abdul, assistant d'Ahmed Rassim Bey, traître au service d'Olrik - Brisson Ernest, chauffeur de taxi envoyé par le prof. Labrousse pour chercher Mortimer à la gare de Versailles - Dick, chauffeur de taxi à Londres, possesseur de l'exemplaire "the mega wave", oublié par Mortimer alors qu'il poursuivait la marque jaune - Duranton-Claret, joaillier mondain à qui est "dérobé" le collier de Marie-Antoinette; en fait il joue double jeu et essaie d'escroquer à la fois les assurances et Olrik - Focas docteur, chef du mouvement mondial de libération (en 5061), il se verra la victime humiliée d'un terrible lavage de cerveau, mais réussira à faire triompher sa cause grâce à l'aide de Mortimer - Georgevitch professeur Miloch, savant fou, trouve le moyen de "fabriquer" le temps à volonté et met son génie au service du Général; contaminé par de terribles radiations, il aura le temps de mettre au point, dans le seul but de se venger de Mortimer, un engin fabuleux: le chronoscaphe, machine à remonter le temps - Gray sir William, amiral gouverneur de la base de l'espadon, sosie de sir Winston Churchill - Grossgrabenstein Herr Doktor, égyptologue excentrique, Olrik lui empruntera son identité pour tromper Mortimer, il est intéressant de noter que c'est le seul personnage humoristique chez Jacobs - Icare prince, prince atlante et neveu du Basileus, il réussit avec l'aide de Blake et Mortimer à déjouer le complot ourdi par Magon - Kamal commissaire égyptien chargé de l'enquête sur la bande des trafiquants d'antiquités dont Olrik est le chef, archétype du policier balourd et imperméable au fantastique - Kendall Glenn, inspecteur chef de Scotland Yard, chargé d'enquêter sur la marque jaune - Kamamura, industriel japonais à la solde d'Olrik, invite Mortimer dans son avion où il essayera de l'assassiner, sera tué par Mortimer - Kim, assistant du professeur Sato et traître au service d'Olrik; à l'instigation de celui-ci, il fabriquera un robot parfait sosie de Mortimer pour s'emparer des 3 formules - Krishma, traître au service du "sublime conseil", il tente de faire échouer la révolution, mais sera abattu par un robot de la police - Labrousse professeur, distingué météorologue et hôte de Mortimer lors du passage de ce dernier à Paris - Magon, capitaine de la garde et principal instigateur du complot visant à renverser le Basileus, il périt dans les flots qui engloutissent l'Atlantide - Nasir Ahmed, sergent au 5ème bataillon du "Makran Levy Corps", servit sous les ordres de Blake à Bela, il sauve plusieurs fois la vie de Blake et Mortimer à la fin de la guerre, il accompagne ce dernier en Egypte puis devient le serviteur de Blake à Park Lane, n'apparait plus à partir de l'énigme de l'Atlantide - Pradier, commissaire divisionnaire de la DST, travaille en collaboration avec Blake, permet l'arrestation d'Olrik dans l'affaire des météores - Razek cheikh Abdel, c'est l'initié, venu du fond des âges, détenteur de ce pouvoir suprême qui consiste à sonder les âmes et les coeurs, il est gardien du secret des pharaons et partant du mystère de la grande pyramide, c'est lui qui remettra à Mortimer le fameux talisman qui, joint à la formule rituelle "par Horus demeure" lui sauvera la vie à plusieurs reprises démiurge (déité responsable de la création de l'univers physique dans diverses cosmogonies) - au sein même de la création, il pratique l'une des "mises en abîme" les plus vertigineuses de l'histoire de la bande dessinée au fil d'un long flash-back qui retrace l'histoire de la chambre d'Horus, ce gardien du temps sème l'ambiguité et le doute, la sombre et fascinante poésie de son language fait de lui le personnage à la foi le plus énigmatique et le moins "assimilable" de l'oeuvre jacobsienne, son rôle inouï confirme sa spécificité (= caractère) - Rassim Bey Ahmed, conservateur du musée du Caire et vieil ami de Mortimer - Razul le Bezendjas, homme de la tribu des Bezendjas, espionne pour le compte des jaunes, puis est attaché au service du colonel Olrik à qui il sauvera la vie, à la fin de la guerre, il devient l'un des hommes de main d'Olrik, notamment dans le mystère de la grande pyramide - Agnès de la Roche, fille de messire Guy de la Roche, sauvée des jacques par Mortimer - Sato professeur Akira, fameux cybernéticien et chef de l'"Institute of Space and Aeronautical Science" met au point un robot capable de remplacer l'homme dans les phases les plus périlleuses de l'exploration cosmique - il condense ses travaux en trois formules dont Olrik essayera de s'emparer - Septimus docteur Jonathan, savant fou tout droit sorti des romans de Sax Rohmer, auteur d'un livre "the mega wave" publié par James Thornley, dans lequel il exprime ses idées révolutionnaires en matière de cybernétique, plus tard concrétisées en l'admirable télécéphaloscope dans les sous-sols de Tavistock Square - inventeur de la marque jaune, Olrik reconverti en monstre de science-fiction mâtiné d'homme invisible, Septimus se veut (et est) l'antithèse de Mortimer, ils en viendront aux mains dans le laboratoire aseptisé de Septimus: la haine du genre humain que manifeste ce "mad doctor" lui coûtera cher à l'issue de l'épisode qui le met en scène et dont on peut considérer à juste titre qu'il est le véritable héros, il sera détruit par sa propre invention... comme l'humanité était sauvée par l'invention de Mortimer - Sharkey, fidèle second du colonel Olrik Bibliographie - dans journal Tintin belge, 1946 à 1965, huit récits sur Blake et Mortimer - dans journal Tintin français, 1949 à 1971, huit récits aussi, mais le secret de l'espadon ne commencera qu'à la planche 99 n.b. Jacobs restera toujours fidèle au journal Tintin - dans journal Bravo, 1942 à 1944 avec Gordon l'Intrépide et le rayon U - quelques histoires complètes et feuilletons (dont entre autres): - la guerre des mondes 1946-1947 - l'histoire des frères de la côte 1946 - le trésor de Tout-Ankh-Amon 1964 discographie secret de l'espadon, mystère de la grande payramide, la marque jaune, SOS météores et le piège diabolique livres d'étude - E.-P. Jacobs, 30 ans de bande dessinée (1973) >> un bon cahier de la bande dessinée, bien documenté (notamment sur les personnages de la saga) avec d'intéressantes illustrations dont la guerre des mondes et avec une superbe couverture de cahier + en supplément en fin de cahier: une critique remarquable sur les mystères de Tardi (les premiers albums d'Adèle Blanc-Sec) annexes - 1er et 4ème plat du cahier - illustration de Jacobs pour la guerre des mondes
couvertures: