série: | Tintin, albums EO |
dessinateur / scénariste: | Hergé |
éditeur: | Casterman EO 1963 |
genre: | Aventure |
classement: | biblio1 |
date: | 1963 |
format: | cartonné |
état: | TBE |
valeur: | 250 € |
critère: | *** |
remarques: | première édition couleur, B34, dos jaune, édition belge page de garde, bleu clair aux portraits 4ème plat, les bijoux de la Castafiore Quick et Flupke 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10 prépublication dans journal Tintin de juillet 1961 à septembre 1962, publié en album en 1963 histoire se déroulant complètement en huit-clos dans et autour du château de Moulinsart >> p. 1 le camp des romanichels et dans la 1ère vignette, on voit déjà la fameuse pie voleuse + la mention de zouave par Haddock >> p. 2 Miarka, la petite bohémienne égarée, la diseuse de bonne aventure qui lit dans les mains d'un Haddock plutôt sceptique, la bonté d'Haddock qui propose d'héberger les romanichels dans le parc de Moulinsart Matéo le romanichel, Haddock le gadjo (= étranger) >> p. 5 la dalle cassée à être remplacée par le marbrier Isodore Boullu, l'annonce de l'arrivée de la Castafiore (avec c comme catastrophe, cataclysme, calamité) >> p. 6 Milou et le chat sont toujours encore bien réconciliés >> p. 8 l'entorse d'Haddock, arrivée de la Castafiore avec Irma, la camériste et Igor Wagner, l'accompagnateur-pianiste >> p. 9 le cadeau pour Haddock: Coco le perroquet et pour Tintin un disque "l'air des bijoux de Faust" selon l'opéra de Gounod >> p. 10 première alerte pour les bijoux de la Castafiore >> p. 12 l'arrivée des romanichels et la visite des journalistes >> p. 16 après le perroquet, mention d'un 2ème oiseau: un pivert >> p. 17 première visite aussi de Séraphin Lampion qui veut assurer les bijoux, c'est plus fort que midable dixit Lampion, il est appelé lanterne et lampiste par la Castafiore >> p. 18 livraison du piano, l'interview de Paris-Flash >> p. 20 le fauteuil roulant pour Haddock Tournesol s'occupe d'élever des roses et création d'une nouvelle sorte de rose: la rose blanche qu'il veut nommer "bianca castafiore" >> p. 22 le papier sensass que pourrait publier Paris-Flash par Jean-Loup de la Batelière et Walter Rizotto n.b. hommage au journaliste de la Batelière, féru de BD? >> p. 24 Haddock piqué au nez par une guêpe cachée dans une rose >> p. 26 Haddock mieux coiffé et avec cravatte sous l'impulsion de la Castafiore >> p. 27 projet de mariage Haddock/Castafiore comme publié par Paris-Flash, les télégrammes de félicitation, l'hommage de la fanfare "harmonie" de Moulinsart >> p. 30 reportage télévisé à Moulinsart pour la Castafiore >> p. 36 le pseudo-vol des bijoux >> p. 37 les Dupond(t) enquêtent après une arrivée fracassante en 2 CV et Nestor est soupçonné >> p. 39 les bougies, respectivement les bijoux, sont retrouvées >> p. 40 Tintin mélancholique >> p. 41 reportage sur la diva et le pappagallo par le journal Tempo di Roma, ce qui n'est pas apprécié par la Castafiore, apparition d'un quatrième oiseau: une chouette >> p. 42 colère de la Castafiore qui fait des reproches à Haddock, Séraphin Lampion éconduit manu militari par la Castafiore, on ne le reverra plus >> p. 44 le vol de l'émeraude >> p. 48 Tournesol invente la télévision en couleur (le supercolor-tryphonar), mais il y a encore du "shimmy" sur l'écran ce qui cause des troubles de la vue chez les spectateurs >> p. 50 le mystérieux Igor Wagner et ses gammes (qui quitte le château avec une échelle pour aller faire des paris sur les courses de chevaux) >> p. 54 la visite au grenier (retour de la chouette) les mésaventures de Tournesol sur la chaise roulante d'Haddock qui descend les escaliers et traverse la Citroën Dyane 6 du dr Rotule >> p. 55 départ de la Castafiore >> p. 56 un Haddock avec une coupe de cheveux soignée suite aux remarques de la Castafiore >> p. 57 Haddock a retrouvé sa coiffure ébouriffée et son pullover de marin >> p. 60 l'émeraude est retrouvée par Tintin, elle avait été dérobée par la pie voleuse (gazza ladra selon l'opéra de Rossini) >> p. 62 la dalle est réparée, puis recassée (une jolie vignette bien imaginée pour la fin de l'album) fin de page: la chouette, la pie et le perroquet >> c'est un épisode en forme de pièce de théâtre, le tout pratiquement en huit-clos mais très bien imaginé il y a pratiquement de tout: - étude de personnages (psychanalyse), action de théâtre, enquête sur les pseudo-vols, thème sur les oiseaux (pie voleuse, chouette, perroquet), actualités mondaines (la télévision, les journeaux, pseudo-mariage) et beaucoup d'humour et de calembours sur le thème de la dalle cassée - l'action se