série: | Tintin, étude |
dessinateur / scénariste: | Dayez Hugues |
éditeur: | Félin EO 1999 |
genre: | Etude |
classement: | biblio1 |
date: | 1999 |
format: | broché |
état: | TBE/N |
valeur: | 20 € |
critère: | *** |
remarques: | Tintin et les héritiers ou chronique de l'après-Hergé prologue, Hergé et la prospérité - je fais de ma femme, Fanny, ma légataire universelle, aucune autre disposition n'aurait été prise par Hergé >> p. 11 explications sur les films fixes - ce sera Raymond Leblanc, directeur du journal Tintin et des éditions Lombard (à qui Hergé a toujours été reconnaissant, bien qu'ils n'aient pas toujours été du même avis, Hergé intervenant en tant que directeur artistique et Leblanc en tant que directeur administratif du journal Tintin) qui commence le merchandising (produits dérivés) de Tintin, ce que Hergé n'aimait pas trop - mais au moins par Leblanc, les éditions Lombard agissaient comme instrument de filtrage entre Hergé et les clients n.b. le filtrage des offres de publicité était effectué par les éditions Lombard avant de les soumettre à Hergé et surtout Hergé voulait qu'il n'y ait pas de confusion entre le Tintin des albums et le Tintin de la publicité A) première partie, le règne d'Alain Baran (1978-1990) 1) la fête et le deuil - Baran est engagé pour remplacer le fidèle Baudoin van den Branden, secrétaire d'Hergé, tombé gravement malade - première tâche du jeune Alain Baran: organiser le 50ème anniversaire de Tintin en 1979 - alors que Hergé commence un synopsis pour une nouvelle aventure de Tintin qui sera intitulé Tintin et l'Alph-Art n.b. entre l'édition de vol 714 (1968) et celle de Tintin et les Picaros (1976) huit années s'étaient écoulées - à cet effet, un cocktail se déroule à l'hôtel Hilton de Bruxelles en janvier 1979 et Hergé édite à cette occasion un album à tirage limité "50 ans de travaux fort gais" ainsi qu'un autre album à l'occasion d'une exposition dédiée à Tintin: "le musée imaginaire de Tintin" (un album quelque peu semblable aux 50 ans de travaux fort gais) - peu après, Hergé est atteint d'une genre de leucémie qui nécessite une transfusion chaque semaine, ce qui l'affaiblira petit à petit - Hergé qui apprécie beaucoup Alain Baran lui déclare un jour: "si j'avais un fils, c'est toi que j'aurais eu" Hergé était devenu en quelque sorte le père spirituel d'Alain Baran qui devient en 1981 directeur des studios pour assister Hergé - et avec Fanny (28 ans plus jeune), Hergé redevient Georges Remi, c'est un nouveau monde qui s'ouvre pour lui et pour Fanny, Tintin était presque un rival - retrouvailles avec Tchang en 1981 mais c'est un Hergé malade et décharné qui accueille Tchang à son arrivée - mort de Hergé en mars 1983 et ses obsèques se déroulent dans un climat malsain, les collaborateurs du studio en veulent à Alain de s'être interposé entre eux et Hergé 2/ Spielberg ou le rendez-vous manqué - 4 mois avant la mort d'Hergé, Spielberg avait contacté les éditions Casterman pour leur soumettre un film sur Tintin, - premier entretien en janvier 1983 à Los Angeles avec Baran, Hergé ne pouvant plus se déplacer - un accord de principe se met en place, mais il faut aussi négocier avec le Lombard dont Leblanc est le chef et qui n'aime pas beaucoup Alain Baran - visite de Spielberg à Bruxelles après la mort d'Hergé - les pourparlers sont durs mais on s'accorde concernant les USA pour Spielberg: les droits pour les films et les produits dérivés, pour les studios Hergé: les droits de diffusion des albums Tintin - mais le film sur Tintin n'aboutira pas et c'est Canal+ qui décroche un contrat pour les aventures de Tintin en dessins animés 3/ Quick et Flupke s'animent, Tintin se fige - en 1982, Johan, fils de Bob, est engagé par les studios Hergé - après la mort d'Hergé, Johan propose de produire des films en dessin animé avec Quick et Flupke, alors que Bob de Moor aurait voulu continuer et terminer la dernière aventure de Tintin >> p. 35 mais cela reste ambigu parce que Hergé a préparé sa mort comme il a préparé sa vie: sans beaucoup de vision à long terme - rivalité entre Baran et Bob de Moor - chez Casterman, on s'inquiète concernant la parution du dernier album Tintin, car Casterman avait investi des sommes importantes dans le lancement de leur magazine A Suivre en 1978 - Fanny donne de l'espoir à Bob de Moor, mais après un long entretien avec Benoit Peeters, elle décide de ne pas terminer l'histoire de Tintin et l'Alph-Art et elle confie le dossier à Peeters qui avec Casterman produira un album non classique, d'un genre particulier et un peu complexe présentant les ébauches d'Hergé avec une page d'explication pour chaque planche de crayonné déjà produite par Hergé >> à ce sujet, voir l'album Tintin et l'Alph-Art (1986) avec deux cahiers parallèles, album mal vu par la critique et qui n'aura pas un grand succès auprès des lecteurs de Tintin n.b. une édition pirate sera d'ailleurs publiée par Rodier en 2000 - 1986 dissolution des studios Hergé, Baran avec la caution de Fanny ouvre un nouveau studio de publicité en utilisant les albums de Tintin - les studios sont morts, naissance de la fondation Hergé 4/ les "Tintin boys" - le principe de la fondation Hergé: contribuer à la pérennité de l'oeuvre d'Hergé, d'assurer à celle-ci et à l'esprit qui l'anime la diffusion la plus large possible, de favoriser le développement de la bande dessinée dans le respect des critères définis par Hergé à travers ses oeuvres et enfin d'encourager l'éclosion de jeunes talents représentatifs du patrimoine culturel belge et international mais surtout défendre et promotionner l'oeuvre d'Hergé - l'importance de la voyante Yaguel Didier à Paris qui était souvent consultée par Fanny - création de la société BIL = Baran International Licensing détenant et exploitant la marque déposée Tintin, Alain et Fanny au conseil d'administration engagent les services d'un spécialiste en merchandising: Jean-Claude Jouret - Stephane Steeman, un tintinophile, fait accepter à Alain et Fanny l'idée de créer l'Association des amis d'Hergé en 1985 (une ASBL = association sans but lucratif) - ce sera donc l'équipe des "Tintin boys" rejointe un peu plus tard par Nick Rodwell, un jeune anglais qui travaille sur Tintin et qui était devenu en octobre 1983 agent du Lombard pour la Grande-Bretagne, il s'occupe de la diffusion de Tintin en Grande-Bretagne, il a un grand pouvoir de conviction et de séduction et possède déjà une boutique de gadgets au coeur de Londres - par la suite, un malentendu se développe avec Jouret qui veut s'adresser à un grand public alors que Rodwell veut cibler un public plus averti, tintinophile et adulte, tandis que Fanny reste un peu au dehors de tout cela et s'intéresse de plus en plus à la spiritualité orientale en s'adressant à des gourous 5/ de "Tintinland" au centre belge de la BD - Baran se rend compte qu'il faut faire revivre l'oeuvre d'Hergé plus intensément et avec un ministre belge complaisant, Baran et Guy Decissy, directeur de l'agence de publicité du Lombard, proposent de créer un centre belge de la BD à Bruxelles - le projet est confirmé en avril 1986, Hergé n'est plus là mais E.-P. Jacobs y fait sa dernière apparition publique - en 1987, les éditions Rombaldi, après une publication intégrale des albums de Tintin, proposent une série d'étude en 7 volumes: "l'univers d'Hergé" - 31.8.1988 inauguration de la fresque Tintin à la station de métro Sockel à Bruxelles - pour les 60 ans de Tintin (1989), Baran organise une exposition avec des planches originales d'Hergé - tandis que Fanny a l'intention de partir en pélérinage aux Indes, Nick l'accompagne et une idylle se développe entre lui et Fanny 6/ le journal Tintin est mort, vive Tintin reporter - en 1986, le torchon brûle entre Baran et Leblanc du journal Tintin dont les ventes chutent de plus en plus, déjà Hergé - qui avait toujours été reconnaissant à Leblanc en 1946 et n'intervenait pas dans l'administration du journal - pensait que le journal Tintin partait à la dérive malgré la reprise de la rédaction en 1966 par le scénariste Greg, - puis c'est la valse des rédacteurs avec Henri Declez qui remplace Greg en 1975, puis avec Jean-Luc Vernal, mais la situation du journal ne s'arrange guère - et comme Leblanc ne peut plus s'entendre avec Baran, Leblanc décide de vendre les éditions Lombard avec le journal Tintin - et ce sera la vente au groupe Ampère (Casterman n'en voulait pas) de tendance catholique plutôt à droite, ce qui causera le départ de plusieurs dessinateurs du journal - l'idée était de redémodeler le journal sur le genre National Geographic Magazine en prenant Tintin comme fil conducteur - le 29.11.1988, le journal Tintin (après 42 ans d'existence) prend congé de ses lecteurs et est remplacé par le journal "Tintin reporter", mais 7 mois plus tard, Tintin reporter connait son dernier numéro et chez les héritiers tout devient un peu confus 7/ Alain Baran, fils spirituel ou fils prodigue? - cette fois, les pertes sont importantes, mais sont épongées par le groupe Ampère qui laisse à Baran l'octroie des droits de merchandising pour Tintin - en 1989 Canal+ propose de produire une nouvelle série de dessins animés sur Tintin, création de la nouvelle société Tintin Télévision - de plus on décide d'élargir les boutiques de vente avec Nick Rodwell dont une importante prévue pour Bruxelles - par la suite, Nick devient plus autoritaire, il influence Fanny de plus en plus et commence à critiquer Baran - Fanny avait conservé les droits d'auteur liés aux albums de Tintin et ce sont ces droits qui rapportent le plus - vu les pertes enregistrées par les sociétés crées par Baran, que Fanny avait en partie cautionnées, Fanny laisse alors tomber Baran en rachetant (et en remboursant une partie des pertes) les société de Baran qui détiennent les droits des produits dérivés de Tintin - Baran International Licensing (BIL) disparait et est remplacée par la société Moulinsart avec à sa tête Nick Rodwell comme administrateur délégué qui devient dès lors le chef de Baran qui lui quittera le monde de Tintin B) 2ème partie: le règne de Nick Rodwell (1990 - ) 8/ Tintinomania, Belficor et Canal+ - dès 1990, première vente aux enchères à Paris exclusivement consacrée à Tintin, on y verra des prix élevés et le prix le plus cher jamais atteint en BD pour la couverture de la première édition des cigares du pharaon (3,3 millions de FF) - >> p. 92 la pratique des ventes aux enchères - Tintin Licensing (publicité avec Tintin) est vendu à la banque Belticor dont provient le crédit et cette société continuera sa collaboration >> p. 93 avec Pixi, Aroutcheff et autres fabricants mais avec un droit de regard par Moulinsart qui avec Rodwell cause souvent des problèmes pour les nouveaux contrats - et suite à la production d'une série de films dessin animé, Canal+ rachète Belcifor en 1991 avec l'assentiment de Rodwell qui s'empresse de se débarrasser de Baran et ses collaborateurs - bien que la qualité ne soit pas toujours présente, les films de Canal+ connaissent un certain succès et font à nouveau grimper la vente des albums Tintin >> p. 98 le genre de blocages effectués par Moulinsart - en 1992, tous les anciens collaborateurs de Baran et de ses sociétés ont jeté l'éponge, sauf Philippe Goddin qui reste secrétaire à la fondation Hergé 9/ "Tout Hergé" à Welkenraedt et tout le Tibet à Bruxelles - en 1991 exposition "Tout Hergé" à Welkenraedt (près de Liège) par Steeman qui y met à disposition sa formidable collection et où l'on constate combien Tintin peut encore générer un véritable engouement populaire >> p. 104 l'affaire de la visite de Steeman à Léon Degrelle à son domicile à Malaga qui a concoté un manuscrit de 200 pages "Tintin mon copain" - l'entrevue n'apporte rien et cause du mal à Steeman et suite à ses difficultées avec Rodwell, les expositions "Tout Hergé" ne seront plus renouvellées - en 1994 Fanny et Nick visitent le Dalai Lama et le Tibet, Nick (18 ans plus jeune) en profite pour épouser Fanny - 1994, début de l'exposition "au Tibet avec Tintin" à Bruxelles qui est visitée par le Dalai Lama mais qui n'obtient pas un grand succès; pour Fanny, c'est en tout cas plus le Tibet que Tintin qui y est considéré n.b. une exposition “au Tibet avec Tintin” eût aussi lieu au Centre de Congrès de Montreux