frégates, à bord des

série: Marine
dessinateur / scénariste: Delitte Jean-Yves
éditeur: Glénat EO 2020
genre: Marine
classement: biblio520
date: 2020
format: cartonné
état: TBE/N
valeur: 20 €
critère: ***
remarques: cet ouvrage est une invitation à appareiller
à bord d'une dizaine de frégates (à voile),
elles ont été sélectionnées pour leurs hauts faits d'armes,
les grandes découvertes qu'elles ont permises
ou l'avancée technologique qu'elles ont pu représenter

rapides et facilement manoeuvrables, elles avaient
diverses fonctions: partir en reconnaissance,
porter des nouvelles, surveiller les côtes,
nuire au commerce de l'ennemi

n.b. au contraire des vaisseaux de ligne,
elles ne participaient généralement pas
aux grandes batailles navales

première partie: description et histoire des frégates

1/ description
- la frégate a donné son nom à l'oiseau qui
vole le plus rapidement et le plus
constamment sur les mers,
- traditionnellement, les frégates,
comme les corvettes, sont désignées
en français par un nom féminin
- navire polyvalant, le terme frégate est repris
dans plusieurs ouvrages consacrés à la marine,
notamment dans l'un des premiers ouvrages traités sur
"l'art de la navigation" de Pedro de Medina
publié en 1545
- dès 1830, les frégates deviennent cuirassées en fer
à la place du bois et seront appelées croiseurs

la vue en éclaté d'une frégate présente
les étages suivants:
a) pont des gaillards avec la mâture,
c'est à ce niveau que l'on manoeuvre le navire
b) pont de batterie, ouvert sur chaque flanc
d'autant de sabords qu'il peut y avoir de canons,
c'est ici que se regroupe la puissance de feu
c) faux-pont ou entrepont, c'est le lieu
de vie de l'équipage
d) les cales (et ligne de flottaison) où sont
entreposées les réserves (vivres et munitions)

- les quatre mâts principaux d'une frégate:
a) mât d'artimon (c'est le plus petit des mâts
situé à l'arrière d'un voilier, mizzenmast)
b) grand mât (mât principal, central,
le plus haut d'un voilier, mainmast)

n.b. ce grand mât pouvait atteindre une hauteur
jusqu'à 100 m

c) mât de misaine (mât situé à l'avant
d'un voilier, foremast)
d) mât de beaupré (il se trouve à la proue
d'un navire, fortement incliné vers l'avant,
il est anciennement appelé dolon ou
bowsprit en anglais)

- ce n'est qu'une fois mis à l'eau que le navire
reçoit son gréément, les mâts d'abord, chacun étant
constitué de trois éléments:
les bas-mâts, les mâts de hune et les mâts de perroquet


- les figures de proue étaient de véritables oeuvres d'art
- grand cabestan = treuil à axe vertical
utilisé pour virer l'ancre ou des cordages

>> p. 12 le développement des canons propres
à l'armement des frégates


2/ sur les chantiers navals (arsenaux)
- dès 1671 en France, Colbert est le premier à définir
un cadre pour l'art de la construction navale,
tous les corps de métier y sont représentés
- le bois (surtout de chêne) reste
l'approvisionnement prioritaire
- corderie et voilerie utilisent essentiellement
le chanvre (11'000 m2 de voile et 10 km de cordage)
- les vergues = longue pièces de bois disposée
en croix sur l'avant des mâts pour soutenir
une voile, les vergues nécessitaient 5 km de cordage
+ 7 km pour les voiles
- en général, il y a sur les vaisseaux
24 voiles perpendiculaires à la quille
et 10 voiles disposées dans l'axe
>> p. 20 l'outillage

- construction par montage et assemblage
des pièces d'un navire
- il fallait environ une année pour
qu'un nouveau vaisseau soit prêt à appareiller
- une frégate pouvait filer dans les 12 nœuds,
vitesse remarquable pour l'époque

>> p. 18/19 la corderie royale
>> p. 22/23 le montage de la quille (étrave)
>> p. 24/25 coupe verticale du grand mât
>> p. 27 machine à mâter et frégate
en cours d'armement
>> p. 29 une frégate de VIII (canons de 8 livres)


