BD-Basiliensis

Petit nazi illustré (le)

série:	Etude de BD
dessinateur / scénariste:	Ory Pascal
éditeur:	Nautilus EO 2002
genre:	Etude
classement:	biblio711A
date:	2002
format:	broché
état:	TBE/N
valeur:	20 €
critère:	*
remarques:	album N&B avec quelques illustrations couleur, titre complet: le Petit Nazi illustré, vie et survie du Téméraire (1943-1944), 18 mois de parution n.b. malgré les restrictions matérielles de l'époque, ce périodique collaborationniste français eut un tirage de 100'000 à 150'000 exemplaires, la parution est bimensuelle, le journal se présente dans un grand format (39x29,5 cm), un numéro comporte 8 pages (à l'exception du Spécial Vacances qui en compte 16), 4 polychromes et 4 en noir et blanc au total, 38 numéros du journal sont parus, ainsi que 3 numéros spéciaux et un album la structure du Téméraire a peu varié au cours de son existence, la première page comporte une grande illustration en couleur qui annonce le thème du numéro, ce thème est développé dans des articles en pages 2 et 3, les pages centrales, en couleur, sont essentiellement occupées par des bandes dessinées, tel l'Inde fabuleuse (seul album édité par les éditeurs) les deux pages suivantes comportent un roman (p. 6) et des jeux, chroniques et comptes rendus des activités du "cercle des téméraires", enfin, la dernière page en couleur est à nouveau consacrée à la bande dessinée préface futurologie raciste et origine germanique de la plupart des peuples européens, la série vedette du Téméraire: vers les mondes inconnus, avec le Téméraire, nous avons un exemple extrême dans l'histoire de la France, celui d'une entreprise de propagande faciste , et même hitlérienne par le biais doublement efficace d'un public adolescent et d'un média spectaculaire 1) le désordre nouveau premier no du Téméraire en janvier 1943 avant la 2ème guerre mondiale, la BD était principalement une accumulation et acculturation de la BD d'origine américaine en France >> p. 16/17 la presse pour la jeunesse de 1940 à 1944: zone nord: O lo lê (40-44), Fanfan la tulipe (41-42), le journal de Taty (41), l'Aventureux (40-42), Hurrah (40-42), Lisette (40-42), Pierrot (40-42), Gavroche (40-42), les Grandes Aventures (40-41), Fillette (40-41) et Junior (41-42) zone sud: Benjamin (40-44), Siroco (42-44), Marie-France (41-44), Cendrillon (43), Pic et Nic (43-44), Ames Vaillantes (40-44), Coeurs Vaillants (40-44), Jumbo (41-44), à l'Aventure (40-41) qui fusionnera avec Jumbo, l'Aventureux (40-41), l'Audacieux (41-42), Tarzan (1941), Journal de Mickey (40-44), Robinson (40-44), les Belles Aventures (42-44) parutions caractérisées par le manque de papier et la censure politique >> p. 19 les héros américains sont maintenant remplacés par la figure du maréchal tel Benjamin qui représente la conscience intellectuelle française et Robinson (avec Pellos) dans la tradition pétainiste, mais surtout Téméraire, le journal de la jeunesse moderne, teinté de racisme (avec entre autres l'Inde fabuleuse de Liquois) façe à ses confrères chlorotiques (ternes) de la zone sud, Téméraire apparait comme une publication presque luxueuse dans les débuts de Téméraire, on distingue trois séries principales: le dr. Fulminate et le prof. Vorax, Marc le téméraire et Vica le marin, puis dès 1944 vers les mondes inconnus et l'Inde fabuleuse l'équipe éditoriale, en quelque sorte un groupe politique technique qui prit en charge l'opération: les collaborationnistes parisiens les plus liés à la Propaganda Abteilung et aux extrémistes de l'antisémitisme, intégré à la "Centrale Réaumur", coeur de la presse franco-allemande, l'interlocuteur allemand affecté par ses supérieurs à l'encadrement de la rédaction et à la fourniture du matériel, était Walter Beer, par ailleurs chargé de la censure de la Pariser Zeitung >> p. 26 l'Ersatz pro allemand du Canard Enchaîné était "le Mérinos" en plus des dessinateurs collaboristes Auguste Liquois et André Jolly dit Erik, deux noms restés dans les annales de l'après-guerre, l'un pour la science-fiction, l'autre pour le comique, deux autres auront mis leur métier au service de l'occupant: Francis Josse et Vica >> p. 28 Hergé dans la section jeunesse du "Soir Volé" n'est pas mentionné 2/ l'enfant et les sortilèges >> p. 33 les fautes d'orthographe font partie de l'humour vicesque (Vica) >> p. 34 les inspirations des bandes de Téméraire exemple: la série vers les mondes inconnus inspirée de Flash Gordon, Marc le téméraire: un policier français au service de l'Allemagne, qui est en 1943 le héros éponyme du seul journal pour enfants autorisé dans la