série: | Etude de BD |
dessinateur / scénariste: | Gabut Jean-Jacques |
éditeur: | Herrscher EO 2004 |
genre: | Etude |
classement: | biblio615 |
date: | 2004 |
format: | cartonné, grand format |
état: | TBE/N |
valeur: | 30 € |
critère: | *** |
remarques: | une rétrospective de l'Age d'Or de la BD, les journeaux illustrés de 1934 à 1944 pages de garde: - au début, les conquérants de l'avenir, - à la fin, Futuropolis Introduction - le premier âge d'or de la BD en France fut en effet presque exclusivement américain, si l'on excepte quelques rares héros français ou belges (Pieds-Nickelés et Bibi Fricotin de Forton, les Zig et Puce d'Alain Saint-Ogan et le Tintin de Hergé), ce sont toutefois les grands dessinateurs américains qui firent incontestablement exploser la bande dessinée en France à partir de 1934 - la vraie BD, celles des bulles ou des ballons, a en effet commencé aux Etats-Unis avec les Katzenjammer kids (alias Pim Pam Poum) de Dirks et Knerr ainsi que de bringing up father (la famille Illico) de George McManus à la veille de la première guerre mondiale et les années 1920 virent la multiplication des auteurs et la naissance de la plupart des héros - la bombe qui éclata dans le ciel serein des petites feuilles historiées le 24 octobre 1934 fut le numéro 1 du journal de Mickey édité par Paul Winkler, ce sera le signal de cette révolution tout comme Robinson et Hop-là lancés un peu plus tard par le même Winkler, ce qui fut le début d'un choix des plus splendides pages de comics nés outre-Atlantique - il y eut en fait deux âges d'or: le premier qui va du lancement du Journal de Mickey à la disparition des BD américaines, soit de 1934 à 1941 et la seconde moins prestigieux, mais qui n'en a pas moins un vif intérêt, c'est celui où les pionniers français ont pris la suite des pionniers américains, où les jeunes dessinateurs franco-belges ont pris à leur tour le pouvoir, conquis leurs galons et dans des genres parfois très différents ont créé la vraie, l'authentique BD française 1/ les ancêtres de la BD moderne des histoires en images a) la préhistoire: de Töpffer et Christophe à Bécassine et aux Pieds-Nickelés - l'invention de l'histoire en images revient probablement à Töpffer dès 1827 avec sa première histoire "en estampes" mettant en scène le héros Monsieur Vieux-Bois, Töpffer affirmait déjà que les dessins sans le texte n'auraient qu'une signification obscure et le texte sans les dessins ne signifierait rien - l'ancêtre français de la BD était Christophe (George Colomb) avec le sapeur Camember ainsi que Benjamin Rabier, Caran d'Ache, Jo Valle (Lili l'espiègle) et Forton (les Pieds-Nickelés et Bibi Fricotin) - les éditeurs Tallandier, Fayard, Hachette qui publient des périodiques pour la jeunesse et surtout les frères Offenstadt avec la SPE (Société parisienne d'éditions) vont dominer le marché avec le Petit Illustré en 1906, puis en 1908 l'Epatant avec les Pieds-Nickelés de Forton, série reprise plus tard par Pellos >>p. 21 l'immortel trio de Croquignol, Ribouldingue et Filochard - lorgnant aussi du côté des jeunes filles, la SPE publiera Fillette de 1909 à 1964 avec Lili l'espiègle et la Semaine de Suzette de 1905 à 1962 avec Bécassine par Pinchon b) entre Zig et Puce et Bicot, la naissance des phylactères - mais le niveau de la créativité sera atteint avec Zig et Puce et le pinguin Alfred (symbole du salon d'Angoulême) par Alain Saint-Ogan, le pionnier de la BD française avec la systématisation des phylactères ou ballons - de 1908 à 1912 il y eut aussi les Katzenjammer kids (Pim Pam Poum) by Rudolph Dirks qui en abandonnant les légendes avec l'usage des ballons ou bulles conçut réellement au début de 1900 la première vraie bande dessinée, la version de Dirks allait être reprise plus tard dans Junior sous le nom de Capitaine Fouchtroff - ce sera aussi la famille Illico par McManus et le fabuleux Bicot et Suzy par Martin Branner (en anglais Winnie Winkle et son petit frère Perry) - Bicot fut peut'être aussi l'ancêtre lointain de Spirou, Rob-Vel, son inventeur, ayant été l'assistant de Branner au début des années 1930 c) les survivants d'un autre temps - deux revues dominent en 1930 le marché français: l'Epatant et l'Intrépide (avec surtout Forton, Mat et Giffey), dans le même genre mais avec moins de succès: Belles Images avec Betty Boop, Jeudi avec comme principaux dessinateurs Robert Dansler (Bob Dan) et Jean Trubert, Ames Vaillantes, Guignol, Jean-Pierre, Bayard (la Bonne Presse), Pierrot, Lisette (de 1921 à 1942) qui publia little Annie Rooney (la petite Annie) par Darvell McClure et aussi Bilboquet, Benjamin, Cri Cri (1918-1937) - ces périodiques ne pourront s'adapter façe aux journeaux de l'Age d'Or avec l'arrivée des bandes américaines sauf peut être Coeurs Vaillants grâce à la publication des aventures de Tintin et aussi de la participation de Marijac (Jim Boum) et de Cuvillier (Sylvain et Sylvette) 2/ la révolution Mickey et la victoire de la bande dessinée américaine