en mars-mai 1995 - Tintin aurait pu aussi continuer à favoriser des causes humanitaires (tel Amnesty International), mais Nick ne veut pas trop s'engager dans la politique ou autre cause (Tibet excepté) - puis en 1995 ce sera une soirée-thème organisée par Arte et consacrée à Tintin sous le titre "Thema Tintin" - Nick Rodwell veut y incorporer un épisode sur le Tibet mais le documentaire se compose principaleent de 4 épisodes: le phénomène Tintin, Moulinsart-Hollywood, le secret de la ligne claire et Monsieur Hergé - on en profite pour critiquer les héritiers: "on est en train de se faire du pognon sur le dos de Tintin" - Nick se concentre maintenant sur le rachat de toutes les sociétés en rapport avec des droits d'exploitation de Tintin, il veut le contrôle total et absolu, mais il y aura aussi des procès et le pouvoir acquis sera chèrement payé n.b. il faut différencier BIL (Baran International Licensing), détentrice des droits d'exploitation, notamment pour la publicité avec la marque déposée Tintin et Tintin Licensing, détentrice des droits pour les produits dérivés de Tintin 10/ la bombe Assouline - le 26.2.1996, cocktail au centre belge de la BD à l'occasion de la sortie du livre "Hergé" par Assouline, projet entrepris par le magazine "Lire" pour une biographie détaillée sans oeillères et sans fard du père de Tintin >> p. 116 Hergé n'aurait pas aimé les enfants (selon Assouline) - l'oeuvre d'Assouline n'est pas l'oeuvre d'un tintinophile, c'est une analyse d'Hergé à froid mais sérieuse et le livre déçoit bien sûr quelques admirateurs d'Hergé, toutefois Fanny trouve que le livre donne un bon portrait humain d'Hergé - mais après coup, Nick Rodwell devient encore plus sévère pour les projets éditoriaux sur Tintin et Hergé, telle >> p. 119 la collection "bibliothèque de Moulinsart" que Benoit Peeters a lancée à l'instigation des éditions Casterman en 1987 et qui comprend une série d'ouvrages de tonalités variées sur Hergé ou sur son oeuvre, vit dès lors une passe difficile n.b. la bibliothèque de Moulinsart est un ensemble d'illustrations tirées du "corpus" d'Hergé et de textes allègrement paranoïaques: sermon de Bossuet, gémellité des Dupont, témoignages de concierge et de valet de chambre à Moulinsart, précisions sur la Syldavie, problèmes de canonisation, horoscope, document sur Bianca Castafiore, etc .. - elle comprend entre autres: les trésors de Tintin = 22 fac-similés rares extraits des archives d'Hergé >> p. 121 comme les rééditions des albums Tintin, avec un papier plus blanc et plus lisse que par le passé présentent des couleurs plus froides qui s'éloignent de la mise en couleur originale choisie par Hergé (observation très juste), dès lors Casterman décide de rééditer les éditions originales à la méthode ancienne (en fac-similés) n.b. du bon travail mais quand même pas identique aux premières éditions couleur originales - par la même occasion, Rodwell effectue une nouvelle opération de nettoyage en limitant le renouvellement des licences/contrats réalisés en son temps par Canal+ 11/ les insurgés d'Angoulême - Angoulême, c'est le festival de Cannes de la BD (surnommé le festival des petits miquets) où en 1997, Benoit Peeters donne une conférence de presse sur Tintin: "contrôle de l'oeuvre ou abus de pouvoir" il organisera un peu plus tard un groupe de protestataires, la fronde d'Angoulême contre le "Rodwell system" - le magazine parisien "les Inrockuptibles" y consacra deux pages sous le titre "opération thune" - les quatre livres incriminés par Nick Rodwell: a) Tintin et les médias by Pierre Sterckx b) le Dupond(t) sans peine c) le petit Haddock illustré d) le Tournesol illustré ces trois derniers par l'auteur Albert Algoud >> p. 128 les griefs contre Rodwell, notamment de la part de Michel Deligne à qui Rodwell demandait un dédommagement exorbitant pour avoir mis une effigie de Tintin dans sa librairie ainsi que de la part de Jean-Louis Carette de la librairie "la bande des six nez" à Bruxelles - Fanny, elle, se désintéresse des affaires et se fixe à Villars-sur-Ollon près d'Aigle en Suisse, mais ces