Age d'Or de la BD (l')

série: Etude de BD
dessinateur / scénariste: Gabut Jean-Jacques
éditeur: Herrscher EO 2004
genre: Etude
classement: biblio615
date: 2004
format: cartonné, grand format
état: TBE/N
valeur: 30 €
critère: ***
remarques: une rétrospective de l'Age d'Or de la BD,
les journeaux illustrés de 1934 à 1944
pages de garde:
- au début, les conquérants de l'avenir,
- à la fin, Futuropolis


Introduction
- le premier âge d'or de la BD en France
fut en effet presque exclusivement américain,
si l'on excepte quelques rares héros
français ou belges
(Pieds-Nickelés et Bibi Fricotin de Forton,
les Zig et Puce d'Alain Saint-Ogan
et le Tintin de Hergé), ce sont toutefois
les grands dessinateurs américains qui firent
incontestablement exploser la bande dessinée
en France à partir de 1934

- la vraie BD, celles des bulles ou des ballons,
a en effet commencé aux Etats-Unis
avec les Katzenjammer kids (alias Pim Pam Poum)
de Dirks et Knerr ainsi que de bringing up father
(la famille Illico) de George McManus
à la veille de la première guerre mondiale
et les années 1920 virent la multiplication
des auteurs et la naissance
de la plupart des héros

- la bombe qui éclata dans le ciel serein
des petites feuilles historiées
le 24 octobre 1934 fut le numéro 1
du journal de Mickey édité par Paul Winkler,
ce sera le signal de cette révolution
tout comme Robinson et Hop-là lancés
un peu plus tard par le même Winkler,
ce qui fut le début d'un choix
des plus splendides pages de comics
nés outre-Atlantique

- il y eut en fait deux âges d'or:
le premier qui va du lancement
du Journal de Mickey à la disparition
des BD américaines, soit de 1934 à 1941
et la seconde moins prestigieux,
mais qui n'en a pas moins un vif intérêt,
c'est celui où les pionniers français
ont pris la suite des pionniers américains,
où les jeunes dessinateurs franco-belges
ont pris à leur tour le pouvoir,
conquis leurs galons et dans des genres
parfois très différents ont créé
la vraie, l'authentique BD française



1/ les ancêtres de la BD moderne
des histoires en images

a) la préhistoire: de Töpffer et Christophe
à Bécassine et aux Pieds-Nickelés
- l'invention de l'histoire en images
revient probablement à Töpffer dès 1827
avec sa première histoire "en estampes"
mettant en scène le héros
Monsieur Vieux-Bois, Töpffer affirmait déjà
que les dessins sans le texte n'auraient
qu'une signification obscure et le texte
sans les dessins ne signifierait rien
- l'ancêtre français de la BD était
Christophe (George Colomb) avec
le sapeur Camember ainsi que Benjamin Rabier,
Caran d'Ache, Jo Valle (Lili l'espiègle)
et Forton (les Pieds-Nickelés et Bibi Fricotin)

- les éditeurs Tallandier, Fayard, Hachette
qui publient des périodiques pour la jeunesse
et surtout les frères Offenstadt avec
la SPE (Société parisienne d'éditions)
vont dominer le marché avec
le Petit Illustré en 1906,
puis en 1908 l'Epatant avec les Pieds-Nickelés
de Forton, série reprise plus tard par Pellos
>>p. 21 l'immortel trio
de Croquignol, Ribouldingue et Filochard

- lorgnant aussi du côté des jeunes filles,
la SPE publiera Fillette de 1909 à 1964
avec Lili l'espiègle et la Semaine de Suzette
de 1905 à 1962 avec Bécassine par Pinchon

b) entre Zig et Puce et Bicot,
la naissance des phylactères
- mais le niveau de la créativité sera atteint
avec Zig et Puce et le pinguin Alfred
(symbole du salon d'Angoulême)
par Alain Saint-Ogan, le pionnier de la BD française
avec la systématisation des phylactères ou ballons
- de 1908 à 1912 il y eut aussi
les Katzenjammer kids (Pim Pam Poum)
by Rudolph Dirks qui en abandonnant les légendes
avec l'usage des ballons ou bulles conçut
réellement au début de 1900 la première vraie
bande dessinée, la version de Dirks allait être
reprise plus tard dans Junior sous le nom
de Capitaine Fouchtroff
- ce sera aussi la famille Illico par McManus
et le fabuleux Bicot et Suzy par Martin Branner
(en anglais Winnie Winkle et son petit frère Perry)
- Bicot fut peut'être aussi l'ancêtre lointain
de Spirou, Rob-Vel, son inventeur, ayant été
l'assistant de Branner au début des années 1930

c) les survivants d'un autre temps
- deux revues dominent en 1930 le marché français:
l'Epatant et l'Intrépide (avec surtout Forton,
Mat et Giffey),
dans le même genre mais avec moins de succès:
Belles Images avec Betty Boop, Jeudi avec comme
principaux dessinateurs Robert Dansler (Bob Dan)
et Jean Trubert, Ames Vaillantes, Guignol,
Jean-Pierre, Bayard (la Bonne Presse),
Pierrot, Lisette (de 1921 à 1942) qui
publia little Annie Rooney
(la petite Annie) par Darvell McClure
et aussi Bilboquet, Benjamin,
Cri Cri (1918-1937)

- ces périodiques ne pourront s'adapter
façe aux journeaux de l'Age d'Or avec
l'arrivée des bandes américaines sauf
peut être Coeurs Vaillants grâce à la publication
des aventures de Tintin et aussi
de la participation de Marijac (Jim Boum)
et de Cuvillier (Sylvain et Sylvette)



2/ la révolution Mickey et la victoire
de la bande dessinée américaine

a) un homme audacieux et visionnaire:
Paul Winkler,fondateur d'Opera Mundi
- une idée de génie: importer en France
dès 1928 les productions de Walt Disney
- avec la collaboration de la librairie Hachette,
création de Opera Mundi, une prestigieuse
agence de presse privée
- en même temps Winkler devenait pour la France,
le représentant du puissant syndicat
King Features Syndicate appartenant au magnat
de la presse américaine: Randolph Hearst

- Winkler collabora aussi avec Cino del Duca,
Edimonde et France-Soir, il publiait par
la même occasion de nouveaux périodiques tels que
Robinson, Donald et Hop-Là
n.b. selon le BDM aucun autre journal que Robinson
(avec ses principales bandes de Flash Gordon,
la famille Illico, Popeye et Mandrake)
ne symbolisait mieux cette période
de l'âge d'or de la BD en France
> p. 33 biographie de Paul Winkler

b) le journal de Mickey:
un triomphe sans précédent

- le numéro 1 parait le 21.10.1934
et généralise le système des bulles,
grâce à sa qualité exceptionnelle
et son prix très bas (30 centimes),
son tirage atteint 400-500'000 exemplaires
par semaine, aucun autre journal des jeunes
tirait au-dessus de 50'000 exemplaires

- avec le journal de Mickey , tout va changer
et de nombreux autres périodiques concurrents
prennent un nouveau départ
tel Del Duca (Hurrah et l'Aventureux),
la SPE (Junior) et aussi la
Librairie Moderne/SAGE (avec Aventures)

>> p. 35 les animaux des Silly symphonies
(symphonies folâtres) n'avaient plus rien
de commun avec le gentil Gédéon
de Benjamin Rabier

c) la réaction des autres éditeurs:
Hurrah et Aventures font leur apparition
- dès 1935 création de Jumbo par
la Librairie Moderne et 1936 Aventures
qui publia en France pour la première fois
les aventures de Superman (aventures reprises
plus tard dans l'Astucieux de Del Duca)
- Cino Del Duca va lancer deux super titres:
en 1935 Hurrah avec Brick Bradford
et en 1936 l'Aventureux (avec la fameuse série
de science-fiction: les conquérants de l'avenir)

n.b. les pages d'humour restant
l'apanage de Opera Mundi

- deux autres titres furent lancés en 1936
par la SPE: l'As et Junior avec
les sublimes planches de Tarzan ainsi
qu'un périodique complètement rénové en 1937:
le Petit Illustré avec des bandes américaines
(Terry et les pirates, Buck Rogers)
et des bandes françaises (Bibi Fricotin de Callaud,
Centaure de Calvo, Jean-Lion le spahi de Giffey
et les Pieds-Nickelés)

- ce fut une période faste, l'âge d'or
de la bande dessinée
>> p. 39 ce triomphe américain avait bien sûr
sa contre-partie: la disparition entre
1934 et 1940 de nombreux dessinateurs
français des illustrés pour enfants,
ils ne furent guère plus d'une vingtaine
à continuer à collaborer aux périodiques de BD,
les autres se réfugiant dans la presse
humoristique ou changeant complètement de cap