déroule sans ordre précis ni grande logique mais plutôt en vrac avec la démystification des personnages et moquerie des médias - mais aussi auto-étude et auto-critique d'Hergé: - les malheurs du mariage - caricature de la femme à travers la Castafiore - tracasseries quotidiennes (les choses de la vie) - publicité Citroën ou humour? (2 CV Dyane 6) n.b. les nombreux noms (16) donnés à Haddock par la Castafiore: Bartock, Kappock, Koddack, Mastock, Kosack, Hammock, Kolback, Karback, Karnack, Hoklock, Kornack, Balzack, Hablock, Maggock, Medock, Kapstock état de l'album 1er plat légèrement frotté mais coins encore bien piquants dos jaune, 4ème plat et intérieur en parfait état côte BDM Euros 250.- annexes - 1er et 4ème plat de l'album - les cases mémorables Information les bijoux de la Castafiore est le 21ème album de la série de bande dessinée sur les aventures de Tintin, l’histoire a été prépubliée dans Le Journal de Tintin du 4 juillet 1961 au 13 septembre 1962, puis publiée en album par les éditions Casterman en 1963, il s’agit d’une œuvre à part dans l’univers des aventures de Tintin, trois ans après Tintin au Tibet, Hergé semble être à l’apogée de son œuvre et cet album est l’un de ses plus grands accomplissements sur le plan narratif contrairement aux autres albums de la série, l’intrigue ne correspond pas à une aventure classique, mais à une sorte d’énorme jeu de dupe, une série de tromperies, où il ne se passe pratiquement rien cependant, le lecteur est tenu en haleine par les quantités de rebondissements, de fausses pistes et interprétations, ainsi que par l’ambiance de mystère dans laquelle sont plongés les personnages, il s’agit également du seul album de la série, avec le secret de la Licorne, dans lequel les personnages ne partent pas à l’aventure dans d’autres parties du monde, ce qui n’empêche pas l’aventure de venir à eux l'auteur s'est inspiré d'un fait divers qui a eu lieu en 1960: les bijoux de Sophia Loren ont été subtilisés lors du tournage du film "les dessous de la millionnaire"; complètement à l’encontre du reste de l’œuvre, Hergé dépeint ici une situation intimiste, centrée sur les banalités de la vie quotidienne, loin des grandes réalisations (le défi va être d’obtenir l’intervention du marbrier) et portant sur l’observation des caractères des protagonistes face aux petits tracas, ici, les intrigues à résoudre ne comportent plus du tout le caractère de machinations demandant la présence de grandes organisations politiques, militaires ou criminelles, on est dans le monde réel où l’on a de vraies blessures (telles des entorses à la cheville) contrairement aux autres albums où Tintin voyage dans différents pays, l’histoire se déroule intégralement dans un même lieu (le château de Moulinsart et son parc ainsi que quelques rares lieux à proximité), un même temps (une courte durée) et une même action (l’intrigue porte sur la seule disparition d’une émeraude) reconstituant ainsi la règle des trois unités du théâtre classique; Hergé dit de cet album: "l’histoire a mûri de la même façon que les autres, mais a évolué différemment, parce que j’ai pris un malin plaisir à dérouter le lecteur, à le tenir en haleine tout en me privant de la panoplie habituelle de la bande dessinée: pas de “mauvais”, pas de véritable suspense, pas d’aventure au sens propre, une vague intrigue policière dont la clé est fournie par une pie, n’importe quoi d’autre, d’ailleurs aurait fait l’affaire: ça n'avait pas d’importance, je voulais m’amuser en compagnie du lecteur pendant soixante-deux semaines, l’aiguiller sur de fausses pistes, susciter son intérêt pour des choses qui n’en valaient pas la peine, du moins aux yeux d’un amateur d’aventures palpitantes; Hergé s’amuse aussi dans cet album avec ses propres codes textuels et iconographiques, abandonnant même en quelques occasions la ligne claire, style habituel précis et rigoureux caractéristique de son œuvre à la page 40, la case 9, montrant un groupe de gitans assemblés autour d’un feu de camp, écoutant la guitare jouée par l’un d’eux, se distingue du reste de l’album et de la planche, en particulier par son style graphique et sa colorisation; Hergé semble ici s’amuser en nous présentant ce cliché incongru dans cet album que se trouve également une case (la 7e de la p. 50) dans laquelle le lecteur est plongé en vision subjective, se retrouvant avec les yeux larmoyant comme les héros, à la suite de l’observation d’une image floue (le professeur Tournesol essayant de mettre au point un téléviseur couleur à une époque où ne régnaient encore en Europe que les tubes cathodiques en noir et