a) un homme audacieux et visionnaire: Paul Winkler,fondateur d'Opera Mundi - une idée de génie: importer en France dès 1928 les productions de Walt Disney - avec la collaboration de la librairie Hachette, création de Opera Mundi, une prestigieuse agence de presse privée - en même temps Winkler devenait pour la France, le représentant du puissant syndicat King Features Syndicate appartenant au magnat de la presse américaine: Randolph Hearst - Winkler collabora aussi avec Cino del Duca, Edimonde et France-Soir, il publiait par la même occasion de nouveaux périodiques tels que Robinson, Donald et Hop-Là n.b. selon le BDM aucun autre journal que Robinson (avec ses principales bandes de Flash Gordon, la famille Illico, Popeye et Mandrake) ne symbolisait mieux cette période de l'âge d'or de la BD en France > p. 33 biographie de Paul Winkler b) le journal de Mickey: un triomphe sans précédent - le numéro 1 parait le 21.10.1934 et généralise le système des bulles, grâce à sa qualité exceptionnelle et son prix très bas (30 centimes), son tirage atteint 400-500'000 exemplaires par semaine, aucun autre journal des jeunes tirait au-dessus de 50'000 exemplaires - avec le journal de Mickey , tout va changer et de nombreux autres périodiques concurrents prennent un nouveau départ tel Del Duca (Hurrah et l'Aventureux), la SPE (Junior) et aussi la Librairie Moderne/SAGE (avec Aventures) >> p. 35 les animaux des Silly symphonies (symphonies folâtres) n'avaient plus rien de commun avec le gentil Gédéon de Benjamin Rabier c) la réaction des autres éditeurs: Hurrah et Aventures font leur apparition - dès 1935 création de Jumbo par la Librairie Moderne et 1936 Aventures qui publia en France pour la première fois les aventures de Superman (aventures reprises plus tard dans l'Astucieux de Del Duca) - Cino Del Duca va lancer deux super titres: en 1935 Hurrah avec Brick Bradford et en 1936 l'Aventureux (avec la fameuse série de science-fiction: les conquérants de l'avenir) n.b. les pages d'humour restant l'apanage de Opera Mundi - deux autres titres furent lancés en 1936 par la SPE: l'As et Junior avec les sublimes planches de Tarzan ainsi qu'un périodique complètement rénové en 1937: le Petit Illustré avec des bandes américaines (Terry et les pirates, Buck Rogers) et des bandes françaises (Bibi Fricotin de Callaud, Centaure de Calvo, Jean-Lion le spahi de Giffey et les Pieds-Nickelés) - ce fut une période faste, l'âge d'or de la bande dessinée >> p. 39 ce triomphe américain avait bien sûr sa contre-partie: la disparition entre 1934 et 1940 de nombreux dessinateurs français des illustrés pour enfants, ils ne furent guère plus d'une vingtaine à continuer à collaborer aux périodiques de BD, les autres se réfugiant dans la presse humoristique ou changeant complètement de cap - en 1937 le Journal de Toto publia sa bande maîtresse due à Robert Velter (Rob-Vel): Toto l'ancêtre de Spirou publié en 1938 d) les raisons du triomphe américain: un fabuleux champ d'action - d'abord le champ d'exploration quasi universel (monde entier) avec de nombreux genres (melodrame, histoire, polar, science-fiction) ainsi que la parapsychologie (Mandrake) - en plus des strips d'un humour renouvelé à la fois féroce et tendre (Popeye) et son impitoyable satire des moeurs de la société américaine (famille, Illico, malheurs d'Annie, etc) - on allait aussi redécouvrir le culte des héros pratiquement immortels avec qui les jeunes pouvaient s'identifier ce qui provoqua entre autre la réticences des communistes et des catholiques hostiles aux mythes américains - la tendance vers le voyage et l'importance du mythe vécu feront de cette nouvelle BD un art ésotérique consommé >> p. 43 une formidable saga où s'affrontent toujours les forces du Bien et celles du Mal, les forces des Lumières et celles des Ténèbres e) le temps des héros ou des héroïnes et l'ère des justiciers >> p. 45 c'est ainsi que toute une panoplie de bons sentiments est véhiculé par la BD américaine de cette époque et contrairement à ce qu'affirmaient alors ses détracteurs, cette BD était parfaitement morale et respectueuse des vraies valeurs de l'homme tel que - le bon sauvage avec Tarzan le justicier tout comme Raoul et Gaston (alias Richard le téméraire) et Jim la Jungle - mais aussi Connie qui s'appellera Cora, Liliane et même Rosy de Frank Godwin, la première aviatrice éprise de grands espaces et d'aventures dont les exploits se déroulent au coeur de mondes perdus, voir fantastiques - la BD américaine est empreinte d'un certain manichéisme, d'un côté les bons, de l'autre les méchants (facilement reconnaissables) avec certains héros ou héroïnes dotés de pouvoirs surnaturels >> p. 46 une place exceptionnelle est réservée aux femmes dans les bandes dessinées américaines, ce qui reste un évènement majeur dans l'analyse de la société culturelle d'avant-guerre f) des histoires très morales, mais aussi des créatures de rêve: les "éternelles" fiancées - en général, les journeaux de