critiques la touchent quand même, elle, qui accorde une confiance aveugle à Nick Rodwell >> p. 131 la remarque de Steeman en tant que collectionneur: "la joie de posséder n'est pas aussi agréable que la joie de la recherche" n.b. exégèse = interprétation philologique et doctrinale d'un texte dont le sens, la portée sont obscurs >> p. 131 coup de tonnerre , Steeman vend sa collection à Fanny, resp. à la fondation Hergé en citant: "maintenant que je sais ma collection en de bonnes mains, je dors mieux" - mais Steeman a manqué à sa parole parce qu'il avait promis de faire don de sa collection au centre belge de la BD et il lui faudra maintenant légitimer sa décision aux membres des "Amis d'Hergé" dont il est le président 12/ - les Amis d'Hergé et les Ennemis de Rodwell - mais selon Steeman, c'est l'attitude des pouvoirs publics bruxellois qui n'avaient pas pu (ou voulu) mettre un bâtiment à disposition de la collection Steeman, ce qui a déterminé Steeman à vendre sa collection à la fondation Hergé avec une condition: créer un musée Hergé dans les prochaines années n.b. ce qui sera fait en 2009 à Louvain-la-Neuve (Steeman meurt en 2015) >> voir le site musée Hergé et Tintin.com >> p. 137 une occupation entre autre de la fondation Hergé: une patiente classification sur support informatique des milliers de lettres, croquis, photos et autres éléments de documentation laissés par Hergé et la réponse de Nick aux critiques sera à la fois simple et compliqué, on ne peut de toute façon rien n'entreprendre contre Moulinsart, car il n'en reste pas moins que l'auteur Hergé n'est pas (encore?) dans le domaine public bien qu'il fasse partie du patrimoine national - toutefois en juin 2015, la Cour de la Haye déboute une nouvelle fois Moulinsart en appel, la société des tintinophiles produit un contrat datant de 1942 prévoyant explicitement la cession d'Hergé à l'éditeur Casterman des droits patrimoniaux sur les textes et vignettes, remettant en cause les prétentions de Moulinsart en matière de droit d'auteur, et selon la cour, la société Moulinsart n'aurait donc aucun droit à réclamer aux associations de tintinophiles des contreparties pour la reproduction de vignettes issue des albums n.b. après coup, la Société Moulinsart aurait fait appel, mais on ne connait pas la suite de ce recours (2021) >> à voir l'excellent article à ce sujet dans France Culture (2019) 13/ gardons l'esprit Tintin - décembre 1997 après 20 ans d'existence le mensuel A Suivre tire sa révérence au 239ème numéro et même les albums Tintin stagnent >> p. 145 description des éditions Casterman - à Bruxelles en 1998, Rodwell et Goddin annoncent un nouveau programme éditorial: 1) naissance d'une oeuvre (les aventures de Tintin dès son début au Petit Vingtième en fac-similé) 2) la publication des plus pertinentes des approches générales ou particulières de l'oeuvre d'Hergé (genre bibliothèque de Moulinsart) 3) la publication de livres de références sur l'oeuvre d'Hergé (répertoires, catalogues bibliographiques, etc) - deux spécialistes, Philippe Goddin et Didier Platteau, un ancien directeur de Casterman, vont travailler en free-lance sur cette nouvelle formule, mais après quelques différends avec Rodwell, Goddin se rabat sur la constitution d'une collection baptisée "chronologie d'une oeuvre" (inventaire graphique de différents dessins d'Hergé) >> p. 152 le sondage Sofrès en été 1997 constatera que 44% des foyers français possédaient un album de Tintin et que les aventures de Tintin constituent la 2ème bande dessinée la plus possédée en France derrière Astérix, mais seulement 29% possèdent la collection complète des albums Tintin - et comme il est aussi constaté que l'esprit de collection marque les albums Tintin, une important campagne de marketing est lancée avec posters et cartes postales (ex libris) joints aux albums - en 1998, publication de Tintin chez Jules Verne par Tomasi dont le contenu n'est pas toujours digne de foi 14/ un anniversaire sans gâteau ni bougie - pour légitimer sa politique des cases payantes tirées des albums Tintin (payer pour la reproduction