- en 1937 le Journal de Toto publia
sa bande maîtresse due à Robert Velter (Rob-Vel):
Toto l'ancêtre de Spirou publié en 1938

d) les raisons du triomphe américain:
un fabuleux champ d'action
- d'abord le champ d'exploration quasi
universel (monde entier) avec de nombreux genres
(melodrame, histoire, polar, science-fiction)
ainsi que la parapsychologie (Mandrake)
- en plus des strips d'un humour renouvelé
à la fois féroce et tendre (Popeye)
et son impitoyable satire des moeurs
de la société américaine (famille, Illico,
malheurs d'Annie, etc)

- on allait aussi redécouvrir le culte
des héros pratiquement immortels
avec qui les jeunes pouvaient s'identifier
ce qui provoqua entre autre la réticences
des communistes et des catholiques hostiles
aux mythes américains
- la tendance vers le voyage et l'importance
du mythe vécu feront de cette nouvelle BD
un art ésotérique consommé

>> p. 43 une formidable saga où s'affrontent
toujours les forces du Bien et celles du Mal,
les forces des Lumières et celles des Ténèbres

e) le temps des héros ou des héroïnes
et l'ère des justiciers

>> p. 45 c'est ainsi que toute une panoplie
de bons sentiments est véhiculé par
la BD américaine de cette époque et
contrairement à ce qu'affirmaient alors
ses détracteurs, cette BD était
parfaitement morale et respectueuse
des vraies valeurs de l'homme tel que
- le bon sauvage avec Tarzan le justicier
tout comme Raoul et Gaston
(alias Richard le téméraire) et Jim la Jungle
- mais aussi Connie qui s'appellera
Cora, Liliane et même Rosy
de Frank Godwin, la première aviatrice éprise
de grands espaces et d'aventures dont
les exploits se déroulent au coeur de
mondes perdus, voir fantastiques

- la BD américaine est empreinte
d'un certain manichéisme,
d'un côté les bons, de l'autre les méchants
(facilement reconnaissables) avec certains
héros ou héroïnes dotés de pouvoirs surnaturels
>> p. 46 une place exceptionnelle
est réservée aux femmes dans les bandes
dessinées américaines, ce qui reste
un évènement majeur dans l'analyse
de la société culturelle d'avant-guerre

f) des histoires très morales, mais aussi
des créatures de rêve:
les "éternelles" fiancées

- en général, les journeaux de l'âge d'or
affichaient un parfait respect des conventions,
le sexe dans son acceptation actuel était banni
- pas de violence non plus avec ses bonnes
doses d'hémoglobine, la mort existe,
mais elle reste propre
- le racisme n'est également pas d'actualité,
si ce n'est que quelques mentions de nègres
et de peuples primitifs
- il y avait par contre le charme troublant
des "éternelles" fiancées, femmes fatales
ou reines maudites

>> p. 49 les fiancées et autres femmes
dans les aventures
de Flash Gordon par Alex Raymond
- tous les héros ou presque
ont leur compagne idéale:
- Drusilla pour Brick Bradford,
- Wanda pour Donald Dixon,
- Wilma pour Buch Rogers, Jane pour Tarzan,
- Narda pour Mandrake,
- Diana Palmer pour le Fantôme qui aura
la vie la plus orageuse (baisers sur la bouche
et autres étreintes mises en valeur)
- il fallait toutefois compter déjà avec la censure
dont Nora, l'acrobate de cirque en est un exemple
- et avec Hogarth, c'est Tarzan qui devient
une figure érotique

g) l'humour et son plein emploi:
la satire de la société américaine

- la plupart des BD américaines reflètent
les problèmes de société dont surtout
les fameux family strips (famille Illico,
Katzenjammer kids, Blondie, etc),
la famille Illico représentant le modèle du genre
avec le père Jiggs, la mère Maggie
et la fille Norah
- mais aussi avec des clochards
(tel Pete the tramp = le père Lacloche)
et avec de jolies autos (gasoline alley)

- les katzies (les Katzenjammer kids)
inspirés de Max et Moritz parurent
pour la première fois en 1897
dans le New York Journal avec un peu plus tard
les fameux ballons qui en firent ainsi
la première BD au sens authentique du terme
- la bande fut publiée en France dans Junior (par Dirks)
et dans le journal de Mickey (par Knerr)
- la famille Pim Pam Poum et ses affidés
vivaient dans l'île Bongo (Pam et Poum
les garnements, l'astronome, le capitaine, etc)
- un monde familial d'une paresse crasse,
seule la tante Pim travalle

- Popeye dit Mathurin, la création de Segar,
paraît dans Robinson et dans Hop-là
et représente un autre genre de family strip
aux limites du non-sens et de la loufoquerie,
l'affirmation de Popeye:
I yam what I yam and that's what I yam
(je suis c'que j'suis et c'est tout c'que j'suis)
- Popeye avait succédé à deux autres strips:
the Thimble theater et the Five-fifteen
- avec ses personnages atypiques: Olive Oil,
Poppy, le fils adoptif Swee Pea = Mimosa,
la mascotte Eugene the jeep = Pilou-Pilou
et le glouton abhorré Wimpy = Gontran
- c'est un monde d'anti-héros, un monde débile
qui foule aux pieds tous les conformismes

> p. 55 dans cet optique, le vagabond type
avec la même pitié, le même sentiment
de justice bafouée, on les retrouve
dans Pete the tramp = le père Lacloche
avec son ennemi intime: le flic irlandais O'Leary
créé par Clarence D. Russel et
publié dans Mickey, Robinson et Jumbo

>> p. 57 l'utilisation des onomatopée en BD
qui soulignent souvent le dessin humoristique




3/ les grands de l'âge d'or 1934-1941

A) le journal de Mickey, numéro 1 sur tous les plans
1934 à 1944 (296 numéros) interrompu jusqu'en 1952,
puis reprend la numérotation à 0

- le 21.10.1934 l'arrivée d'un nouveau journal,
avec une pleine page "une" en couleurs,
avec de vraies BD, des histoires de Walt Disney
- on découvre partout des bandes dessinées,
des pleines pages couleurs, des héros nouveaux,
inconnus, mais qui vont vite être adoptés
par les lecteurs, produits par les plus grands
dessinateurs des studios de Disney: Ub Iwerks
(qui est peut'être le vrai père de Mickey),
Win Smith, Gottfredson qui signa de
1931 à 1938 les plus belle séries,
Taliaferro qui va créer Donald

- le dernier numéro 296 du Journal de Mickey
parait en juin 1940
et est pratiquement introuvable aujourd'hui

- à côté de Mickey, Donald et compagnie,
on trouvait aussi
les silly symphonies (symphonies folâtres)
avec les trois petits cochons,
le grand méchant loup,
l'ogre dans son château géant, etc
- et en dernière page: les malheurs d'Annie,
la petite orpheline firent pleurer plus
d'un coeur sensible du no 1 au no 245,
les dessinateurs Nicholas Afonsky et Darrell McClure
se partagent la composition de cette bande créée
par Brandon Walsh sous le titre Little Annie Rooney,
série qu'il ne faut pas confondre
avec la little orphan Annie écrite et dessinée
à la même époque par Harold Gray
et qui ne fut jamais publiée en France
- le compagnon d'Annie, son chien Zéro, est à l'opposé
de Toufou, le premier chien intelligent de la BD

- Jim la Jungle, Richard le téméraire avec
Cora ou Connie l'aviatrice seront les plus
grandes bandes d'aventure du journal de Mickey,
malgré le manque de couleur de ces bandes,
elles seront d'une rare élégance
- Jim la Jungle avec sa fiancée
Shangaï Lil ou Lili de Vrille
fut peut'être la bande la plus réussie
- Connie avait été imaginée en 1927
par Frank Godwin pour le Ledger Syndicate,
Godwin était un spécialiste du dessin hachuré

- il y eut aussi les séries humoristiques
de Pim Pam Poum par Knerr, Pete the tramp
= le père Lacloche et son chien Toufou
créés par Clarence D. Russell

>> p. 67 à mentionner aussi, la bande Don Winslow
sous le titre de Bernard Tempête, celle-ci
fut signée à partir du no 258 par
un dessinateur français bien oublié: Georges Sogny
- cette BD de Sogny qui se poursuivra
dans le journal de Mickey de la zone libre
dont il était l'un des meilleurs atouts,
fut une bonne adaptation dans le goût français,
du fameux comic des américains Léon Beroth (dessin)
et Frank Martinek (texte)
qui fit les bons jours de l'Aventureux
- Bernard Tempête sera donc probablement
l'unique bande d'un dessinateur français
publiée par le journal de Mickey
dans notre avant-guerre