l'âge d'or affichaient un parfait respect des conventions, le sexe dans son acceptation actuel était banni - pas de violence non plus avec ses bonnes doses d'hémoglobine, la mort existe, mais elle reste propre - le racisme n'est également pas d'actualité, si ce n'est que quelques mentions de nègres et de peuples primitifs - il y avait par contre le charme troublant des "éternelles" fiancées, femmes fatales ou reines maudites >> p. 49 les fiancées et autres femmes dans les aventures de Flash Gordon par Alex Raymond - tous les héros ou presque ont leur compagne idéale: - Drusilla pour Brick Bradford, - Wanda pour Donald Dixon, - Wilma pour Buch Rogers, Jane pour Tarzan, - Narda pour Mandrake, - Diana Palmer pour le Fantôme qui aura la vie la plus orageuse (baisers sur la bouche et autres étreintes mises en valeur) - il fallait toutefois compter déjà avec la censure dont Nora, l'acrobate de cirque en est un exemple - et avec Hogarth, c'est Tarzan qui devient une figure érotique g) l'humour et son plein emploi: la satire de la société américaine - la plupart des BD américaines reflètent les problèmes de société dont surtout les fameux family strips (famille Illico, Katzenjammer kids, Blondie, etc), la famille Illico représentant le modèle du genre avec le père Jiggs, la mère Maggie et la fille Norah - mais aussi avec des clochards (tel Pete the tramp = le père Lacloche) et avec de jolies autos (gasoline alley) - les katzies (les Katzenjammer kids) inspirés de Max et Moritz parurent pour la première fois en 1897 dans le New York Journal avec un peu plus tard les fameux ballons qui en firent ainsi la première BD au sens authentique du terme - la bande fut publiée en France dans Junior (par Dirks) et dans le journal de Mickey (par Knerr) - la famille Pim Pam Poum et ses affidés vivaient dans l'île Bongo (Pam et Poum les garnements, l'astronome, le capitaine, etc) - un monde familial d'une paresse crasse, seule la tante Pim travalle - Popeye dit Mathurin, la création de Segar, paraît dans Robinson et dans Hop-là et représente un autre genre de family strip aux limites du non-sens et de la loufoquerie, l'affirmation de Popeye: I yam what I yam and that's what I yam (je suis c'que j'suis et c'est tout c'que j'suis) - Popeye avait succédé à deux autres strips: the Thimble theater et the Five-fifteen - avec ses personnages atypiques: Olive Oil, Poppy, le fils adoptif Swee Pea = Mimosa, la mascotte Eugene the jeep = Pilou-Pilou et le glouton abhorré Wimpy = Gontran - c'est un monde d'anti-héros, un monde débile qui foule aux pieds tous les conformismes > p. 55 dans cet optique, le vagabond type avec la même pitié, le même sentiment de justice bafouée, on les retrouve dans Pete the tramp = le père Lacloche avec son ennemi intime: le flic irlandais O'Leary créé par Clarence D. Russel et publié dans Mickey, Robinson et Jumbo >> p. 57 l'utilisation des onomatopée en BD qui soulignent souvent le dessin humoristique 3/ les grands de l'âge d'or 1934-1941 A) le journal de Mickey, numéro 1 sur tous les plans 1934 à 1944 (296 numéros) interrompu jusqu'en 1952, puis reprend la numérotation à 0 - le 21.10.1934 l'arrivée d'un nouveau journal, avec une pleine page "une" en couleurs, avec de vraies BD, des histoires de Walt Disney - on découvre partout des bandes dessinées, des pleines pages couleurs, des héros nouveaux, inconnus, mais qui vont vite être adoptés par les lecteurs, produits par les plus grands dessinateurs des studios de Disney: Ub Iwerks (qui est peut'être le vrai père de Mickey), Win Smith, Gottfredson qui signa de 1931 à 1938 les plus belle séries, Taliaferro qui va créer Donald - le dernier numéro 296 du Journal de Mickey parait en juin 1940 et est pratiquement introuvable aujourd'hui - à côté de Mickey, Donald et compagnie, on trouvait aussi les silly symphonies (symphonies folâtres) avec les trois petits cochons, le grand méchant loup, l'ogre dans son château géant, etc - et en dernière page: les malheurs d'Annie, la petite orpheline firent pleurer plus d'un coeur sensible du no 1 au no 245, les dessinateurs Nicholas Afonsky et Darrell McClure se partagent la composition de cette bande créée par Brandon Walsh sous le titre Little Annie Rooney, série qu'il ne faut pas confondre avec la little orphan Annie écrite et dessinée à la même époque par Harold Gray et qui ne fut jamais publiée en France - le compagnon d'Annie, son chien Zéro, est à l'opposé de Toufou, le premier chien intelligent de la BD - Jim la Jungle, Richard le téméraire avec Cora ou Connie l'aviatrice seront les plus grandes bandes d'aventure du journal de Mickey, malgré le manque de couleur de ces bandes, elles seront d'une rare élégance - Jim la Jungle avec sa fiancée Shangaï Lil ou Lili de Vrille fut peut'être la bande la plus réussie - Connie avait été imaginée en 1927 par Frank Godwin pour le Ledger Syndicate, Godwin était un spécialiste du dessin hachuré - il y eut aussi les séries humoristiques de Pim Pam Poum par Knerr, Pete