d'une case des albums Tintin, contrairement aux éditions Dupuis qui n'ont jamais demandé le moindre argent pour la reproduction de leurs BD, notamment de Spirou et idem pour Hergé) Rodwell compare l'oeuvre d'Hergé à celle d'Andy Warhol dont les droits de reproduction sont souvent élevés - 1999 réédition par Casterman de l'album "Tintin chez les soviets" dans le format de la collection courante des aventures de Tintin, c'est à dire version coloriée n.b. Tintin chez les soviets avait été édité a) en 1973 intégré dans le gros volume des archives Hergé 1 b) en 1981 sous la forme d'un parfait fac-similé de l'édition de 1930 du Petit Vingtième (N&B) >>p. 159 la protection des droits d'auteur pour les albums Tintin dure de 50 à 70 ans après la mort d'Hergé (c'est à dire jusqu'en 2033 ou 2053) - donc Casterman et Moulinsart connaissent maintenant, chacun plus clairement leur terrain d'action - le projet (1999) de la fusée lunaire qui devait être érigée grandeur nature ( 300 m de haut) à Angoulême n'aboutira pas >> p. 161/162 description du projet fusée lunaire avec sa tour de montage qui sera lui aussi abandonné en 2003 >> voir à ce sujet la description de Nick Rodwell sur Tintin.com >> p. 163 à 166 l'affaire du musée Tintin prévu à Bruxelles - et après bien des discussions, le projet échouera aussi pour des raisons financières (il verra le jour en 2009 mais pas à Bruxelles, à Louvain-la-Neuve près de Wavre (30' de Bruxelles) et l'architecte en sera Christian de Portzamparc - par contre, une exposition "Tintin et les bateaux" sera acceptée par Moulinsart et verra le jour à Saint-Nazaire, mais elle devra néanmoins s'acquitter d'un montant de FF 150'000.- pour l'aide (pas très considérable) apportée par Moulinsart 15/ bienvenue dans les "espaces Tintin" - en l'an 2000, la nouvelle politique de Nick Rodwell peut se résumer en deux mots: exclusivité et concentration, les partenaires seront réduits à 10 (au lieu des 70 existantes) et les contrats pour les produits dérivés ne sont plus renouvelés, la fabrication et l'exploitation seront dorénavant gérés par Moulinsart, tout comme le rayon papeterie (calendriers, agendas, etc) racheté à Casterman, car dans le passé, la distribution des produits dérivés se faisaient un peu partout d'une façon anarchique, - Nick Rodwell veut maintenant le faire uniquement via ses propres boutiques qui seront au nombre de 200: 100 pour la France, 70 pour la Belgique et 30 pour la Hollande/Luxembourg (aucune boutique à Londres et au Japon alors qu'il en existait deux précédemment? voir p. 176) >> p. 174 les cinq genres de produits prévus pour la vente: le textile, les objets décoratifs, l'horlogerie, les jeux-jouets et enfin l'édition - ce seront les "espaces Tintin" réalisés avec un système de franchising, un peu le genre des "Disney Stores" - en 1999, le principal partenaire de Moulinsart, ce sont les éditions Casterman, mais les affaires stagnent et les actionnaires (principalement les membres de la famille Casterman) envisagent de vendre, trois acheteurs sont sur les rangs: - l'éditeur français Flammarion - le groupe Media-Participation (déjà détenteur de Dargaud et Lombard) et - le groupe Albert Frère de Charleroi qui possède déjà les éditions Dupuis, leader de l'édition BD en Europe en attendant l'entreprise est scindée en deux sociétés: Casterman-Edition et Casterman-Imprimerie - sur le point d'entrer dans le Grand XXIème siècle, Tintin voit son avenir truffé de points d'interrogations toutes les hypothèses sont possibles, même celle de Fanny, qui fatiguée de tous ces marchandages, pense elle aussi à vendre - Tintin promet donc d'être un épisode à rebondissements, un épisode que son créateur Hergé, même dans ses rêves les plus tourmentés, n'aurait sans doute jamais pu imaginer Conclusion - avant la publication finale du livre, l'auteur avait sollicité une entrevue avec Fanny et Nick, mais sommé de remettre le manuscrit à l'avocat de Moulinsart pour d'éventuelles corrections, voulant rester fidèle à la déontologie (devoir de tout métier, philosophie morale) en tant que journaliste indépendant, l'auteur