blanc) - le titre original choisi par Hergé pour cette histoire était ciel mes bijoux!, titre rejeté par l’éditeur Casterman pour des raisons commerciales, plusieurs autres titres avaient été également envisagés par l'auteur: l'affaire Castafiore, le saphir de la Castafiore ou encore le capitaine et le rossignol - page 37, le capitaine Haddock demande aux Dupondt s'ils ont fait leur "service militaire aux carabiniers d'Offenbach", il fait ici référence à l'opéra-bouffe Les Brigands de Jacques Offenbach dans lequel on peut entendre: "nous sommes les carabiniers, la sécurité des foyers, mais, par un malheureux hasard, au secours des particuliers, nous arrivons toujours trop tard" - les bijoux de la Castafiore a attiré l’attention des universitaires et contribué à lancer la mode de la réflexion sur le genre, - Michel Serres lui a consacré un article dans la revue Critique: les bijoux distraits ou la cantatrice sauvé (juin 1970) - Benoît Peeters a pour sa part proposé une lecture minutieuse de l’album sous le titre lire Tintin, les bijoux ravis; cette aventure de Tintin à bien des égards exceptionnelles continue d’être citée dans de nombreux travaux sur la communication et sur la bande dessinée; dans les bijoux de la Castafiore (1963), les principaux protagonistes de la série se retrouvent à Moulinsart pour y vivre une véritable comédie classique à huis clos, tournant résolument le dos à l'aventure pour s'attacher à la difficulté de la communication entre les êtres, un "anti-récit" truffé de malentendus et de quiproquos plus cocasses les uns que les autres, il s'agit d'un huis clos, d'un récit immobile dont la médiatisation serait proportionnelle à l'incommunicabilité, le château peut être considéré comme un théâtre et dans la pièce qui s'y joue, de multiples acteurs s'y bousculent; hormis les résidents légitimes, se succèdent et s'interfèrent: un médecin, des tziganes, une diva auto-invitée et sa suite, un fantomatique marbrier, des paparazzis, une fanfare, une équipe de la télévision, un assureur éconduit, des déménageurs et deux policiers l'histoire se résume à plusieurs pseudo-vols et à une véritable disparition, celle d'une émeraude, presque tout le monde se retrouvant soupçonné avec beaucoup d'humour et par la distance qu'il prend par rapport à sa création, Hergé s'essaye à raconter une histoire où il ne se passe rien, dans une cacophonie vaudevillesque, c’est une bande dessinée théâtrale la couverture de l'album est en elle-même une invitation au spectacle qui va se dérouler, recommandant le silence, Tintin, en parfaite connivence avec le lecteur-spectateur, le regarde et le prie d'entrer: "vous allez voir la comédie... chut! et maintenant, place au théâtre" le titre original choisi par Hergé pour cette histoire était: ciel, mes bijoux!, titre rejeté par l'éditeur Casterman un vieux proverbe roumain dit: "de loin, le tzigane est un être humain", outre le caractère odieux de cette phrase, elle trahit une attitude générale à l'égard des tziganes et c'est bien la leçon à tirer des bijoux de la Castafiore: en 1961, Hergé était un des premiers à porter un regard dénué d'animosité à l'égard des tziganes, c'est en s'ouvrant au dialogue avec ces visiteurs inattendus que Tintin et Haddock parviennent à dissiper nombre d'idées reçues... et fausses bien qu'universellement connu, le répertoire de la diva n'en est pas moins limité, son rôle de Marguerite dans la scène VI de l'acte III de l'opéra Faust par Gounod est de loin le plus célèbre, la chambre qui est dévolue "au rossignol milanais" est vraisemblablement celle dite du roi à Cheverny avec son lit à baldaquin recouvert de broderies persanes, comme la Callas, Bianca est une diva qui entretient une relation ambiguë avec la presse "people" la garde-robe de la Castafiore est extravagante, la cantatrice craint en permanence que ses bijoux ne soient volés, puis survient le vol d'une émeraude hors de prix, les Dupondt enquêtent et accusent tour à tour: Nestor, Irma et les tziganes que le capitaine Haddock a invités dans son pâturage... finalement, après moult péripéties et fausses pistes, l'émeraude sera retrouvée par Tintin, presque par hasard, dans le nid d'une pie le professeur Tournesol, le scientifique au génie multiple réalise ici une de ses dernières inventions après le Supercolor Tryphonar: une nouvelle rose qu'il baptise bianca castafiore en ce faisant, il se révèle avoir un faible pour le sexe opposé, mais il met aussi son talent au service d'une cause paisible qui ne risque pas d'être reprise par des personnes mal intentionnées |
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