the tramp = le père Lacloche et son chien Toufou créés par Clarence D. Russell >> p. 67 à mentionner aussi, la bande Don Winslow sous le titre de Bernard Tempête, celle-ci fut signée à partir du no 258 par un dessinateur français bien oublié: Georges Sogny - cette BD de Sogny qui se poursuivra dans le journal de Mickey de la zone libre dont il était l'un des meilleurs atouts, fut une bonne adaptation dans le goût français, du fameux comic des américains Léon Beroth (dessin) et Frank Martinek (texte) qui fit les bons jours de l'Aventureux - Bernard Tempête sera donc probablement l'unique bande d'un dessinateur français publiée par le journal de Mickey dans notre avant-guerre B) Robinson: le plus passionnant des hebdos de l'âge d'or du 24 avril 1936 et jusqu'au 30 juin 1940 (218 numéros) - de part sa qualité et l'extrême diversité de ses bandes - il publia surtout Flash Gordon (Guy l'Eclair) = le héros principal, Brick Bradford (Luc Bradefer), Mandrake, le roi de la magie ainsi que le célèbre Phantom (le Fantôme) - Flash Gordon fut le prototype des héros de la science-fiction en BD, créé par Alex Raymond lors de son arrivée à la KFS en 1930, il est accompagné de son éternelle fiancée, Dale Arden, et du savant Zarkov, mais sur la planète Mongo, il y a une multitude de mondes, de races, de reines et de princes gravitant autour de Ming, une sorte d'empereur mongol, cruel et fanatique >> p. 72 on pourra dire que Raymond avait préfiguré l'évolution de la science-fiction du space-opera à la science-fiction sociologique, car tous ces mondes que Flash va visiter ou combattre sont des mondes structurés avec leurs moeurs et leur type social bien déterminés - Alex Raymond et son assistant Austin Briggs ont signé avec Flash Gordon la plus étonnante des sagas chevaleresques et interplanétaires, une saga que le cinéma a en vain tenté de reproduire en s'y cassant la pellicule - son influence a été important sur la bande de Luc Orient (Paape+Greg) - Mandrake en revanche figura toujours en bonne place dans Robinson, selon l'histoire mondiale de la bande dessinée, ce fut même la bande dessinée la plus lue dans le monde entier créée par Phil Davis (dessinateur) et Lee Falk (scénariste) - Mandrake qui est la traduction de mandragore, accompagné de son fidèle Lothar le géant noir et de la princesse Narda, possède des vertus magiques au service du bien et de la justice, notamment pour affronter son mortel ennemi: Cobra, le magicien noir - Lee Falk inventa aussi un autre personnage qui allait avoir une extraordinaire postérité: the Phantom (le fantôme du Bengale), il est doté, lui aussi, de pouvoirs exceptionnels, il s'appelle le Fantôme parce ce qu'il est l'ombre qui marche, un justicier invincible, mais pas immortel, par contre Ray Moore en fut le dessinateur quasi immortel - le Fantôme est accompagné de Satan, un loup apprivoisé et règne sur le peuple des pygmées de la jungle du Bengale - il y eut également les excellentes bandes du fantôme noir par Lyman Anderson avec l'inspecteur Wade ainsi que "ramenez-les-vivants", un chasseur de fauves par Frank Buck et Roland Cassecou (radio patrol) par Charlie Schmidt - d'autres comics remarquables tel que Tex le cow-boy, un western, d'après King of the royal mounted par Zane Grey avec Allen Dean comme dessinateur et Tailspin Tommy (Jean Bolide) de Harald Forrest, les aventures inspirées de l'aviateur Tommy Tomkins qui travaillait comme pilote d’une compagnie aérienne américaine - les deux grandes séries humoristiques furent toutefois la famille Illico et Popeye - on ne retrouvera pas, hélas, après-guerre de dessinateurs aussi talentueux tel Ray Moore et c'est pourquoi les bandes parues dans Robinson sont d'un inestimable prix C) Hop-Là, un modèle de stabilité et de qualité du 7 décembre 1937 au 16 juin 1940 (132 numéros) - mais une existence un peu plus éphémère que son frère Robinson - à nouveau des bandes américaines dont Prince Vaillant (la meilleure série de Hop-Là) par Foster, Popeye de Segar, Diane détective = Connie de Godwin, Mandrake de Phil Davis et Lee Falk ainsi que la patrouille des aigles (eagle scout) de Paul Powell, Barney Baxter in the air (Marc Orian) de Frank Miller (rien à voir avec le Batman des années 1980 de Frank Miller), mais aussi une bande du dessinateur français Jacques Souriau: le justicier des mers - Popeye, l'avaleur d'épinards, eut d'ailleurs sa statue en 1937 à Cristal City au Texas, Segar meurt en 1938 et ses successeurs Zabuly et Stein n'arrivèrent toutefois pas à égaler son humour particulier - une bande intéressante: l'homme masqué (Lone Ranger), le cavalier solitaire avec Silver, son éternel cheval blanc de Ed Kressy, le co-auteur avec Flanders du roi de la prairie - deux bandes humoristiques peu connues: les Durondib et leur chien Adolphe de Knerr ainsi que les prodigieuses inventions du professeur Picric de Segar et aussi une bande humoristique "intello américaine" en avance sur l'humour classique: Skippy de Percy Crosby - deux périodes pour Hop-Là a) nos 1 à 52, 8 pages, petit format 24x34 cm avec beaucoup de couleur b) nos 53 à 94, 12 pages, grand format 27x37 cm mais en noir&blanc - Hop-Là disparut au début de la guerre, la valeur du titre n'en persista pas moins puisque durant l'occupation, Mickey et Robinson repris par Hachette, associèrent tous deux son nom à leur parution prenant ainsi l'un et l'autre les titres respectifs de journal de Mickey et Hop-là réunis ainsi que Robinson et Hop-Là réunis D) "Aventures": du rêve à l'état pur (avril 1936 à septembre 1941) édité par la Libraire Moderne/S.A.G.E. - c'est le plus collectionné et le plus cher des périodiques de l'âge d'or parce que ses premiers numéros (1936-1937) sont très rares, malgré que la qualité de certaines bandes d'origine italienne laissait à désirer, mais il disposait aussi jusqu'en 1941 d'excellentes bandes américaines qui exploitaient le mythe des terres lointaines avec de l'aventure à toutes les pages, toutefois peu de strips d'humour - ses meilleures bandes: Buck Rogers au XXV siècle de Dick Calkins, c'est le premier héros véritable de la littérature moderne de science-fiction, puis l'agent secret X-9 de Raymond, le roi de la stratosphère (skyroads) par Russell Keaton, les aigles de l'Himalaya de Cossvit = Vittorio Cossio, le frère de Carlo Cossio, créateur de Jim Taureau et enfin Raoul et Gaston (Tim Tyler's luck) de Lyman Young, la série phare du périodique qui donnera un fabuleux portrait de l'Afrique animalière - il y eut en outre le cow-boy héroïque (Bronc Peeler) de Fred Harman (à ne pas confondre avec le Red Ryder de Fred Harman), Red Barry de Will Gould, et aussi le Fantôme du Bengale qui fit une longue carrière dans Aventures ainsi que Yordi (alias Superman), première bande du Superman par Joe Shuster publiée en France avant la guerre à noter: le magazine qui portera son nom sera vendu aux Etats-Unis durant 40 ans à plus de 18 millions d'exemplaires E) le grand frère en aventures: Jumbo (1935-1944) - Aventures continua sa carrière en fusionnant avec Jumbo au no 18 de 1941 en y introduisant une nouvelle bande italienne: Alain la Foudre (Dick Fulmine) de Carlo Cossio - Jumbo édité par la Libraire Moderne le 9.2.1935 disparut le 12.11.1944 (en décadaire = bimensuel dès 1943) - sa destinée se recoupait beaucoup avec Aventures, il ne publia au départ que les principales bandes de Raoul et Gaston, agent secret X-9, Bronc Peeler, le roi de la prairie et Dick Fulmine ainsi que quelques bandes d'humour: le père Lacloche et Pétard de Russell, Débrouillard et Tire-au-flanc (Mutt and Jeff) par Bud Fisher, il publia également des dessinateurs français à leur début tel que Chott (Pierre Mouchotte), auteur de Bertrand la Rafale et Rodaly (escadrille 33) et aussi Tori, puis Gal qui signeront successivement la première BD de Zorro, l'homme au fouet, entre fin 1939 et 1942 >> p. 99 né en 1935, Jumbo mis trois ans pour percer, il faut dire qu'il ne publia au départ, et bien trop longtemps, que de classiques et assez médiocres bandes italiennes ou anglaises, toutefois grâce aux dessinateurs américains, il rejoignit en 1938 Aventures parmi les grands de l'âge d'or F) Hurrah, l'illustré populaire par excellence (avant-guerre) - 7 années d'existence, édité par Cina Del Duca du 5.6.1935 au 16.4.1942 avec une interruption entre le 23 juin et le 10 décembre 1940 (334 nos) - avec Hurrah, Del Duca frappa très fort, cet hebdomadaire, appartenant au magnat de la presse du coeur, fut le plus populaire des journeaux de jeunes de l'époque, il ne parvint toutefois pas à égaler le journal de Mickey, mais se situera en deuxième position - deux bandes firent sa renommée: a) Brick Bradford, le héros de William Ritt et Clarence Grey, parue également dans Robinson sous le nom de Luc Bradefer (France-Soir du jeudi la reprendra en 1946-1947), cette bande figurera encore après guerre dans Donald et dans Zorro-Jeudi magazine, toujours sous le bandeau de Luc Bradefer et on la retrouvera dans l'édition belge de Spirou - Clarence Grey commence chez Hearst (KFS) en août 1933 avec son compère William Ritt, grand admirateur de E-R. Burroughs - le dessin de Clarence Grey est d'une élégance et d'une beauté sans égales - Brick Bradford voyage partout et jusque dans l'infiniment petit avec le célèbre voyage dans une pièce de monnaie b) King, le roi de la police montée (King of the royal mounted) de Zane Grey, un spécialiste du western, avec Allen Dean ou Charles Flanders comme dessinateurs, le héros était un tunique rouge de la police montée canadienne, aventures s'effectuant aussi beaucoup dans le Grand Nord - d'autres bandes du périodique furent: a) Myra, l'infirmière héroïque (Myra North, special nurse) de Ray Thomson et Charles Coll, une infirmière qui, mêlée à plusieurs affaires sordides, affronte l'adversaire avec courage et panache b) l'imbattable Pinky (Pinky Pinkerton) de Eddie Sullivan et Charlie Schmidt pour le dessin c) les boucaniers (hawks of the seas) qui marquent