série: | Tintin, albums EO |
dessinateur / scénariste: | Hergé |
éditeur: | Casterman EO 1960 |
genre: | Aventure |
classement: | biblio1 |
date: | 1960 |
format: | cartonné |
état: | TBE |
valeur: | 300 € |
critère: | *** |
remarques: | première édition couleur, B29, 1960, dos rouge, édition belge page de garde, bleu clair aux portraits 4ème plat, Tintin au Tibet, Quick et Flupke 1-2-3-4-5-6-7-8-9 prépublication de septembre 1958 à novembre 1959 dans le journal Tintin pays visités: Savoie, Indes, Népal, Tibet >> p. 1 en vacances dans les alpes savoyardes (hôtel des sommets), critique des montagnes par Haddock, les drames dans les montagnes l'accident du DC3 dans le massif du Gosaintham (Himalaya central), pseudo-mort de Tchang dans le crash >> p. 2 le rêve de Tintin sur Tchang qui l'appelle à l'aide la partie d'échec, un éternuement sonore et les "tchang" qui se succèdent (éternuements, nom d'un chien pékinois, bière forte népalaise), >> p. 3 songe = mensonge, une lettre de Hong Kong parvient à Tintin >> p. 5 un rêve prémonitoire et télépathique, Tchang doit être vivant >> p. 6 départ pour le Népal via New-Delhi n.b. par la suite Air India sera remplacé par Sari airways >> p. 7 l'épisode de la vache sacrée >> p. 8 dernière vignette: le clou de l'histoire (un genre point de chute à suspense en bas de planche, mais pas vraiment approprié) >> p. 10 le jeu avec l'élastique >> p. 12 Haddock dégustateur de piment rouge et où Haddock rencontre plus fort que lui en jurons >> p. 13 à la recherche de Tchang, le chinois hi!hi!hi!, rencontre avec le guide népalais Tharkey >> p. 15 Haddock, le roi de la marche à pied et qui fait le zouave (sic) >> p. 17 la Castafiore, même présente dans l'Himalaya >> p. 19 Milou qui s'enivre à nouveau mais qui cette fois se fait sévèrement sermonner >> p. 20 le chorten = tombe avec les cendres de grands lamas et qu'il faut passer absolument par la gauche >> p. 22 le soûper au tsempa (farine d'orge grillé avec thé et beurre) le cri du yéti = l'abominable homme des neiges >> p. 23 le yéti aime l'alcool qui le rend dangereux le "tchang" = bière forte népalaise >> p. 25 les traces du yéti, traces d'un yéti bien alcoolisé et le plus gros juron d'Haddock: MRKRPXZKRMTFRZ >> p. 27 les coolies abandonnent l'expédition, >> p. 28 arrivée à l'épave de l'avion cassé >> p. 30 découverte de la grotte et du message de Tchang >> p. 31 Tintin perdu dans la tempête de neige, >> p. 33 l'ombre dans la nuit, Tintin chute dans une crevasse le yéti = espèce de loup-garou à la graisse de renoncule dixit Haddock >> p. 36 découverte de l'écharpe jaune de Tchang sur la montagne >> p. 37 Haddock aperçoit le yéti pour la première fois n.b. l'épisode avec le réchaud est modifié par rapport à la prépublication >> p. 38 vive le cognac qui redonne du courage à Haddock >> p. 39 Haddock et les joies de l'alpinisme, sauvés par Tharkey revenu sur ses traces >> p. 42 et à nouveau le yéti est traité de zouave (sic) >> p. 43 l'avalanche qui engloutit nos amis alors qu'ils allaient atteindre une lamasserie où ils seront recueillis >> p. 44 la vision de Foudre Bénie, Milou en danger >> p. 48 le monastère de Khor-Biyong >> p. 49 présentation du Grand Précieux (ou grand bazar, grand sachem, grand vizir, grand mogol et grand mufti selon Haddock) >> p. 50 Tchang est-il définitivement mort? >> p. 51 Foudre Bénie voit Tchang dans une nouvelle vision le migou = le yéti en népalais, le koucho = l'étranger >> p. 52 en route pour le Charahbang (montagne du museau de yak) >> p. 53 le salut tibétain: tirer la langue, réponse pied-de-nez par Haddock >> p. 55 le repaire du yéti, découverte de Tchang >> p. 57 rencontre avec le yéti (jolies vignettes) >> p. 58/59 l'histoire de l'épopée de Tchang >> p. 60 l'affection du yéti pour Tchang, le chagrin du yéti >> p. 61 retrouvailles avec le Grand Précieux et ses sujets Tintin est qualifié de coeur pur et Haddock de tonnerre grondant >> p. 62 le yéti, animal ou semi-humain? et à nouveau le dernier juron d'Haddock: "encore cette espèce de zouave" (juron décidément très populaire pour Haddock/Hergé) >> une aventure mystique, première histoire personnelle d'Hergé suite à une grave dépression, la fascination de l'Orient et des phénomènes paranormaux (exorcisme, onirisme, lévitation, religion, etc) - les