3/ la vie à bord d'une frégate
- une frégate est aux ordres d'un capitaine
et de son second
- l'équipage se monte selon le type de frégate
de 250 à 500 hommes composé de pilotes, timoniers,
gabiers, matelots multitâches et de de surnuméraires
tels que cuisinier, chirurgien, etc
ainsi que de canonniers (9 hommes par canon),
c'est un village en autarcie

>> p. 31 afin que la frégate soit en permanence
opérationnelle, l'équipage est divisé entre
deux parties égales:
le quart de tribord et le quart de bâbord
>> p. 32 ce sont les cloches montées sur
les gaillards qui rythment les journées
>> p. 32 à cette époque, les méthodes de conservation
sont sommaires et la variété des menus limitée
- p. 33 les conditions sanitaires et de sécurité à bord
déplorables causent plus de dommages que les combats
- la mort fait partie du voyage et au meilleur des cas,
on ne constate que 5% de mortalité
>> p. 36 le maniement des canons sur une frégate de XII
(9 hommes par canon): le branle-bas, le chargement,
la mise en batterie, l'amorçage, le pointage
et l'ordre de donner le feu


deuxième partie: description de frégates bien connues
la dénomination frégate de XII ou de IX veut dire
que celle-ci porte des canons de 12 livres
ou de 9 livres

1/ l'Alcyon, frégate-vaisseau, France, 1689
- en 1643, deux puissances se disputaient
le leadership sur les mers:
l'Angleterre et la jeune république
hollandaise des Provinces-Unies
- dès 1661, Louis XIV prend la décision de doter enfin
son royaume d'une réelle marine, ce sera la Royale
- dès sa sortie, l'Alcyon est commandée
par le célèbre Jean Bart, corsaire,
devenu officier de la Royale
- il engage avec l'amiral Tourville le 10.7.1690
la bataille du cap Béveziers
(ou Beachy Head pour les anglais)
sur la côte anglaise à l'est de la falaise
des Seven Sisters,
victoire de 75 vaisseaux français
sur 57 de la flotte anglo-hollandaise
- après plusieurs batailles, l'Alcyon connait
une fin paisible en 1717 à Brest
où elle est désarmée

2/ le Shtandart, frégate légère, Russie, 1703
- un des tous premiers bâtiments en 1703
de la nouvelle marine du tsar Pierre Ier après
que celui-ci ait visité les chantiers navals
d'Amsterdam et de Londres
- la frégate et ses 120 membres d'équipage participa
aux combats pour la défense de Saint-Petersbourg en 1705

3/ HMS Rose (HMS = his majesty ship)
frégate de IX, Grande-Bretagne, 1757
- entre 1545 e 1821, 53 vaisseaux seront baptisés
de ce nom dont le premier fut la fameuse Mary Rose
- le film master&command fut tourné sur une réplique
de la HMS Rose
- la HMS Rose participa aux combats de la guerre
de Sept Ans (1756-1762)
- employé durant la guerre d'Indépendance américaine
(1774-1778), la HMS Rose induira les insurgés à créer
leur propre force navale qui sera baptisée
la Continental Navy
- la HMS Rose sera sabordée et coulée dans les eaux
de la Savannah river pour protéger le port occupé
alors par les anglais, de la puissance de feu
d'une escadre française envoyée pour soutenir
les assiégeants, malgré tout ceux-ci ne
réussiront pas à s'emparer du port


4/ la Boudeuse, frégate de XII, France, 1766
- Bougainville afin d'explorer de nouvelles routes
pour le commerce, prend le commandement de la Boudeuse,
accompagnée de la flûte l'Etoile, navire de transport,
la Boudeuse quitte Brest en 1767, l'expédition
durerait 28 mois
- parmi les résultats, on obtiendra un formidable herbier
riche de 5000 espèces, des travaux de cartographie
et croquis de voyage avec surtout un récit du périple
intitulé "voyage au tour du monde"
- puis la Boudeuse continue à servir la Royale
aux Amériques et dans les Antilles

5/ l'Hermione, frégate de XII, France, 1779
- une réplique a été construite par l'association
Hermione-La Fayette en 2014
- l'Hermione originale pouvait filer à plus de 14 noeuds,
sa carène était doublée de 1100 feuilles de cuivre
- en 1780, elle conduira le marquis de La Fayette
aux colonies d'Amérique et rallie Boston
- elle participe à la bataille de Louisbourg
en juillet 1781, ce combat est considéré
comme mineur, mais les français s'empareront
de la frégate anglaise HMS Jack
- en 1782, l'Hermione est envoyée dans
le golfe du Bengale et en 1793 durant la révolution,
elle reprend du service, mais s'échoue sur
la côte bretonne, face au Croisic
(petite cité près de Saint-Nazaire)