B) Robinson: le plus passionnant des hebdos
de l'âge d'or du 24 avril 1936 et
jusqu'au 30 juin 1940 (218 numéros)
- de part sa qualité et l'extrême diversité
de ses bandes
- il publia surtout Flash Gordon (Guy l'Eclair)
= le héros principal, Brick Bradford (Luc Bradefer),
Mandrake, le roi de la magie
ainsi que le célèbre Phantom (le Fantôme)

- Flash Gordon fut le prototype des héros
de la science-fiction en BD, créé par
Alex Raymond lors de son arrivée à la KFS en 1930,
il est accompagné de son éternelle fiancée,
Dale Arden, et du savant Zarkov, mais sur
la planète Mongo, il y a une multitude
de mondes, de races, de reines et de princes
gravitant autour de Ming, une sorte
d'empereur mongol, cruel et fanatique
>> p. 72 on pourra dire que Raymond
avait préfiguré l'évolution de
la science-fiction du space-opera
à la science-fiction sociologique,
car tous ces mondes que Flash va visiter
ou combattre sont des mondes structurés
avec leurs moeurs et leur type social
bien déterminés
- Alex Raymond et son assistant Austin Briggs
ont signé avec Flash Gordon la plus étonnante
des sagas chevaleresques et interplanétaires,
une saga que le cinéma a en vain tenté
de reproduire en s'y cassant la pellicule
- son influence a été important sur
la bande de Luc Orient (Paape+Greg)

- Mandrake en revanche figura toujours
en bonne place dans Robinson,
selon l'histoire mondiale de la bande dessinée,
ce fut même la bande dessinée la plus lue
dans le monde entier créée par
Phil Davis (dessinateur) et Lee Falk (scénariste)
- Mandrake qui est la traduction de mandragore,
accompagné de son fidèle Lothar le géant noir
et de la princesse Narda, possède des vertus
magiques au service du bien et de la justice,
notamment pour affronter son mortel ennemi:
Cobra, le magicien noir

- Lee Falk inventa aussi un autre personnage
qui allait avoir une extraordinaire postérité:
the Phantom (le fantôme du Bengale),
il est doté, lui aussi, de pouvoirs exceptionnels,
il s'appelle le Fantôme parce ce qu'il est
l'ombre qui marche, un justicier invincible,
mais pas immortel, par contre Ray Moore
en fut le dessinateur quasi immortel
- le Fantôme est accompagné de Satan,
un loup apprivoisé et règne sur le peuple
des pygmées de la jungle du Bengale

- il y eut également les excellentes bandes
du fantôme noir par Lyman Anderson
avec l'inspecteur Wade ainsi que
"ramenez-les-vivants", un chasseur de fauves
par Frank Buck et Roland Cassecou (radio patrol)
par Charlie Schmidt
- d'autres comics remarquables tel que
Tex le cow-boy, un western,
d'après King of the royal mounted par Zane Grey
avec Allen Dean comme dessinateur
et Tailspin Tommy (Jean Bolide) de Harald Forrest,
les aventures inspirées de l'aviateur
Tommy Tomkins qui travaillait comme pilote
d’une compagnie aérienne américaine
- les deux grandes séries humoristiques furent
toutefois la famille Illico et Popeye

- on ne retrouvera pas, hélas, après-guerre
de dessinateurs aussi talentueux
tel Ray Moore et c'est pourquoi
les bandes parues dans Robinson
sont d'un inestimable prix

C) Hop-Là, un modèle de stabilité et de qualité
du 7 décembre 1937 au 16 juin 1940 (132 numéros)
- mais une existence un peu plus éphémère
que son frère Robinson

- à nouveau des bandes américaines dont
Prince Vaillant (la meilleure série de Hop-Là)
par Foster, Popeye de Segar,
Diane détective = Connie de Godwin,
Mandrake de Phil Davis et Lee Falk ainsi que
la patrouille des aigles (eagle scout) de Paul Powell,
Barney Baxter in the air (Marc Orian) de Frank Miller
(rien à voir avec le Batman des années 1980
de Frank Miller), mais aussi une bande
du dessinateur français Jacques Souriau:
le justicier des mers

- Popeye, l'avaleur d'épinards, eut d'ailleurs
sa statue en 1937 à Cristal City au Texas,
Segar meurt en 1938 et ses successeurs
Zabuly et Stein n'arrivèrent toutefois pas
à égaler son humour particulier

- une bande intéressante:
l'homme masqué (Lone Ranger), le cavalier
solitaire avec Silver, son éternel cheval blanc
de Ed Kressy, le co-auteur avec Flanders
du roi de la prairie

- deux bandes humoristiques peu connues:
les Durondib et leur chien Adolphe de Knerr
ainsi que les prodigieuses inventions
du professeur Picric de Segar
et aussi une bande humoristique
"intello américaine" en avance
sur l'humour classique: Skippy de Percy Crosby

- deux périodes pour Hop-Là
a) nos 1 à 52, 8 pages, petit format 24x34 cm
avec beaucoup de couleur
b) nos 53 à 94, 12 pages, grand format 27x37 cm
mais en noir&blanc
- Hop-Là disparut au début de la guerre,
la valeur du titre n'en persista pas moins
puisque durant l'occupation, Mickey et Robinson
repris par Hachette, associèrent tous deux
son nom à leur parution prenant ainsi
l'un et l'autre les titres respectifs
de journal de Mickey et Hop-là réunis
ainsi que Robinson et Hop-Là réunis

D) "Aventures": du rêve à l'état pur
(avril 1936 à septembre 1941)
édité par la Libraire Moderne/S.A.G.E.
- c'est le plus collectionné et le plus cher
des périodiques de l'âge d'or parce que
ses premiers numéros (1936-1937) sont très rares,
malgré que la qualité de certaines bandes
d'origine italienne laissait à désirer,
mais il disposait aussi jusqu'en 1941
d'excellentes bandes américaines qui
exploitaient le mythe des terres lointaines
avec de l'aventure à toutes les pages,
toutefois peu de strips d'humour

- ses meilleures bandes: Buck Rogers
au XXV siècle de Dick Calkins, c'est
le premier héros véritable de
la littérature moderne de science-fiction,
puis l'agent secret X-9 de Raymond,
le roi de la stratosphère (skyroads)
par Russell Keaton,
les aigles de l'Himalaya de Cossvit
= Vittorio Cossio, le frère de Carlo Cossio,
créateur de Jim Taureau et enfin
Raoul et Gaston (Tim Tyler's luck) de Lyman Young,
la série phare du périodique qui donnera
un fabuleux portrait de l'Afrique animalière

- il y eut en outre le cow-boy héroïque
(Bronc Peeler) de Fred Harman (à ne pas
confondre avec le Red Ryder de Fred Harman),
Red Barry de Will Gould, et aussi
le Fantôme du Bengale qui fit
une longue carrière dans Aventures
ainsi que Yordi (alias Superman),
première bande du Superman par Joe Shuster
publiée en France avant la guerre
à noter: le magazine qui portera son nom
sera vendu aux Etats-Unis durant 40 ans
à plus de 18 millions d'exemplaires

E) le grand frère en aventures: Jumbo (1935-1944)
- Aventures continua sa carrière en fusionnant
avec Jumbo au no 18 de 1941 en y introduisant
une nouvelle bande italienne:
Alain la Foudre (Dick Fulmine) de Carlo Cossio

- Jumbo édité par la Libraire Moderne
le 9.2.1935 disparut le 12.11.1944
(en décadaire = bimensuel dès 1943)
- sa destinée se recoupait beaucoup
avec Aventures, il ne publia au départ
que les principales bandes de Raoul et Gaston,
agent secret X-9, Bronc Peeler,
le roi de la prairie et Dick Fulmine
ainsi que quelques bandes d'humour:
le père Lacloche et Pétard de Russell,
Débrouillard et Tire-au-flanc (Mutt and Jeff)
par Bud Fisher, il publia également
des dessinateurs français à leur début tel que
Chott (Pierre Mouchotte), auteur de Bertrand la Rafale
et Rodaly (escadrille 33) et aussi Tori,
puis Gal qui signeront successivement
la première BD de Zorro, l'homme au fouet,
entre fin 1939 et 1942

>> p. 99 né en 1935, Jumbo mis trois ans
pour percer, il faut dire qu'il ne publia
au départ, et bien trop longtemps,
que de classiques et assez médiocres bandes
italiennes ou anglaises, toutefois grâce aux
dessinateurs américains, il rejoignit en 1938
Aventures parmi les grands de l'âge d'or