cauchemars d'Hergé, les rêves en blanc (neige = pureté), crise de conscience d'Hergé, chant de l'amitié pour Tchang - pas de lutte entre bons et méchants, aventure solo Tintin/Haddock, réapparition de Tchang-Tching-Yen, brève incursion de Tournesol, absence des Dupond(t) annexes - 1er et 4ème plat de l'album - cinq cases mémorables nota bene petit résumé des arts : 1er art = l’architecture, 2ème art = sculpture, 3ème art = peinture, 4ème art = musique, 5ème art = poésie, 6ème art = danse, 7ème art = cinéma, 8ème art = télévision et 9ème art = BD et le 10ème art sera peut ‘être l’art de l’ordinateur ce qui précède est officieux mais pas officiel, nuance... quant à l’histoire de l’art en particulier voilà la définition : L'histoire de l'art est une discipline ayant pour objet l'étude des œuvres dans l'histoire et du sens qu'elles peuvent prendre, elle étudie également les processus de création des artistes, la reconnaissance du phénomène artistique par un public ainsi que le contexte spirituel, culturel et social de l'art. on peut dire que Hergé fait partie des premiers créateurs du 9ème art, en tout cas c’est le premier qui a introduit (en partant de Alain St-Ogan) les bulles dans les cases et c'est aussi le créateur de la ligne claire Information Tintin au Tibet est le 20ème album de bande dessinée des aventures de Tintin, à l'époque précédant l'écriture de cet album, Hergé sollicite l’aide d’un psychanalyste, le professeur Ricklyn de Zurich, élève de Jung. Hergé traversait une crise morale assez grave, causée essentiellement par un conflit sentimental, il aimait une autre femme que son épouse avec qui la vie ne lui semblait plus possible au cours de ses entretiens avec le professeur, Hergé a raconté ses rêves qu'il faisait alors, des rêves de blanc, tout de blanc, ce qui apparaît d’ailleurs dans Tintin au Tibet, le conseil du professeur a été principalement d’arrêter temporairement le travail afin de tuer "le démon de la pureté", indication contournée par Hergé qui termina son ouvrage malgré tout, ce faisant, cet album, achevé non sans mal, constitue la meilleure des réponses à cette crise à laquelle Hergé se trouvait confronté il convoque dans ce volume le plus intime de lui-même: c’est sans doute ce qui apporte à cette histoire, cette identité, ce ton si particulier qui rend cette œuvre si réelle. le film "la neige en deuil", d'Edward Dmytryk, adapté d'un roman d'Henri Troyat et sorti sur les écrans en 1956, comporte des séquences qui ont dû marquer la mémoire d'Hergé, notamment celle qui montre l'arrivée des deux guides sur les lieux d'un accident d'avion, le paysage montagneux, les débris disséminés dans la neige, les couleurs qui baignent la scène, sont des éléments qu'on retrouve dans l'album Tchang la relation avec Tchang ne s’arrête pas à l’ouvrage de Tintin au Tibet, en effet, Hergé cherchait dans la vie réelle Tchang Tchong-Jen avec presque autant d’obstination que Tintin, Tchang Tchong-Jen et Hergé se sont rencontrés alors que ce dernier écrivait le lotus bleu, cet étudiant chinois était rentré en Chine à la fin des années trente et ils ont perdu le contact peu après, leur relation était entachée par la guerre, puis la révolution de 1949, des conflits qui étaient évidemment un obstacle aux relations entre occidentaux et chinois. en 1976, dans un restaurant, Hergé comme à son habitude, ne manqua pas dès qu’il était en relation avec des Chinois, de leur demander s’ils connaissaient un certain Tchang Tchong-Jen la réponse fut cette fois positive, Tchang vivait à Shanghaï en tant que directeur d’une académie de sculpture, les deux amis reprirent contact et à la suite d'un échange de lettres, Hergé envoya le lotus bleu en couleur et Tintin au Tibet, version officiellement interdite en Chine, c’est alors que Gérard Valet, journaliste français travaillant en Belgique, coauteur du film Moi Tintin, eut l’idée et entreprit l’organisation du retour de Tchang en Belgique, une rencontre qui à l’origine devait se produire au 50ème anniversaire de Tintin, eut finalement lieu en 1981, les retrouvailles furent chargées d’émotions, Tchang fut accueilli à la manière d’un chef d’état à l’aéroport de Zaventem - comme à son habitude, le dessinateur a effectué un travail documentaire précis et minutieux, accompagné de sa poésie et de son professionnalisme pourtant, le paysage de l’Himalaya d’un blanc si étrange et la présence du yéti, un animal qui n’existe pas, pouvaient laisser la voie libre à l’imagination de l’auteur, mais c’est bien mal connaître Hergé que d’imaginer qu’il profita de ce contexte pour ne pas se documenter, la photographie des paysages tibétains de Katmandou et de Delhi, les éléments de couleur locale qui firent l’œuvre d’étude minutieuse par Hergé, ont la capacité de convaincre ceux qui ont visité ces contrées où Hergé aurait déjà mis les pieds, cependant, la réalité est toute autre, il n’a pas quitté ses studios de l’avenue Louise, à Bruxelles accompagné d’une documentation de qualité (regards vers l’Annapurna de Maurice Herzog, Tibet secret de Fosco Maraini), et de la passion de son équipe, Hergé a pu accomplir cette œuvre, certains de ses collaborateurs, captivés par ces recherches, se sentaient même devenir bouddhistes; en ce qui concerne le yéti, Hergé ne laissa rien au hasard. il disposa de l’aide de Bernard Heuvelmans qui l’avait déjà aidé pour son ouvrage on a marché sur la lune, cet homme a en effet créé une nouvelle discipline: la cryptozoologie, ou science des animaux oubliés ou cachés il a publié deux livres à propos du Yéti: sur la piste des bêtes ignorées et l’homme de Néanderthal est toujours vivant; de plus, Hergé s’est procuré le témoignage de toutes les personnes dignes de foi qui avaient vu le yéti, notamment Maurice Herzog; ces témoignages ont permis à l’auteur de donner une description de son habitat, de son mode de vie etc.… ce qui lui permettait d’éviter les pièges de la légende informations complémentaires - en 2001, l’éditeur chinois de l’album, the China Children Publishing House, après un accord avec l’éditeur belge Casterman publie une traduction depuis l’anglais de tous les albums de la collection les formats, papiers et dessins des 10 000 exemplaires sont identiques à ceux de langue française et ne diffèrent que par les couvertures souples et plastifiées. cependant apparaît: Tintin au Tibet "chinois" l'anomalie est relevée par un journaliste belge lisant le chinois, et rendue publique lors de la présentation officielle de la version chinoise, la famille d’Hergé, informée, manifeste son opposition en menaçant de cesser toute collaboration avec l’éditeur, arguant que cette transformation du titre dénature l’œuvre, probablement à la demande des autorités chinoises, l’éditeur chinois refuse la réimpression en format d’origine et en petit format (15,5 × 21 cm) de Tintin au Tibet sous son titre initial qui disparaît donc de la collection puis Tintin au Tibet réapparait ainsi en chinois simplifié et les tirages qui comportent le titre pro-chinois sont aujourd'hui très recherchés par les collectionneurs. - dans l’édition originale de Tintin au Tibet, l’avion qui s’écrase au début de l’histoire appartenait à la compagnie Air India qui a aussitôt protesté à cause de la mauvaise publicité que cela lui faisait, l’éditeur transforma le nom de la compagnie en "Sari Airways" dans les éditions suivantes, on reconnaît donc l’édition originale de cet album au nom de la compagnie écrit dans l’article de journal qui relate le crash au début de l’histoire cependant, le nom de "Air India" reste visible sur l’avion à la fin de l’album lorsque Tchang raconte l’accident - dans la première case de la dernière page, on peut voir (en très petit) la silhouette de Foudre Bénie flotter au-dessus de la lamaserie, cette silhouette est un ajout dans l'album par rapport à la parution dans journal de Tintin - une page a été supprimée de la version finale de l’album: elle se déroule juste après que le capitaine Haddock a fait exploser son réchaud pour avoir essayé de faire de la bouillie, Tintin se précipite vers le réchaud enflammé en disant: "votre sac, capitaine! il va flamber!" puis dégage le réchaud d’un coup de pied, le feu atteint cependant un sac contenant des fusées de détresse qui s’allument, volent et explosent autour de Tintin et des autres, tentant d’y échapper tant bien que mal. - dans la première page parue en 1958 dans le journal de Tintin, la case du haut représente une vue panoramique de Vargèse, cette case a été supprimée dans