6/ USS Constitution, frégate de XXIV, Etats-Unis, 1797
- elle est un symbole de la marine américaine
et le plus ancien navire de guerre au monde
encore en activité
- elle a été construite en bois de chêne vert
qui offre une grande résistance aux effets
de la canonnade
- pour protéger sa marine marchande,
les Etats-Unis rédigent le Naval Act du 2.12.1793
qui prévoit la construction de quatre frégates fortes
- la USS Constitution s'illustrera dans le conflit
anglo-américain en coulant deux frégates anglaises
et en capturant deux autres
- restaurée en 1830, elle sera affectée
à des missions scientifiques
n.b. ce genre de navire cuirassé sera connu
comme Ironclad


7/ La Méduse, frégate de XVIII, France, 1810
- en 1816, Louis XVIII envoie une flotte pour reprendre
en main le Sénégal, alors possession française,
cette flotte comporte la frégate la Méduse
avec 400 hommes à bord, commandés par le colonel
Schmalz et le capitaine Durey de Chaumareys,
officier peu expérimenté avec la navigation

- la frégate plus rapide distance le convoi
et par manque de prudence s'échoue en juillet 1816
dans le haut-fond sablonneux du banc d'Arguin

n.b. couvrant un tiers du littoral mauritanien,
ce banc a une surface de 12'000 km2 partagés
entre partie maritime (l'océan Atlantique) et
la partie continentale (le désert du Sahara)

- pris dans une tempête, une lame plus forte
endommage la Méduse nécessitant l'évacuation
du navire en construisant un radeau de fortune
de 20 m de long et 7 m de large tiré par
quatre embarcations
- un fort courant cause les embarcations
à se séparer du radeau,
alors que les quatre chaloupes réussissent
à gagner la côte de Mauritanie, le radeau
avec 150 personnes à bord part à la dérive
- sans moyen de gouverne, le calvaire des hommes
du radeau va durer 13 jours avant qu'il soit rejoint
par le brick Argus porté à leur secours,
le bilan est effroyable, sur les 100 occupants,
85 mourront de faim, de noyade et dans des bagarres
pour les rations de nourriture

- cette tragédie sera illustrée dans un tableau réalisé
par Theodore Gericault


Information
a) le radeau de la méduse
les marins et soldats du radeau, appelé rapidement
la Machine, essaient de gagner la côte,
mais dérivent, l'équipée qui dure treize jours
fait de nombreuses victimes et donne lieu
à des noyades, bagarres et mutineries,
tentatives de sabordage ainsi qu'à des faits
de cannibalisme en raison du manque d'eau potable
et de vivres
(la capture de poissons-volants étant insuffisante,
certains rongent les cordes du radeau,
mâchent leurs ceintures ou leurs chapeaux),
les naufragés n'ont que des barriques de vin
à leur disposition,
le 17 juillet, le commandant Chaumareys
envoie l'Argus non pas chercher les naufragés
dont il estime qu'il ne reste aucun rescapé,
mais trois barils de 92'000 francs
en pièces d'or et d'argent, le brick,
après avoir atteint Saint-Louis, retourne
sur le lieu du naufrage et récupère
seulement quinze rescapés du radeau,
dont cinq mourront avant l'arrivée à Saint-Louis


b) le capitaine Hugues Duroy de Chaumareys
- gracié lors de la restauration en tant que "rentrant",
il bénéficie d'un décret en 1815 qui lui permet
d'obtenir le grade et la pension de capitaine
de frégate, il récupère ainsi le commandement,
alors qu'il n'a plus navigué depuis 25 ans,
de la Méduse, en remplacement du commandant
bonapartiste François Ponée

le naufrage de la Méduse lui vaut un procès:
jugé le 25 février 1817 par le conseil de guerre
composé du contre-amiral L. de la Tullaye et
sept capitaines de vaisseaux, à bord du vaisseau
amiral mouillé en rade de Rochefort,
il risque la peine de mort, le 3 mars 1817,
il est reconnu coupable de l'échouement de la Méduse,
de son abandon et de sa perte ainsi que de
l'abandon du radeau, privé de ses décorations
de chevalier des ordres royaux
de la Légion d'Honneur et de Saint-Louis,
il est rayé des officiers de la Marine,
mais n’est condamné qu’à trois ans de prison

après son emprisonnement, il se retire dans la demeure
de sa mère, le château de Lachenaud à Bussière-Boffy,
en Haute-Vienne où il accumule les dettes, si bien
qu'à la saisie de son château après sa mort,
son fils se suicide


8/ HMS Trincomalee, frégate de XVIII, Royaume-Uni, 1816
- le principal matériau pour la construction navale
est longtemps demeuré le bois, un seul exemple:
la construction d'un vaisseau de ligne de 74 canons
nécessite alors pas moins de 2500 chênes
dits centenaires
- vu le manque de bois, surtout durant le blocus
imposé par Napoleon, l'Angleterre introduisit le fer
dans la construction navale, un choix pertinent qui,
au-delà de l'économie en bois, donne de la rigidité
et permettra de supporter le poids des lourdes
machines à vapeur et de leurs chaudières
- mais pour le moment, le HMS Trincomalee est encore
construit en bois dans les chantiers de Bombay
où l'on utilisera le teck de Malabar,
un bois imputrescible (résistant à l'humidité,
aux moisissures et aux insectes),
de plus le navire sera muni d'un doublage de cuivre
- le HMS Trincomalee participera à la guerre de Crimée
et à d'autres missions jusqu'en 1856,
date à laquelle elle finira comme navire-école


9/ La Gloire, frégate cuirassée, France, 1859
- au XIXème siècle, la machine à vapeur avec
ses compléments l'hélice et la cheminée commencent
à remplacer les voiles et le canon-obusier
supplante le canon traditionnel
>> p. 84 mais même alors, on reste encore
fidèle aux plans qui régissent la marine à voile,
le gréement est toujours constitué de quatre mâts
et l'artillerie organisée en bordées
sur plusieurs ponts, la carène reste en bois,
mais couverte d'une enveloppe de fer
qui représente 11% du tonnage
- la guerre de Crimée en 1856 va confirmer ces nouvelles
versions avec en 1855 les canons munis d'une culasse,
une véritable innovation qui remplace les canons
jusqu'ici chargés par la bouche

>> p. 86/87 coupe en profil de la frégate La Gloire
qui fonctionne encore à la voile et à la vapeur,
sa chaudière developpant 900 chevaux, elle embarque
675 tonnes de charbon, soit 8 jours de consommation
à pleine vitesse et peut ainsi parcourir
600 miles marins à une vitesse de 12 à 13 noeuds
- en 1847, le Napoleon, 90 canons, sera
le premier vaisseau de ligne propulsé
par une hélice


10/ HMS Warrior, frégate cuirassée,
Grand-Bretagne, 1859
- à partir de 1864, la marine de guerre britannique
porte le pavillon white avec la croix de Saint-George
- la HMS Warrior est la concurrente directe de la frégate
française La Gloire, construite pour rivaliser avec
la marine française, mais avec une technique de
construction plus élaborée, une grande partie
de la charpente est métallique et la coque
est constituée d'un assemblage de bois
de teck imputrescible couvert avec
des tôles de fer, ce qui rend la HMS Warrior
pratiquement invulnérable, elle sera surnommée
le serpent noir

- toutes deux frégate française et anglaise
n'auront toutefois qu'une brève carrière et
ne connaîtront pas de combats,
elles finiront comme navires-musées


>> à nouveau un album tout-à-fait intéressant
avec surtout de superbes illustrations à la Delitte


annexes
- couvertures 1er et 4ème plat
- plan d'une frégate de VIII
- coupe transversale de l'Hermione
- frégate La Boudeuse
- une escadre dans toute sa splendeur
- tableau de combat naval
- machine à mâter et frégate en cours d'armement
- le gréement d'une frégate avec vergues,
hunes et haubans
- le radeau de la Méduse


Information
- dans ce genre dessiné par Delitte, il y aura encore
a) à bord des sous-marins, Glénat, 2021
b) à bord des galères, Glénat, 2021
mais non collectionnés ici, un quatrième album
"à bord des paquebots" était annoncé, mais non paru


couvertures:
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