les débuts de Will Eisner et qui annoncent le Spirit avec son extraordinaire science du noir et du blanc et du clair-obscur >> p. 105 Will Eisner dans le même temps va donner à Jumbo une autre excellente série consacrée à Sheena, le premier Tarzan conjugué au féminin - Hurrah publiera aussi un Tarzan dû non pas à Hogarth ni à Foster, mais à un dessinateur moins connu: William Juhré, un Tarzan qui n'aura rien de commun avec celui des autres dessinateurs - quatre autres bandes peu connues parues dans Hurrah: 1/ Ace Drumond (l'as des as) de Eddie Rickenbacher, histoire d'aviation 2/ Scorchy Smith (Bob l'aviateur) de Frank Robbins 3/ Gordon Fife (Gordon soldat de fortune) n.b. fife = fanfaron bande dessinée par John Halas, puis par Carl Pfeufer >> p. 106 Pfeufer se fera surtout connaître avec le célèbre Donald Dixon dans l'Aventureux 4/ the steel phantom (le fantôme d'acier) de Charles Nicolas, un autre fantôme que celui de Ray Moore, celui-ci plus éthéré (léger), moins massif et moins carré - toutefois Hurrah fit aussi appel à de nombreuses bandes italiennes (qui se feront surtout connaître dans Hurrah après-guerre) dont Dick l'intrépide ainsi que du dessinateur français Brantonne avec François l'imbattable, durant 1940-1941, beaucoup inspiré de Superman G) cousin germain de Hurrah: l'Aventureux édité par Del Duca de mars 1936 à avril 1942 (295 numéros), sa publication sera interrompue de juin à décembre 1940, lorsqu'elle a repris, Del Duca a lancé en zone libre un hebdomadaire ayant exactement le même contenu, l'Audacieux, dont la publication s'est poursuivie jusqu'en juillet 1944 - c'est l'un des préférés des collectionneurs, bonne qualité, mais surtout dû à une avalanche de séries dont pas moins de 63, publiées en six années d'existence, toutefois changeant six fois de format oscillant entre deux sous-titres: le journal de la jeunesse moderne ou le journal des grandes aventures - contenant tout de même des illustrations couleur de premier choix représentant tous les genres: science-fiction, aventure policière, espionnage et guerre, le western, l'aventure historique, la féerie et l'aventure exotique, mais pratiquement sans bande humoristique - des bandes italiennes de modeste qualité sauf pour trois comics de tout premier ordre signées de Kurt Caesar, certainement le plus génial dessinateur européen de cette époque - il a donc collaboré par trois fois à l'Aventureux: a) le corsaire de fer b) les conquérants de l'avenir c) la patrouille bleu horizon - la principale bande étant les conquérants de l'avenir, des conquérants qui viennent de Mars et qui ont établi leur base secrète dans le Matto Grosso pour conquérir la terre - quelques bandes britanniques et italiennes telles que Valvert le magicien, l'explorateur mystérieux, le sergent courageux et Jeannette, l'orpheline héroïque par le dessinateur Cap peu connu - malgré toutes ces bandes européennes, ce seront les bandes américaines qui tiennent le haut du pavé avec - Don Winslow of the navy de Léon Beroth - King of the royal mounted de Zane Grey et Charles Flanders - Donald Dixon de Pfeufer - Red Ryder, le roi du Far West de Harman - Terry et les pirates de Milton Caniff qui ne durera pas longtemps, mais qui apporte une foule de personnages tels que Terry un jeune garçon et son ami Pat Ryan accompagnés d'un petit chinois très drôle baptisé George Webster ainsi que de fort belles femmes telles que Dragon lady, une eurasienne plutôt cruelle et la blonde Burma, Terry allait devenir durant la 2ème guerre mondiale un héros de l'US Air Force bien que Caniff n'ait jamais porté l'uniforme - Charlie Chan de Alfred Andriola, bande chinoise avec Chan le détective oriental très typé - Connie de Godwin (connue aussi sous le nom de Diane et Liliane) - et au no 39 pour un règne éphémère: Diane, reine de la jungle - toutefois, les bandes les plus suivies seront celles de 1/ Don Winslow, espionnage et affaires militaires, créé par Léon Beroth en 1934 dans le New York Sun et Chicago Daily News dessinée en collaboration avec Carl Hammond et Frank Martinek comme scénariste - Don Winslow et ses non moins célèbres adversaires: le Scorpion, le Faucon, le Crocodile et le savant Centaure 2/ Donald Dixon est une grande bande de science-fiction du genre Flash Gordon, dessinée par Carl Pfeufer et écrite par Bob Moore >> p. 116 Don Dixon est le fils d'un savant, inventeur d'une machine à explorer le temps et Dixon avec son ami Haynes exploreront des cités cachées découvrant des civilisations perdues mais la bande la plus intéressante restera les conquérants de l'avenir qui se déroule dans les 46 premiers nos de 1936 et qui font la joie des collectionneurs H) un fils naturel de l'Aventureux: le corsaire de fer - le plus petit et le plus insolite des périodiques d'avant-guerre, ainsi que le plus avant-gardiste - il n'y eut que 22 numéros du 24.9.1936 au 24.2.1937 - son héros le corsaire de fer est dû au fameux Kurt Caesar >> p. 119 le grand mérite de Del Duca aura été d'avoir donné ce nom de corsaire de fer à l'hebdo avant que Caesar ne devint célèbre - cette série révéla la fascination de l'Amérique du sud - il y aura encore deux bandes peu connues: a) l'étoile du sud par Salemme (non mentionné dans la bédéthèque, mais qui créa encore le prince charmant dans l'Intrépide)) b) Teddy en Afrique, genre Jim la jungle (par Kurt Caesar?) - l'expérience de ce périodique fut sans lendemain et Del Duca mit fin très vite à sa parution, laissant le champ libre à ses deux grands titres que le succès avait déjà couronnés IJ) chez les Offenstadt: l'As et Junior, le plus grand illustré de la jeunesse aa/Junior - publié d'avril 1936 à mars 1942 puis durant les sept premiers mois de 1947 par la Société parisienne d'édition (SPE), le magazine a reparu à partir de 1958 et à la fin des années 1970 - si le corsaire de fer fut le plus petit des illustrés d'avant-guerre, Junior fut le plus grand par la taille bien sûr - Junior s'affirma très vite comme un produit original faisant appel aux meilleurs dessinateurs français de l'époque dont Mat, Pellos et Calvo; Junior avait su s'attirer de suite les adultes sportifs par de remarquables chroniques et même, durant un temps, avec un supplément Junior-Sports - Junior fut en fait la seule véritable réussite des Offenstadt après 1934, ce journal, le plus grand illustré de la jeunesse comme il s'intitulait lui-même, dut sa renommée à sa première page, toujours consacrée aux tribulations de Tarzan - l'extraordinaire dessin dynamique et fouillé de Foster illustrait les 70 premiers numéros, puis Hogarth qui signa les planches suivantes jusqu'au no 241 du 22.5.1941 avec son graphisme exceptionnel, sa connaissance réelle de la faune et de la flore, la végétation luxuriante de la jungle ont fait de son Tarzan le plus achevé et le plus magnifique de tous >> p. 124 curieusement ni Foster qui créa Tarzan en 1929, ni Hogarth qui lui succéda en 1937, n'eurent recours aux ballons et leurs bandes ne sont donc point tout à fait conformes à la définition de la BD de l'âge d'or, le texte toutefois ne souligne pas l'image, il y est inclus et participe en quelque sorte à son propre mouvement n.b. c'est aussi le cas pour le récit Futuropolis de Pellos - à côté de Tarzan, il y eut aussi les bandes de a) Katzenjammer kids dans leur version originale, celle de Dirks, pas celle de Knerr que se réservait le journal de Mickey, ils parurent sous le titre quelque peu insolite de capitaine Fouchtroff b) Terry et les pirates de Milton Caniff c) Charlie Chan de Alfred Andriola d) Alley Oop de Vincent T. Hamlin, une sorte de géant préhistorique à façe de singe avec sa fiancée la brune Oola e) Abbie an'Slats de Van Buren, grotesquement titré en français P'tit Zef poids mouche, décrivant la vie quotidienne d'une petite ville américaine appelée Crabtree f) Flyn' Jenny curieusement titré les gangsters du ciel de Russel Keaton g) Red Ryder, le cavalier rouge de Fred Harman - deux séries humoristiques: a) Benny de J. Carver-Pusey, un comic très dépouillé b) Henry de Carl Anderson, un jeune garçon en culottes courtes - les bandes françaises furent largement aussi nombreuses dans Junior où s'illustrèrent Callaud, Pellos, Calvo, Trubert et Mat, mais c'est Mat, alias Marcel Turlin, qui débuta sa carrière en 1920 au Canard enchaîné qui fut sans doute le collaborateur humoristique le plus assidu de Junior avec les séries Nestor Labiscotte et surtout les aventures fantastiques du professeur Soupe - Calvo commença à s'y distinguer avec son Chevalier Chanteclerc - mais le collaborateur français le plus génial de Junior reste incontestablement Pellos pour son Futuropolis, mais aussi avec une bande d'aventures sportives: Jean-Jacques Ardent, athlète - Futuropolis fut la première vraie bande française de science-fiction, elle reste aujourd'hui encore une absolue réussite tant pour l'intérêt du récit, l'esthétisme raffiné du décor, le cadrage éclaté des strips que pour la beauté intrinsèque du dessin, un chef- d'oeuvre bb/ l'As - successeur direct du Petit Illustré édité par la SPE d'avril 1937 à juin 1940, 169 numéros >> p. 121 seul l'As, avec Junior, fut capable de rivaliser avec les grands concurrents de l'âge d'or, l'As avait introduit d'ailleurs le même dosage assez équilibré de bandes américaines et françaises a) Tarzan de Foster et de Rex Maxon, Terry et les pirates, Buck Rogers, Broncho Billy de Harry O'Neil, Loco Luck de J.A. Warren n.b. à ne pas confondre avec un certain Lucky Luke (loco = fou) b) Bibi Fricotin de Caillaud, les Pieds-Nickelés de Badert, le centaure de Vezelay par Calvo, deux bandes de Giffey: Jean-Lion le spahi et la vie de Guynemer, le bison noir du Far West par Jo Valle et les cinq sous de Lavarède de Pellos c) une bande humoristique: le chat Spooky et Rigobert de Bill Holman - l'As, qui était l'héritier du Petit Illustré, ne parvint jamais cependant à oublier ses origines, les simples histoires en images étaient nombreuses et les bandes américaines