l’album pour y placer le titre - le titre original choisi par Hergé pour cette histoire était le museau de la vache, titre rejeté par l’éditeur Casterman pour des raisons commerciales - le dalaï-lama, chef temporel et spirituel du gouvernement tibétain en exil, a remis le 1er juin 2006, à Bruxelles, le prix Lumière de la vérité 2006, l’un des plus prestigieux du mouvement tibétain International Campaign for Tibet (ICT), à la Fondation Hergé pour sa contribution significative à faire connaître le Tibet auprès du grand public pour de nombreux lecteurs, Tintin au Tibet a constitué une première introduction aux paysages et à la culture de ce pays publié en 1958 dans la revue Tintin (Belgique), Tintin au Tibet est sans aucun doute l’album le plus personnel d’Hergé et aussi celui où Tintin est le plus humain il faut dire qu’à l’époque, Hergé venait de se séparer de son épouse et traversait une profonde crise de conscience en particulier, tous les rêves qu’il faisait étaient en blanc - cette période de questionnement a donc profondément marqué l’album. c’est sûrement pour cette raison qu’il a souvent la place de " meilleur album" parmi les tintinophiles - par ailleurs, le travail de recherches documentaires pour cet album est encore plus marqué que d’habitude, donnant un aspect totalement réaliste à l’aventure qui apparaît comme filmée en décors naturels; publié bien après l’album Tintin au Congo (1931, dans le Petit Vingtième), Tintin au Tibet marque la profonde évolution de la vision d’Hergé sur les peuples non européens son ouverture à l’autre et à la différence s’étend même au yéti. pour reprendre les mots du philosophe Michel Serres, Hergé exprime l’opinion que "même l’innommable peut être bon" dans une certaine mesure, cet album crée une nouvelle justification à l’aventure: le voyage humanitaire - pour Laurent Deshayes et Frédéric Lenoir, le thème de l'amitié entre Tintin et Tchang, mais également entre Tchang et le yéti, renvoie à la compassion et à l’altérité "il faut dépasser la peur de la différence de l'autre pour découvrir les forces d'amour et de bonté qui résident en lui" - l'automne 1959 voit arriver la fin de la prépublication de Tintin au Tibet dans le journal Tintin, Hergé Hergé propose alors son projet d'illustration de couverture pour l'album à l'éditeur Casterman; le principe en est simple : Tintin, Milou, le capitaine Haddock et le sherpa Tharkey examinent les traces laissées dans la neige par le yéti; exceptés les personnages en couleurs et un ovale rouge dans lequel apparaît le titre de l'album écrit en noir, l'ensemble de la composition se veut d'un blanc uniforme, accentuant la majesté des lieux, immaculés, d'une pureté absolue; présentant une esthétique inédite, cette proposition ne dépassera cependant pas le stade du prototype, selon l'avis de la maison Casterman, la démarche est trop abstraite pour les enfants et donc peu idéale pour une démarche commerciale; le dessinateur, habituellement si intransigeant en la matière, acceptera de rajouter un fond de ciel bleu et un arrière-plan de montagnes alternant faces sombres et éclairées à noter qu'il n'y pas de place pour les seconds rôles; en haute montagne, on ne prend que les bagages indispensables pas question de s'encombrer de choses inutiles et dans Tintin au Tibet, c'est le même principe qui prévaut à la sélection des participants à l'expédition la grande famille de Tintin sera réduite à sa plus simple expression: le capitaine Haddock, Tchang et...Milou , on imagine mal Bianca Castafiore ou Séraphin Lampion escaladant l'Himalaya (pourtant on y retrouve indirectement la Castafiore) - avec Tintin au Tibet, la bande dessinée entre dans une nouvelle dimension: spiritualité et bande dessinée, si le mouvement, l'aventure et l'action gardent tout leur sens dans ce vingtième épisode de la série, on y décèle également bien d'autres éléments influencés de manière directe par l'évolution personnelle du dessinateur et l'orientation prise par ses lectures dans les années soixante; avec l'âge mûr, Hergé lit des ouvrages à dimension philosophique avec un détour vers la psychologie et la psychanalyse, démarche qui le conduira sur les chemins du taoïsme, du zen et du bouddhisme |
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