F) Hurrah, l'illustré populaire par excellence
(avant-guerre)
- 7 années d'existence, édité par Cina Del Duca
du 5.6.1935 au 16.4.1942 avec une interruption
entre le 23 juin et le 10 décembre 1940 (334 nos)
- avec Hurrah, Del Duca frappa très fort,
cet hebdomadaire, appartenant au magnat
de la presse du coeur, fut le plus populaire
des journeaux de jeunes de l'époque,
il ne parvint toutefois pas à égaler
le journal de Mickey,
mais se situera en deuxième position

- deux bandes firent sa renommée:
a) Brick Bradford, le héros
de William Ritt et Clarence Grey,
parue également dans Robinson
sous le nom de Luc Bradefer
(France-Soir du jeudi la reprendra
en 1946-1947), cette bande figurera encore
après guerre dans Donald et dans Zorro-Jeudi magazine,
toujours sous le bandeau de Luc Bradefer
et on la retrouvera dans l'édition belge de Spirou
- Clarence Grey commence chez Hearst (KFS)
en août 1933 avec son compère William Ritt,
grand admirateur de E-R. Burroughs
- le dessin de Clarence Grey est d'une élégance
et d'une beauté sans égales
- Brick Bradford voyage partout et jusque
dans l'infiniment petit avec le célèbre voyage
dans une pièce de monnaie

b) King, le roi de la police montée
(King of the royal mounted)
de Zane Grey, un spécialiste du western,
avec Allen Dean ou Charles Flanders
comme dessinateurs, le héros était
un tunique rouge de la police montée
canadienne, aventures s'effectuant
aussi beaucoup dans le Grand Nord

- d'autres bandes du périodique furent:
a) Myra, l'infirmière héroïque
(Myra North, special nurse)
de Ray Thomson et Charles Coll,
une infirmière qui, mêlée à plusieurs
affaires sordides, affronte
l'adversaire avec courage et panache
b) l'imbattable Pinky (Pinky Pinkerton)
de Eddie Sullivan et Charlie Schmidt
pour le dessin
c) les boucaniers (hawks of the seas)
qui marquent les débuts de Will Eisner
et qui annoncent le Spirit avec son extraordinaire
science du noir et du blanc et du clair-obscur
>> p. 105 Will Eisner dans le même temps
va donner à Jumbo une autre excellente série
consacrée à Sheena, le premier Tarzan
conjugué au féminin

- Hurrah publiera aussi un Tarzan
dû non pas à Hogarth ni à Foster,
mais à un dessinateur moins connu:
William Juhré, un Tarzan qui n'aura
rien de commun avec celui
des autres dessinateurs

- quatre autres bandes peu connues
parues dans Hurrah:
1/ Ace Drumond (l'as des as) de Eddie Rickenbacher,
histoire d'aviation
2/ Scorchy Smith (Bob l'aviateur) de Frank Robbins
3/ Gordon Fife (Gordon soldat de fortune)
n.b. fife = fanfaron
bande dessinée par John Halas, puis par Carl Pfeufer
>> p. 106 Pfeufer se fera surtout connaître
avec le célèbre Donald Dixon dans l'Aventureux
4/ the steel phantom (le fantôme d'acier)
de Charles Nicolas, un autre fantôme
que celui de Ray Moore, celui-ci plus
éthéré (léger), moins massif et moins carré

- toutefois Hurrah fit aussi appel
à de nombreuses bandes italiennes
(qui se feront surtout connaître
dans Hurrah après-guerre)
dont Dick l'intrépide ainsi que
du dessinateur français Brantonne
avec François l'imbattable, durant 1940-1941,
beaucoup inspiré de Superman

G) cousin germain de Hurrah: l'Aventureux
édité par Del Duca de mars 1936 à avril 1942
(295 numéros), sa publication sera interrompue
de juin à décembre 1940,
lorsqu'elle a repris, Del Duca a lancé en zone libre
un hebdomadaire ayant exactement le même contenu,
l'Audacieux, dont la publication s'est poursuivie
jusqu'en juillet 1944

- c'est l'un des préférés des collectionneurs,
bonne qualité, mais surtout dû à une avalanche
de séries dont pas moins de 63, publiées
en six années d'existence, toutefois
changeant six fois de format oscillant
entre deux sous-titres:
le journal de la jeunesse moderne
ou le journal des grandes aventures
- contenant tout de même des illustrations
couleur de premier choix représentant
tous les genres: science-fiction, aventure
policière, espionnage et guerre, le western,
l'aventure historique, la féerie
et l'aventure exotique, mais pratiquement
sans bande humoristique

- des bandes italiennes de modeste qualité
sauf pour trois comics de tout premier ordre
signées de Kurt Caesar, certainement
le plus génial dessinateur européen de cette époque
- il a donc collaboré par trois fois à l'Aventureux:
a) le corsaire de fer
b) les conquérants de l'avenir
c) la patrouille bleu horizon

- la principale bande étant
les conquérants de l'avenir,
des conquérants qui viennent de Mars
et qui ont établi leur base secrète
dans le Matto Grosso pour conquérir la terre

- quelques bandes britanniques et italiennes
telles que Valvert le magicien,
l'explorateur mystérieux, le sergent courageux
et Jeannette, l'orpheline héroïque
par le dessinateur Cap peu connu

- malgré toutes ces bandes européennes,
ce seront les bandes américaines
qui tiennent le haut du pavé avec
- Don Winslow of the navy de Léon Beroth
- King of the royal mounted de Zane Grey
et Charles Flanders
- Donald Dixon de Pfeufer
- Red Ryder, le roi du Far West de Harman
- Terry et les pirates de Milton Caniff
qui ne durera pas longtemps, mais qui apporte
une foule de personnages tels que
Terry un jeune garçon et son ami Pat Ryan
accompagnés d'un petit chinois très drôle
baptisé George Webster ainsi que de
fort belles femmes telles que
Dragon lady, une eurasienne plutôt cruelle
et la blonde Burma, Terry allait devenir
durant la 2ème guerre mondiale un héros
de l'US Air Force bien que Caniff
n'ait jamais porté l'uniforme
- Charlie Chan de Alfred Andriola, bande
chinoise avec Chan le détective oriental très typé
- Connie de Godwin (connue aussi sous le nom de
Diane et Liliane)
- et au no 39 pour un règne éphémère:
Diane, reine de la jungle

- toutefois, les bandes les plus suivies
seront celles de
1/ Don Winslow, espionnage et affaires militaires,
créé par Léon Beroth en 1934 dans
le New York Sun et Chicago Daily News dessinée
en collaboration avec Carl Hammond
et Frank Martinek comme scénariste
- Don Winslow et ses non moins célèbres
adversaires: le Scorpion, le Faucon,
le Crocodile et le savant Centaure

2/ Donald Dixon est une grande bande
de science-fiction du genre Flash Gordon,
dessinée par Carl Pfeufer et écrite par Bob Moore
>> p. 116 Don Dixon est le fils d'un savant,
inventeur d'une machine à explorer le temps
et Dixon avec son ami Haynes exploreront
des cités cachées découvrant
des civilisations perdues

mais la bande la plus intéressante
restera les conquérants de l'avenir
qui se déroule dans les 46 premiers nos de 1936
et qui font la joie des collectionneurs

H) un fils naturel de l'Aventureux:
le corsaire de fer

- le plus petit et le plus insolite
des périodiques d'avant-guerre,
ainsi que le plus avant-gardiste
- il n'y eut que 22 numéros
du 24.9.1936 au 24.2.1937

- son héros le corsaire de fer est
dû au fameux Kurt Caesar
>> p. 119 le grand mérite de Del Duca
aura été d'avoir donné ce nom de corsaire de fer
à l'hebdo avant que Caesar ne devint célèbre
- cette série révéla la fascination
de l'Amérique du sud

- il y aura encore deux bandes peu connues:
a) l'étoile du sud par Salemme
(non mentionné dans la bédéthèque,
mais qui créa encore le prince charmant
dans l'Intrépide))
b) Teddy en Afrique, genre Jim la jungle
(par Kurt Caesar?)

- l'expérience de ce périodique fut
sans lendemain et Del Duca mit fin
très vite à sa parution, laissant le champ libre
à ses deux grands titres que le succès
avait déjà couronnés

IJ) chez les Offenstadt: l'As et Junior,
le plus grand illustré de la jeunesse

aa/Junior
- publié d'avril 1936 à mars 1942 puis
durant les sept premiers mois
de 1947 par la Société parisienne d'édition (SPE),
le magazine a reparu à partir de 1958
et à la fin des années 1970

- si le corsaire de fer fut le plus petit
des illustrés d'avant-guerre, Junior fut
le plus grand par la taille bien sûr
- Junior s'affirma très vite comme
un produit original faisant appel
aux meilleurs dessinateurs français
de l'époque dont Mat, Pellos et Calvo;
Junior avait su s'attirer de suite
les adultes sportifs par de remarquables
chroniques et même, durant un temps,
avec un supplément Junior-Sports

- Junior fut en fait la seule véritable
réussite des Offenstadt après 1934,
ce journal, le plus grand illustré de la jeunesse
comme il s'intitulait lui-même, dut
sa renommée à sa première page, toujours
consacrée aux tribulations de Tarzan
- l'extraordinaire dessin dynamique et
fouillé de Foster illustrait
les 70 premiers numéros, puis Hogarth
qui signa les planches suivantes
jusqu'au no 241 du 22.5.1941 avec
son graphisme exceptionnel, sa connaissance
réelle de la faune et de la flore,
la végétation luxuriante de la jungle
ont fait de son Tarzan le plus achevé
et le plus magnifique de tous
>> p. 124 curieusement ni Foster qui
créa Tarzan en 1929, ni Hogarth qui
lui succéda en 1937, n'eurent recours
aux ballons et leurs bandes ne sont donc
point tout à fait conformes à la définition
de la BD de l'âge d'or, le texte toutefois
ne souligne pas l'image, il y est inclus et
participe en quelque sorte à son propre mouvement
n.b. c'est aussi le cas pour le récit
Futuropolis de Pellos

- à côté de Tarzan, il y eut aussi les bandes de
a) Katzenjammer kids dans leur version
originale, celle de Dirks, pas celle de Knerr
que se réservait le journal de Mickey,
ils parurent sous le titre quelque peu
insolite de capitaine Fouchtroff
b) Terry et les pirates de Milton Caniff
c) Charlie Chan de Alfred Andriola
d) Alley Oop de Vincent T. Hamlin,
une sorte de géant préhistorique à façe
de singe avec sa fiancée la brune Oola
e) Abbie an'Slats de Van Buren,
grotesquement titré en français
P'tit Zef poids mouche, décrivant
la vie quotidienne d'une petite ville
américaine appelée Crabtree
f) Flyn' Jenny curieusement titré
les gangsters du ciel de Russel Keaton
g) Red Ryder, le cavalier rouge de Fred Harman

- deux séries humoristiques:
a) Benny de J. Carver-Pusey,
un comic très dépouillé
b) Henry de Carl Anderson, un jeune garçon
en culottes courtes

- les bandes françaises furent largement
aussi nombreuses dans Junior où s'illustrèrent
Callaud, Pellos, Calvo, Trubert et Mat,
mais c'est Mat, alias Marcel Turlin,
qui débuta sa carrière en 1920
au Canard enchaîné qui fut sans doute
le collaborateur humoristique le plus assidu
de Junior avec les séries Nestor Labiscotte
et surtout les aventures fantastiques
du professeur Soupe
- Calvo commença à s'y distinguer
avec son Chevalier Chanteclerc

- mais le collaborateur français
le plus génial de Junior reste
incontestablement Pellos pour son Futuropolis,
mais aussi avec une bande
d'aventures sportives: Jean-Jacques Ardent, athlète
- Futuropolis fut la première vraie
bande française de science-fiction,
elle reste aujourd'hui encore
une absolue réussite tant pour l'intérêt
du récit, l'esthétisme raffiné du décor,
le cadrage éclaté des strips
que pour la beauté intrinsèque
du dessin, un chef- d'oeuvre

bb/ l'As
- successeur direct du Petit Illustré édité par la SPE
d'avril 1937 à juin 1940, 169 numéros
>> p. 121 seul l'As, avec Junior, fut capable
de rivaliser avec les grands concurrents
de l'âge d'or, l'As avait introduit d'ailleurs
le même dosage assez équilibré
de bandes américaines et françaises
a) Tarzan de Foster et de Rex Maxon,
Terry et les pirates, Buck Rogers,
Broncho Billy de Harry O'Neil,
Loco Luck de J.A. Warren
n.b. à ne pas confondre avec
un certain Lucky Luke (loco = fou)
b) Bibi Fricotin de Caillaud,
les Pieds-Nickelés de Badert,
le centaure de Vezelay par Calvo,
deux bandes de Giffey:
Jean-Lion le spahi et la vie de Guynemer,
le bison noir du Far West par Jo Valle
et les cinq sous de Lavarède de Pellos
c) une bande humoristique: le chat Spooky
et Rigobert de Bill Holman

- l'As, qui était l'héritier du Petit Illustré,
ne parvint jamais cependant à oublier
ses origines, les simples histoires en images
étaient nombreuses et les bandes américaines
trop peu présentes - et pourtant la présentation
de l'As était de qualité, la couleur vive
et attrayante avec les excellentes séries
de Kurt Caesar pour l'amour des ailes:
l'aigle du ciel et l'aéroport Z

K) le journal de Toto: un cas à part
périodique qui dura du 18.3.1937 au 6.6.1940

->> p. 131 créé le 11 mars 1937 par
le Petit Parisien, le journal de Toto
réservait sa première page au jeune héros
qui lui donnait son nom, une création
de Robert Velter, alias Rob-Vel, alias Booz,
le père de l'illustrissime Spirou
- Toto fut donc l'ancêtre ou
le grand frère de Spirou

- quelques autres bandes françaises
et italiennes furent publiées telles que
le dragon vert, Irma héroïne no1,
Clodomir de Perré et Bill l'Albatros,
pirate de l'air, très style Away (Kurt Caesar)

>> p. 131 la plus grand bande européenne
reste toutefois une excellente histoire
de science-fiction due à l'italien
Giovanni Scolari sur un scénario
de Federico Pedrocchi:
Saturne contre la Terre qui restera
un grand classique du genre

- mais ce seront à nouveau les bandes
américaines qui feront le succès du journal
et, à l'exception de Buck Rogers,
pratiquement inédites en France:
a) Red Barry de Will Gould dès le Ier numéro,
publié sous le titre de Jim Rouletabosse,
bande qui fut jugée plutôt violente
b) Dick Tracy de Chester Gould qui mettait
en scène une extraordinaire galerie
de voyous, criminels et de monstres
c) Polly and her pals de Cliff Sterett,
sous le titre de Poupette
d) le savant fou dr Fu Manchu,
dessiné par Léo O'Mealin,
la série sera reprise après la guerre
par Wallace Wood et même par la romancière
Juliette Benzoni avec le dessinateur Robert Bressy



4/ le grand tournant: 1941 - 1944 ou
l'acte de naissance de la nouvelle BD française

A) les survivants de l'avant-guerre

>> p. 137 finies les importations d'outre-Atlantique,
paradoxalement le temps de l'occupation
aura été bénéfique à nombre de créateurs
réduits à faire oeuvre utile et de qualité
grâce à leurs seules ressources, avec
de faibles moyens et en se réfugiant
dans les domaines qui pouvaient encore
échapper à la censure:
le rêve, la féérie et l'histoire

- la plupart des périodiques prennent fin:
Hurrah au 16.4.1942, l'Aventureux au 3.5.1942,
Aventures au 27.9.1941, Junior au 5.3.1942;
Jumbo sera le seul qui poursuivit sa carrière
sans coup férir jusqu'au 12.11.1944
avec Coeurs Vaillants
>> p. 137 le journal de Mickey et Robinson
sont toujours là, mais ne paraissent qu'en
zone libre, mais mal imprimés sur du
mauvais papier avec des couleurs médiocres,
le journal de Mickey et Robinson auxquels
est adjoint le titre de Hop-là
se termineront le 2.7.1944

- les dessinateurs français qui succéderont
aux américains seront essentiellement
Pierre Billon, Georges Sogny, Pommert
et surtout Pellos qui signera
compagnon Michel (2 compagnons de France)
et aventures sous l'équateur, mais il y aura
aussi Poïvet, Giffey, Brantonne, Rodaly et
Chott (Pierre Mouchotte)

>> p. 139 une création plutôt réussie:
celle de l'Audacieux lancé par
les Editions Mondiales (Del Duca)
le 30 janvier 1941, n'eut toutefois que
79 numéros et se termina le 24 août 1942
- les premiers nos publièrent encore
quelques bandes américaines, telles
Red Ryder, Don Winslow, Charlie Chan
et Donald Dixon, mais au no 5 les bandes
françaises font leur apparition dont surtout:
a) François l'imbattable inspiré
de Superman par Brantonne
b) des corsaires anti-anglais bien sûr
avec le superbe corsaire de la mort
dans l'Audacieux par Giffey
ainsi que Surcouf, roi des corsaires
et le comte de Monte-Cristo
c) Napoléon, Christophe Colomb et
les aventuriers du Val d'or par Poïvet
d) la patrouille héroïque par A. Lejeune
e) Chevalier Chanteclerc et d'Artagnan par Calvo
f) une bande bien réussie dans Junior:
le signe du jaguar par Liquois


B) Coeurs Vaillants: toujours là
- édité par Fleurus, c'est un magazine hebdomadaire
français catholique destiné à la jeunesse,
fondé en 1929 avec son pendant Ames Vaillantes
- le 8.12.1929 l’union des œuvres catholiques
de France (UOCF) crée Cœurs vaillants,
visant un lectorat âgé de 11 à 14 ans
qui sera le vivier d'un mouvement d’Église

>> p. 143 Coeurs Vaillants proclamait
haut et fort la pensée catholique
et n'avait de mots assez durs à l'égard
de ses concurrents de l'âge d'or,
accusés à travers leurs bandes américaines
de pervertir l'esprit de la jeunesse,
il va bien sûr maintenir le cap
durant toute la guerre avec quelques aléas
toutefois passant de la vénération totale
au maréchal et au régime de Vichy
à un prudent nationalisme à la veille
de la libération

- imprimé durant toute l'occupation à Lyon,
il terminera provisoirement sa carrière
en août 1944, un autre Coeurs Vaillants
était diffusé aussi en zone rurale à l'intention
de la saine jeunesse campagnarde,
y figurait entre autre Sylvain et Sylvette
de Marcel Cuvillier,
il y eut aussi un Coeurs Vaillants
imprimé au Caire (1941-1946)
sous la responsabilité du Collège
de la Sainte Famille
et un autre à Casablanca,
terre d'Empire (1942-1945);
Coeurs Vaillants reparait sous
son visage habituel le 19.5.1946
à noter que le journal donna aussi
naissance à Fripounet et Marisette,
Perlin Pinpin et la voix de l'Ouest

- des bandes diverses y furent publiées
dont histoire de l'église en BD,
mais Coeurs Vaillants a grandi et prospéré
avec le Tintin de Hergé, on publia toutefois
les aventures de Tintin parfois
sous d'autres titres tels que
Tintin dans la brousse (Congo),
et chez les indiens (Amérique)
- toutefois un autre grand dessinateur,
Marijac, y illustra ses récits tels
les différentes histoires de Jim Boum
dont l'irradium X-40
et les séries humoristiques de
Cesarin Pitchounet et capitaine Pat'folle
- autres bandes: la cité perdue par Robert Rigot et
Jean-François, chef d'équipe créée par Jean Bernard
(des compagnons du devoir), dessinée par Rigot
développant tout le programme cher
à l'idéologie de Vichy,
- il y aura aussi la série l'électron Z de Patrice,
dessinateur attitré de Ames Vaillantes

n.b. dans ce chapitre, l'auteur y développe
ses idées sur les aventures de Tintin
et n'y est guère tendre pour Coeurs Vaillants
>> historique de Coeurs Vaillants (voir information)


C) des essais sans lendemain:
les Grandes Aventures et Gavroche

- ces deux titres furent lancés par
des nouveaux venus dans le monde
des illustrés: les éditions de Demain associées
aux éditions Théophrase Renaudot
ils ne durèrent que de 1940 à 1942 avec 70 nos,
respectivement 66 nos

>> p. 147 l'âge d'or américain était fini,
Paul Winkler était en exil aux Etats-Unis,
les autres éditeurs renonçaient ou inventaient
de nouveaux titres, il fallait alors
improviser ou innover
- il n'y eut guère de nouveauté graphique
dans tout cela, c'était plutôt l'inverse,
un retour fréquent aux histoires en images
avec des Surcouf, Jean-Bart, Lafitte etc
par le trio Poïvet-Giffey-Brantonne,
bien sûr tous ces personnages ne valent pas,
Flash Gordon, Brick Bradford ou Tarzan
- et certains tenteront malgré tout,
avec ces héros-là, de faire revivre
à leur manière, l'âge d'or américain,
ils y réussiront avec plus ou moins de succès

a) Gavroche
comme bandes d'aventure, il y aura:
- Criquet, gamin de Paris de Niezab,
alias Gaston Niezabyjowski
qui produira aussi Kid Brown, le champion
- bolide fantôme de Vittorio Cassio
- la comtesse Margot du russe
émigré Kouznietzoff
et côté humour:
- Vica qui se met lui-même en scène
avec des bandes de qualité telles
Vica, capitaine du Patate, mais aussi
des récits pro-nazis parus en 1942
comme Vica au paradis de l'URSS,
Vica contre le service secret anglais
et Vica défie l'oncle Sam
- Erik avec sa bande du professeur Globule
et du docteur Virus

b) toutefois les Grandes Aventures
sera plus intéressant en apportant
de meilleures bandes telles que
- Calvo avec Tom Mix, chevalier du Far West
qui réinventa le western dans un style
et ton personnels
- trois séries: Orient Express,
le mystère du Dalaï Lama et Tarass Boulba
des russes Kouznietzoff, Solovieff et Lobachev
- Erik avec sa bande humoristique
Trancheroc l'invincible
- Brantonne avec Jean Lafitte,
le corsaire gentilhomme, Buffalo Bill
et le justicier qui donna libre cours
à son talent de créateur
- Poïvet avec Robin des Bois et Robinson Crusoe

>> p. 152 les Grandes Aventures et Gavroche
terminèrent trop tôt leur carrière, tous deux
avaient toutefois permis de révéler des inconnus,
des talents nouveaux, aux côtés
de créateurs chevronnés, ils avaient affirmé,
à un certain moment, la présence
d'une nouvelle BD française qui se cherchait
encore et parfois se trouvait

D) une florilège de nouveaux titres:
les Belles Aventures, Cendrillon, Pic Nic,
Fanfan la Tulipe

>> p. 155 revenu à la tradition
des histoires en images, toute une série
de titres nouveaux vont voir le jour
à l'ombre du régime de Vichy et principalement
en zone libre, mais de qualité souvent médiocre
et généralement de brève existence
- leur mérite restera sans conteste
d'avoir popularisé la BD française
et d'avoir permis à des dessinateurs français,
non seulement de pouvoir vivre en
ces temps difficiles, mais également
de se faire connaître du grand public
et leur succès se poursuivra, une fois
la guerre finie, dans de nouveaux périodiques,
albums ou récits complets

il y aura parmi d'autres:
- Fanfan la Tulipe, 1941-1942 qui fut
infuodé complètement à l'idéologie de Vichy
- Cendrillon et Pic Nic débutèrent
en 1943-1948 par Del Duca, illustrés
par une grande diversité de dessinateurs
tels que Gahou avec son Salammbô,
Chott avec le temple de la peur,
ainsi que Nortier, Cézard, Gire, Niezab et Le Guen
- les Belles Aventures lancées
par Del Duca en 1942-1944 avec principalement
des bandes de Giffey
(les trois mousquetaires, Surcouf),
Poïvet avec sans le sou et Brantonne avec Luc Ardent

>> p. 158 d'autres titres nouveaux fleurirent encore
malgré la pénurie de papier et surtout de bon papier,
en ces temps d'occupation tels que les cahiers d'Ulysse
où règnaient les italiens Scolari, Molino, Albertarelli
et le grand Kurt Caesar et où côté français
Calvo et Liquois apportèrent également leur contribution
(34 numéros entre mars 1941 et août 1942)
- ainsi qu'un autre illustré: Ololé
un journal breton avec comme
principaux collaborateurs:
Le Rallic, Thomen et même Hergé
qui y donna son Tintin au pays des soviets,
Le Rallic y signant deux bandes:
corsaire des îles et Gaït, cavalière du Texas

>> p. 158 mais tous ces journeaux n'allaient
connaître ni un vrai succès, ni la qualité
du plus célèbre des journeaux de l'époque:
le Téméraire

E) le Téméraire:
le meilleur de cette époque.. hélas!

- ce journal bimensuel, fondé en janvier 1943
n'eut aussi qu'une existence assez brève,
il se termina au no 38 le 1.8.1944 disparaissant
dans le déshonneur de la collaboration,
il s'appelait le journal de la jeunesse moderne

>> p. 161 le Téméraire n'était pas
ouvertement pro-nazi comme l'a dit
Claude Moliterni, il distillait insidieusement
l'idéologie nationale-socialiste dans
des textes habiles, procédant beaucoup
plus par allusions que par affirmations, mais
surtout le journal avait fondé des cercles
de jeunes adhérents, cercles baptisés
téméraire, à tendance raciste
- ces sottises, ces mesquineries,
ces clins d'oeil outrageants à l'idéologie ambiante,
n'empêchèrent pas le Téméraire d'avoir été
tout à fait avant l'avant-garde des journeaux
pour la jeunesse de la guerre,
ce fut peut'être le meilleur journal de l'époque et
le premier grand journal
de bande dessinée française

- le Téméraire se lisait en effet
de la page une à la dernière page
sans qu'on laissât rien de côté,
tout y était intéressant
- y paraissaient de nombreuses bandes
humoristiques avec Vica, Erik et même Liquois
- Vica l'humoriste avec les étrennes
de PéPé-Vica parues dans le Téméraire
disparut du monde de la BD après la libération,
son pseudonyme est longtemps resté un mystère,
mais l'on sait maintenant qu'il s'appelait
Vincent Krassouky, un rescapé des combats
anti-bolchéviques des années 20
- deux autres humoristes: Gire (Eugène Giroud)
avec Mic Patati et Patata
ainsi que Jean Ache (pseudonyme de Jean Huet
en hommage à Caran d'Ache)
avec Biceps, le costaud sentimental,
animaient le journal

- en matière d'aventures, policières
et espionnage, deux dessinateurs
se disputaient la vedette:
Marc le téméraire de Josse
et vers les mondes inconnus de Liquois
>> p. 163 si Marc le téméraire bien
qu'intéressant ne laisse pas
un souvenir impérissable, il n'en est pas
de même en revanche pour la bande de Liquois,
première BD de science fiction française
après le merveilleux Futuropolis de Pellos
>> p. 163 quoi qu'il en soit, tous ces créateurs f
irent du Téméraire un journal très recherché
par les collectionneurs
- et avec le Téméraire et quelques autres
périodiques qui survécurent jusqu'à l'été 1944
pour disparaître à leur tour avant de laisser
la place aux journeaux de la France libérée,
c'est l'âge d'or de la BD authentiquement
française qui se termine



5/ après l'âge d'or, un nouveau souffle,
mais la magie des pionniers a vécu

aa) le timide retour des américains:
Donald, l'Astucieux, Tarzan
et un nouveau Mickey

>> p. 167 le retour à la liberté et
le foisonnement des idées qui va
présider aux années post-libératoires
vont très vite amener la multiplication
des journeaux pour la jeunesse,
c'est ainsi qu'on va voir renaître
du côté des éditions de Montsouris,
de Fleurus et de la Bonne Presse
les titres qui avaient reçu, faute
de la sanction du talent le plus souvent,
le label de la respectabilité:
Lisette (Montsouris), Fillette (SPE),
Bayard (Bonne Presse), Pierrot (Montsouris),
Coeurs Vaillants et Ame Vaillantes (Fleurus)
- de leur côté, les communistes lancent
le 1.7.1945 le jeune Patriote qui va très vite
devenir Vaillant, un journal d'une réelle qualité
qui tiendra jusqu'en 1969, année
de la naissance de Pif Gadget

- Paul Winkler, revenu des Etats-Unis
va essayer de reprendre la formule
qui lui avait si bien réussi avant guerre,
il va lancer un nouveau titre:
Donald qui s'affirmera très vite
comme le meilleur journal de l'époque,
paraissant en mars 1947, ildevra s'arrêter
au no 313 du 22.3.1953 sous la pression
de ses adversaires qui ont fait voter la loi de 1949
- renouveau du journal de Mickey le 1er juin 1952,
mais si le succès est là, on est bien loin
de la qualité du journal de Mickey des années 30

- d'autres journeaux apparaissent
et le nombre des créations
entre 1945 et 1950 est considérable, tels
- Hurrah lancé en 1951 par Del Duca
- l'Intrépide qui débute le 8.12.1948 par Del Duca
- l'Astucieux dès le 14.5.1947 au 1.12.1948
(Del Duca)
- Tarzan magazine par Del Duca,
suite du Tarzan zone libre de 1941,
paraissant de 1946 à 1952 avec 293 numéros,
avec les bandes de Tarzan par Foster,
Hogarth, Rex Maxon, Rubimor, Lubbers, Reinman,
Barry, Lehty, Cardy etc, ainsi que les excellentes
bandes de Giffey dont son Buffalo Bill,
son existence fut mouvementée avec
des campagnes de dénigrement qui l'obligèrent
à terminer en 1952
- Aventures des éditions SAGE,
début le 5.6.1947, fin 24.1.1949

- avec maintenant des bandes en majorité
italiennes et françaises, l'Astucieux eut
beaucoup plus de collaborateurs américains
(Frank Godwin avec Liliane,
Joe Shuster avec Superman,
Bob Kane avec Batman, Beroth (Don Winslow),
Frank Robbins (Bob l'aviateur = scorchy Smith)
et surtout Hogarth avec son Tarzan

bb) des nouveautés françaises:
Coq Hardi et Vaillant façe aux belges
Spirou et Tintin, avec pratiquement
des bandes de dessinateurs français uniquement

1/ Coq Hardi
- né de la volonté de Marijac alias Jacques Dumas
dès le 20.11.1944 et qui durera jusqu'en 1963
produit par les éditions Chateaudun
avec les excellentes bandes de
- les trois mousquetaires du maquis (Marijac)
- guerre à la terre (Liquois)
- capitaine fantôme (Cazanave)
- Poncho Libertas (Le Rallic)
- colonel X (Poïvet) et Cricri (Calvo)
- contrairement à Vaillant, Marijac fit aussi
appel à des américains tels que Hogarth (Drago),
Harman (Red Ryder) et même Martin Branner
qui lui donna Bicot, Ursule et Cie

2/ avec Vaillant, c'est une toute autre histoire,
pas question bien sûr, de bandes américaines
dans ce journal contrôlé par le parti communiste,
avec le slogan US go home, mais en revanche,
il n'était pas interdit d'imiter les américains!
- et le journal s'assura la collaboration
de toute une série de dessinateurs ou scénaristes
qui vont vite devenir célèbres:
Paul Gillon, Gotlib, Tabary, Kalkus,
Roger Lecureux, André Cheret
et l'espagnol Cabrero Arnal;
tous les genres y seront représentés

- d'autres titres, toujours français,
tenteront de s'imposer mais sans grand succès
tels que
aa) OK qui dura trois ans du 15 mai 1946
au 2 juin 1949, édité par la Société
d'édition enfantine qui permit à l'italien
Albert Uderzo de se faire connaître
avec Belloy l'invulnérable,
Erik y donnera son Crochemaille le nerveux

bb) autre titre qui dura un peu plus longtemps
Jeudi magazine qui deviendra au no 39
Zorro-Jeudi magazine puis après avoir absorbé
France-Soir-Jeudi, Zorro-France-Soir-Jeudi
et enfin Zorro Nouvelle Formule,
au total pas moins de onze changements de titre,
les meilleurs dessinateurs seront:
- Oulié avec Zorro et Robin l'intrépide,
une suite de Corentin par Cuvelier
- Saint-Ogan avec Zig et Puce
- Pellos avec Chouchou, le roi de la petite reine
- Erik avec Chevalier Trancheroc
- Sirius (le belge Max Mayeu) avec Fred Morgan
- Van Straelen avec les évadés du Tibet
- Claude-Henri Juillard avec capitaine Tornade
- Roubinet avec le disparu de l'Amazone
- Jean Pape avec sergeant O'Brien
malheureusement Jeudi-Zorro était doté
d'un exécrable papier et son encre baveuse
lui conféra une qualité d'impression médiocre

3/ avec Tintin et Spirou, c'est la bande
dessinée belge qui pénétrait en force
sur le marché français,
- Tintin connut des débuts modestes:
56'000 numéros en 1949 mais 200'000
dans les années 60 alors que Spirou
atteignait d'emblée 200'000 numéros en 1946
et son succès n'allait pas se démentir

- Spirou réserva toujours une part
à la BD américaine classique (Superman,
Brick Bradford, Dick Tracy et Red Ryder),
mais la grande majorité de ses collaborateurs
venait de la grande école belge
dont le Spirou de Rob-Vel repris par Jijé,
Franquin et bien sûr Tom et Janry
- le grand succès de Spirou fut dû
à sa politique constante de s'adresser
à toutes les tranches d'âge

- Tintin bien sûr fut avant tout
le triomphe d'Hergé avec la collaboration
de Raymond Leblanc des éditions Lombard,
le Tintin belge démarra le 26.10.1946
et le Tintin français le 28.9.1948
- avec bien sûr les grands créateurs:
Hergé, Jacobs, Laudy, Martin, Vandersteen,
Le Rallic et Cuvelier pour ne citer que les premiers

- avec Spirou et Tintin, l'école belge
a tué réellement l'âge d'or, c'en est fini
de la grande époque des américains,
l'art est plus proche de la vie quotidienne
et les histoires peut'être aussi plus humaines
avec un style graphique différent
- l'ère des géants est morte, un petit reporter
en culotte de golf aura détrôné le formidable
Flash Gordon et l'invincible Brick Bradford
- une autre période commence dont un peu plus tard
Pilote signera le caractère irréversible



6/ la loi scélérate de 1949
et la lente agonie des périodiques

- toute la bande dessinée va subir
de plein fouet les conséquences
d'une loi stupide, d'une loi scélérate
votée par le parlement en 1949
grâce à la conjonction des députés
bien-pensants et des députés communistes

- un premier décret avait déjà contraint,
effet d'antiaméricanisme dans la BD,
les éditeurs de périodiques à publier
au moins 75% de BD française
- plusieurs périodiques firent donc les frais
de la loi du 16 juillet 1949
sous le numéro 99.956

- le second coup de boutoir fut la prolifération
des récits complets et des petits formats,
généralement de qualité médiocre mais à bas prix
>> p. 176 il faudra attendre la multiplication
des albums pour que le niveau se relève,
mais avec les albums, c'est un nouveau média
qui naît et va balayer les autres
au point de devenir peu à peu
le seul véhicule de la BD, les périodiques
enregistrant une nouvelle défaite

- aujourd'hui le temps des périodiques semble
bien résolu malgré quela loi de 1949 est
heureusement oubliée, même les professeurs
et enseignants n'ont plus le même dédain
pour le 9ème art que dans le passé

- le niveau des lecteurs de BD augmente
de plus en plus, 38% de la population
toutes générations confondues lit régulièrement
des albums de BD
- en 1999 il y eut 28 millions d'albums publiés
et leur tirage moyen est de 15'000 exemplaires,
certains atteignant même 400'000

- mais ces chiffres n'existeraient pas
et rien n'existerait des maisons d'édition,
des librairies spécialisées, des festivals,
s'il l'y avait eu, à une certaine époque,
des pionniers audacieux et géniaux qui ont su
lancer et populariser la bande dessinée
telle que nous la connaissons aujourd'hui



Conclusion
l'âge d'or: effet de nostalgie
ou évènement historique?

>> p. 178 c'est tout au début des années 1960
que s'est révélée la nostalgie des grands anciens
de notre avant-guerre, cette nostalgie est
exploitée alors par des quotidiens tels l'Aurore,
France-Soir ou le Parisien qui publient
des bandes d'autrefois comme la Blondie de Young
ou le Fantôme du Bengale
et le journal Pilote y jouera aussi un grand rôle

- dans l'autre livre sur l'âge d'or de la BD
paru en 1971, Edouard François y mentionne
à propos des années 1930-1940:
le perfectionnement du dessin et
l'introduction des techniques narratives
amèneront la BD américaine à un sommet
de qualité qui fait de cette période
le classicisme de cette forme d'expression

- les grands périodiques de l'âge d'or
avaient touché à tous les genres, ils avaient
exploré l'humour sous toutes ses formes
- les créateurs de l'âge d'or ont reculé
les bornes du temps et de l'espace


Annexes de l'album
1/ le tirage des journeaux de l'âge d'or (estimation)
- les classiques histoires en images ne dépassaient pas
à quelque exception près
les 100'000 exemplaires par année,
en revanche les journeaux de l'âge d'or
dépassaient très largement les 100'000 exemplaires,
le journal de Mickey et Robinson
venant en tête avec environ 500'000 exemplaires
- en 1946, Tarzan magazine tirait à 280'000 exemplaires,
Spirou et Vaillant à 200'000 et le journal de Mickey
en 1955 passait à 635'000 exemplaires,
le 2ème périodique bien situé sera
l'Intrépide 2ème série avec 250'000 exemplaires

2/ les grands comics, les héros et
leurs périodiques préférés de Abbie an'slats
de Van Buren et Al Capp à Zorro de Bob Dan

3/ bibliographie sommaire

4/ correspondances des noms des héros
de l'âge d'or tels les Katzenjammer kids
= Pim Pam Poum dans journal de Mickey par Knerr,
the captain and the kids
= le capitaine Cocorico (dans Aventures)
et capitaine Fouchtroff dans Junior,
tous deux par Rudolph Dirks


5/ index


>>> un superbe album bien détaillé
et très complet avec surtout
de sublimes et magnifiques illustrations

annexes du site
- couverture de l'album, 1er et 2ème plat
- pages de garde avec les conquérants de l'avenir
- couverture du journal de Mickey no 164 (1937)
- planche des malheurs d'Annie
- couverture de Hop-Là no 5 (1938) avec Popeye
- planche de Pim Pam Poum de Knerr
dans journal de Mickey no 293 (1940)
- couverture de l'album Aventures,
4ème année (1939)
- couverture de Hurrah no 28 (1935)
avec Brick Bradford
- planche de Donald Dixon
dans l'Aventureux no 36 (1937)
- couverture de Junior no 37 (1936) avec Tarzan
- couverture de Grandes Aventures no 43 (1941)
avec Tom-Mix
- couverture le Téméraire no 2 (1943)
vers les mondes inconnus
- couverture de Spirou no 441 (1946) avec Spirou
- couverture l'Astucieux no 7 (1947) avec Superman
- couverture du dernier no de journal
de Mickey no 296 (16.6.1940)

- deux planches de Radio Patrol
- une planche de Tailspin Tommy
- deux couvertures de Red Barry
- deux planches d'Erik (Fulminate et Vorax
+ Globule et Virus)
- deux planches de Vica


Information sur Coeurs Vaillants
- en 1934, le magazine compte 360'000 lecteurs
- en 1935, l’équipe est renforcée par l’arrivée
de l’abbé Jean Pihan (ex-Jean Vaillant, 1912-1996),
lui aussi membre des fils de la charité
- en 1936, naissance du mouvement Cœurs vaillants
- en 1937, le magazine Âmes vaillantes,
destiné aux filles, est créé
(le n°1 est daté du 8 décembre 1937)
- en 1940, Cœurs vaillants est interdit
en zone occupée, une partie de la rédaction
déménage à Clermont-Ferrand puis à Lyon
- de 1940 à 1942, Cœurs vaillants est
remplacé clandestinement en zone occupée
par le petit périodique Belles Histoires
de Vaillance où l'on retrouve Zimbo et Zimba,
de Maurice Cuvillier ainsi que Perlin et Pinpin,
parallèlement, l'équipe installée à Lyon
édite le magazine "classique" jusqu’à la libération,
au fil des années, le soutien d'abord affiché
au régime de Vichy va s'estomper pour
finalement disparaître
- l’arrestation par la Gestapo et
l’emprisonnement à Fresnes de l’abbé Jean Pihan
et de trois membres de son équipe en 1943
poussent l'éditeur dans la résistance passive
- en octobre 1945, comme les autres revues
ayant continué de paraître sous l'occupation,
Cœurs vaillants se retrouve provisoirement
interdit de publication car soumis à enquête
pour vérifier s'il y a eu ou non fait
de collaboration, des éditeurs liés
au parti communiste en profitent alors pour lancer
leur propre journal pour la jeunesse, Vaillant,
en jouant sur la confusion avec Cœurs vaillants
- de décembre 1945 à mai 1946, en attendant
ce sésame, le magazine est remplacé par
Tintin et Milou, supplément de la revue
autorisée la Voix de l’Ouest, qui contient
des bandes dessinées de Tintin
et des récits d’aventures,
à partir du 28 octobre 1948, Tintin paraît
comme publication autonome
- en 1963, édité par Fleurus Presse,
les rédactions de Cœurs vaillants
et Âmes vaillantes fusionnent et les revues
prennent respectivement
les noms de J2 Jeunes et J2 magazine,
titres plus modernes dont le premier J
rappelle le jour de publication, le jeudi,
qui est alors une journée sans école en France,
souvent consacrée au catéchisme,
en fait, J2 correspond aussi,
clin d'œil d'éditeurs ayant connu la guerre,
à la même catégorie d’âge pour les tickets
de rationnement que son lectorat
- en 1970, le magazine est rebaptisé Formule 1
- en 1981, Formule 1 cesse de paraître

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