n'a pas suivi cette suggestion, c'est donc la version "non corrigée" par Moulinsart qui a été publiée >> un très bon livre, qui se lit comme un roman, la première partie (l'après Hergé immédiat) étant plus intéressante que la deuxième partie (l'après-Hergé continué), sauf pour les chapitres 11 et 12, mais tout le contenu du livre livre des évènements méconnus en faisant la lumière sur les transactions menées après la mort d'Hergé, le livre est plutôt critique et n'est pas tendre envers la société Moulinsart et de son équipe anglo-belge (livre à ne pas confondre avec celui intitulé: les héritiers de Tintin) annexes - couverture du livre avec portrait d'Hergé - caricature de Tintin - portraits de Fanny et Nick Rodwell - album pirate ou caricature sur Tintin et les héritiers signé Casterman, toutefois son origine reste inconnu - l'album Tintin chez les soviets, édition modernisée version coloriée avec mention Casterman/Moulinsart Information Tintin et les héritiers par Hugues Dayez, journaliste à la RTBF, résume pour tous ceux qui auraient suivi cela de loin, l'épopée agitée des héritiers d'Hergé depuis l'époque d'Alain Baran, en quelque sorte fils adoptif d'Hergé, jusqu'à Nick Rodwell, deuxième époux de Fanny, veuve et légataire universelle d'Hergé, devenu depuis son mariage seul décisionnaire quant à l'avenir de l 'héritage Tintin: quid des droits dérivés, de l'ouverture d'un musée Tintin, de la construction d'une fusée à Bruxelles ou Angoulème, voire de la politique des magasins Tintin et surtout comment réussir à transmettre l'image de Tintin aux nouvelles générations, avec comme question sous-jacente: y aura-t'il un nouveau Tintin? la manière dont a été géré l'empire Tintin depuis la mort de son créateur à été - à tort ou à raison - fort contestée et ce livre a l'avantage d'en résumer, en 180 pages, tous les tenants et aboutissants. cela se lit comme un roman et quelque part nous concerne un peu tous, qui n'a pas un album de Tintin qui traîne dans sa bibliothèque, voire qui n'a pas fantasmé devant ces superbes objets Tintin si peu accessibles financièrement? Pour rappel rapide, les deux périodes importantes de cette histoire qui commence réellement en mars 1983 à la mort d'Hergé sont: 1) la période Alain Baran, "fils adoptif" d'Hergé, dernier secrétaire des studios Hergé, les faits importants qui marquent cette période sont la disparition des studios Hergé, la mise à l'écart de Bob de Moor, proche collaborateur d'Hergé et la création de la BIL (Baran International Licensing), chargée des droits dérivés de Tintin et qui deviendra la Moulinsart s.a. sous la poussée de Nic Rodwell, c'est sous le règne de Baran notamment que sort Tintin et l'Alph-Art, qui avait été laissé par Hergé à l'état d'ébauche. 2) la période Nic Rodwell: propriétaire de la première boutique Tintin, cet homme d'affaires anglais se rapproche de plus en plus de la veuve d'Hergé, Fanny Vlaminck, jusqu'à l'épouser, il met son nez dans les comptes de la BIL et finit par évincer complètement Alain Baran, actuellement en tant qu'époux de Fanny, seule dépositaire des droits sur l'oeuvre d'Hergé, Rodwell a un droit de regard sur tout ce qui touche le petit monde de Tintin et notamment sur ces fameux droits de produits dérivés on lui doit une politique fort contestée vis-à-vis de l'image de Tintin, certains l'accusant de vouloir faire de l'argent à tout prix et se soucier finalement assez peu de la transmission de l'esprit Tintin aux nouvelles générations le livre de Hugues Dayez trouve d'ailleurs un prolongement naturel sur Internet puisque Nick Rodwell a déjà réagi à la sortie de Tintin et les héritiers dans une interview donné au journal français Libération et il ne se passe pas un jour sans qu'une intervention spectaculaire ne mette cette saga à la une des journaux (récemment c'est Stéphane Steeman qui a rué dans les brancards en critiquant la lenteur de Nick Rodwell à démarrer le chantier du musée Tintin et en organisant lui-même une mini-expo à Braine l'Alleud en guise de protestation). |
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