zone nord n.b. éponyme = qui donne son nom à quelque chose >> p. 42 extrait de l'épisode du "secret du prof. O'Brien" par Liquois avec les méthodes de la Gestapo (téméraire no 6) 3/ le jeu de massacre le héros atlante: l'image de l'Atlantide triomphante est fournie à Liquois avec le palais de Tokyo > p. 46 le mystère de l'Atlantide avec la tour de Babel, couverture de Téméraire no 3 (1943) >> p. 48 les haines nationales avaient assez à s'investir dans les trois boucs émissaires: l'anglais, l'ennemi héréditaire, le bolchevik et le juif (n.b. à voir le film "le juif süss" de 1943) la stratégie raciste dans "vers les mondes inconnus": le judeo-bolchevik Vénine s'allie au judeo-négroïde Gloul >> p. 56 la frontière des sangs 4/ le cauchemar l'expression la plus constante du totalitarisme est perçue en termes de scientificité omniprésente et triomphante, les moeurs atroces tel ceux de Gilles de Rais sont mis souvent en contribution avec en exemple: Barbe Bleue la peur en couverture, les plus efficaces: Barbe Bleue (6-43), ennemi public no 1 (11-43), la fin du monde (12-43) >> p. 65 dissertation sur le contenu du fascicule "la fin du monde" 5/ une jeunesse hitlérienne au plus fort de la terreur, cependant, la recherche des moyens n'est jamais perdue de vue et le Téméraire avouera, dès l'origine, une fonction clairement mobilisatrice >> p. 72 le serment fondateur et fédérateur représenté avec le salut hitlérien 6/ non lieu recherches sur l'influence que pouvait porter le Téméraire sur la jeunesse française (environ 100-150'000 exemplaires par numéro) >> p. 87 un groupe de maquisards vu par Liquois pour la série "Zoubinette du Mérinos" (printemps 44) n.b. Zoubinette = jeune écervelée zazoue égarée dans un maquis et en 1945, le même dessinateur va illustrer Fifi, gars du maquis dans le journal communiste Vaillant >> description détaillée du journal "le Téméraire", ses thèmes et sa propagation, quelques illustrations intéressantes, mais un contenu un peu trop sémantique cependant, que sont-ils devenus ces dessinateurs de l'occupation? - Jean Ache (Biceps, costaud sentimental) - Eugène Gire - Étienne Le Rallic - Stéphane Pizella, - Raymond Poïvet qui reprend vers les mondes inconnus pour les quatre derniers numéros de la revue et qui rendra un son familier au lecteur de Téméraire avec son "vers l'Ourang mystérieux", - Marcel Turlin sous le pseudonyme de Matt les plus engagés: les principaux auteurs de bandes dessinées du journal sont: - Erik (pseudonyme d'André René Jolly), - Vica (pseudonyme de Vincent Krassousky), - Auguste Liquois et Francis Josse Erik avec le feuilleton humoristique Fulminate et Vorax est présent dans tous les numéros, il est l'auteur d'autres bandes pour les numéros spéciaux et d'illustrations de divers articles, - Auguste Liquois dessine la série de science-fiction "vers les mondes inconnus" fortement inspirée du Flash Gordon d'Alex Raymond - Francis Josse illustre Marc le téméraire, série qui figurait habituellement en pages centrales du journal - Vica est présent dans pratiquement tous les numéros avec différentes histoires mettant en scène son personnage de Vica le marin et illustrant plusieurs articles divers annexes - 1er et 4ème plat de l'album - diverses couvertures et illustrations du magazine Le Téméraire - presse pour la jeunesse de 1940 à 1944 Information - le dernier numéro du Téméraire est daté du 1er août 1944, après la libération de Paris, les locaux du journal sont occupés par des cellules communistes qui en détruisent les archives, une enquête sur chacun des collaborateurs réguliers ou occasionnels du journal est lancée, mais elle se termine par un non-lieu général, avec la conclusion suivante attribuée à chaque inculpé: "aucun de ses dessins ou des ses illustrations ne fait allusion à la politique ou aux évènements militaires", seul Vica fait exception: la procédure individuelle lancée contre lui aboutira à une condamnation d'un an de prison quant au rédacteur en chef, Jacques Bousquet, il est lui passé à la résistance dans les ranges des FFI, de même que l'éditeur Carlin et le rédacteur Ramon, pour sa défense, Bousquet affirme que ce basculement aurait eu lieu bien plus tôt en septembre 1943, dans le cadre d'un groupe de résistance appelé "réseau Navarre", il s'engage ensuite avec Carlin dans la 2ème division blindée, la justice rattrape tout de même les responsables du journal et procède à une confrontation entre eux, mais finit par classer toute l'affaire, peu après, une grande partie de l'équipe de dessinateurs passera au journal communiste Vaillant
couvertures: