tome 2 la Diva et le Kriegspiel

série: Portraits souvenirs
dessinateur / scénariste: Goetzinger+Christin
éditeur: Dargaud EO 1981
genre: Roman
classement: biblio705
date: 1981
format: cartonné
état: TBE/N
valeur: 10 €
critère: **
remarques: fait partie de la collection "portraits souvenirs"

fin de guerre 1945, une femme, Camille,
est arrêtée et interrogée par la résistance
(une résistance exemplaire dans cette épisode)
on reproche à Camille, une cantatrice célèbre,
sa collaboration avec l'occupant, on en
profite pour retracer le cours de sa vie

elle, artiste, Diva, plaçait son art
et sa réussite au dessus de tout,
son bien être, son égoïsme, son désintérêt
de la politique ne l'ont pas conduit
vers un engagement ou vers une dénonciation
de ses relations

Camille avait appris la musique avec Mlle Moreau
qui lui prédit une carrière de cantatrice,
mais les temps sont durs pour Camille
lors d'un travail dans un milieu juif
bourgeois parisien, un mécène,
le baron Zulfitar de Mirandol, devient
son mentor, et grâce à ses relations
en fera une cantatrice célèbre
>> p. 18 le visage du juif Zulfitar,
mélomane apatride

par la suite, la Diva aura une liaison
avec Julien d'Artignac du mouvement
"deutsch-französische Gesellschaft",
elle cotoyera même Hitler et aboutira
à Bayreuth lieu sacré du culte wagnérien
d'où l'accusation portée contre elle
pour collaboration aggravée
>> p. 47 le cours d'étude pour démasquer un juif

>> une biographie sur fond d'histoire française
(le Paris d'entre-guerre, occupation allemande,
l'ambassadeur Abetz, Hitler, Pétain, le régime Vichy),
on découvre une femme complexe, son vécu,
ses angoisses et ses bassesses, mais finalemente
elle ne sera pas condamnée à mort
et passera le reste de sa vie dans une certaine
tranquillité en écrivant sa biographie


>>> un texte agréable à la lecture et
un graphisme respectable

n.b. la mégisserie = tannage des peaux d'ovins,
caprins ou vachettes, destinées à l'industrie
de la chaussure, de la ganterie ou de l'habillement,
dans le cadre de la production du cuir

à noter le rapprochement de la Diva
avec la cantatrice Germaine Lubin,
une soprano française (1890-1979) dans
le Paris de 1940, occupé par les Allemands,
Jacques Rouché essaye de rouvrir l'Opéra
et invite Germaine Lubin à revenir
chanter Alceste, suivent les représentations
de Fidelio et de Der Rosenkavalier,
et en 1941, elle chante à nouveau Isolde,
cette fois avec la troupe de la Staatsoper
de Berlin, en visite à Paris sous la
direction de Herbert von Karajan,
lui-même mandaté par Hitler,

la représentation, qui célébre la chute
de Paris, a lieu en présence de Winifred Wagner,
Germaine Lubin reste liée avec les Allemands
qu'elle connaissait et, au printemps 1942,
elle se produit lors d'un concert
accompagnant l'exposition d'Arno Breker
au musée de l'Orangerie
ce sculpteur était étroitement lié
aux dirigeants nazis (par la suite,
elle déclara qu'elle avait accepté
cette participation pour obtenir
la libération de Maurice Franck,
juif et chef des chœurs à l'Opéra)

ces activités la rendirent suspecte de
collaboration avec les nazis,
et après la Libération en 1944, elle est
arrêtée et emprisonnée à l'issue de son procès
en 1946, elle est lavée de cette accusation
à la suite d'un certain nombre de
témoignages de personnes qu'elle avait aidées
pendant la guerre,
elle n'en est pas moins frappée "pour apaiser
la tension populaire" d'indignité nationale à vie
(ramenée par la suite à 5 ans,
grâce à l'intervention de Paul Géraldy),
d'interdiction de séjour
et condamnée à la confiscation de ses biens,
elle trouva refuge chez des amis en Suisse,
puis en Italie

couvertures:
Copyright 2008 - 2025 G. Rudolf