trop peu présentes - et pourtant la présentation de l'As était de qualité, la couleur vive et attrayante avec les excellentes séries de Kurt Caesar pour l'amour des ailes: l'aigle du ciel et l'aéroport Z K) le journal de Toto: un cas à part périodique qui dura du 18.3.1937 au 6.6.1940 ->> p. 131 créé le 11 mars 1937 par le Petit Parisien, le journal de Toto réservait sa première page au jeune héros qui lui donnait son nom, une création de Robert Velter, alias Rob-Vel, alias Booz, le père de l'illustrissime Spirou - Toto fut donc l'ancêtre ou le grand frère de Spirou - quelques autres bandes françaises et italiennes furent publiées telles que le dragon vert, Irma héroïne no1, Clodomir de Perré et Bill l'Albatros, pirate de l'air, très style Away (Kurt Caesar) >> p. 131 la plus grand bande européenne reste toutefois une excellente histoire de science-fiction due à l'italien Giovanni Scolari sur un scénario de Federico Pedrocchi: Saturne contre la Terre qui restera un grand classique du genre - mais ce seront à nouveau les bandes américaines qui feront le succès du journal et, à l'exception de Buck Rogers, pratiquement inédites en France: a) Red Barry de Will Gould dès le Ier numéro, publié sous le titre de Jim Rouletabosse, bande qui fut jugée plutôt violente b) Dick Tracy de Chester Gould qui mettait en scène une extraordinaire galerie de voyous, criminels et de monstres c) Polly and her pals de Cliff Sterett, sous le titre de Poupette d) le savant fou dr Fu Manchu, dessiné par Léo O'Mealin, la série sera reprise après la guerre par Wallace Wood et même par la romancière Juliette Benzoni avec le dessinateur Robert Bressy 4/ le grand tournant: 1941 - 1944 ou l'acte de naissance de la nouvelle BD française A) les survivants de l'avant-guerre >> p. 137 finies les importations d'outre-Atlantique, paradoxalement le temps de l'occupation aura été bénéfique à nombre de créateurs réduits à faire oeuvre utile et de qualité grâce à leurs seules ressources, avec de faibles moyens et en se réfugiant dans les domaines qui pouvaient encore échapper à la censure: le rêve, la féérie et l'histoire - la plupart des périodiques prennent fin: Hurrah au 16.4.1942, l'Aventureux au 3.5.1942, Aventures au 27.9.1941, Junior au 5.3.1942; Jumbo sera le seul qui poursuivit sa carrière sans coup férir jusqu'au 12.11.1944 avec Coeurs Vaillants >> p. 137 le journal de Mickey et Robinson sont toujours là, mais ne paraissent qu'en zone libre, mais mal imprimés sur du mauvais papier avec des couleurs médiocres, le journal de Mickey et Robinson auxquels est adjoint le titre de Hop-là se termineront le 2.7.1944 - les dessinateurs français qui succéderont aux américains seront essentiellement Pierre Billon, Georges Sogny, Pommert et surtout Pellos qui signera compagnon Michel (2 compagnons de France) et aventures sous l'équateur, mais il y aura aussi Poïvet, Giffey, Brantonne, Rodaly et Chott (Pierre Mouchotte) >> p. 139 une création plutôt réussie: celle de l'Audacieux lancé par les Editions Mondiales (Del Duca) le 30 janvier 1941, n'eut toutefois que 79 numéros et se termina le 24 août 1942 - les premiers nos publièrent encore quelques bandes américaines, telles Red Ryder, Don Winslow, Charlie Chan et Donald Dixon, mais au no 5 les bandes françaises font leur apparition dont surtout: a) François l'imbattable inspiré de Superman par Brantonne b) des corsaires anti-anglais bien sûr avec le superbe corsaire de la mort dans l'Audacieux par Giffey ainsi que Surcouf, roi des corsaires et le comte de Monte-Cristo c) Napoléon, Christophe Colomb et les aventuriers du Val d'or par Poïvet d) la patrouille héroïque par A. Lejeune e) Chevalier Chanteclerc et d'Artagnan par Calvo f) une bande bien réussie dans Junior: le signe du jaguar par Liquois B) Coeurs Vaillants: toujours là - édité par Fleurus, c'est un magazine hebdomadaire français catholique destiné à la jeunesse, fondé en 1929 avec son pendant Ames Vaillantes - le 8.12.1929 l’union des œuvres catholiques de France (UOCF) crée Cœurs vaillants, visant un lectorat âgé de 11 à 14 ans qui sera le vivier d'un mouvement d’Église >> p. 143 Coeurs Vaillants proclamait haut et fort la pensée catholique et n'avait de mots assez durs à l'égard de ses concurrents de l'âge d'or, accusés à travers leurs bandes américaines de pervertir l'esprit de la jeunesse, il va bien sûr maintenir le cap durant toute la guerre avec quelques aléas toutefois passant de la vénération totale au maréchal et au régime de Vichy à un prudent nationalisme à la veille de la libération - imprimé durant toute l'occupation à Lyon, il terminera provisoirement sa carrière en août 1944, un autre Coeurs Vaillants était diffusé aussi en zone rurale à l'intention de la saine jeunesse campagnarde, y figurait entre autre Sylvain et Sylvette de Marcel Cuvillier, il y eut aussi un Coeurs Vaillants imprimé au Caire (1941-1946) sous la responsabilité du Collège de la Sainte Famille et un autre à Casablanca, terre d'Empire (1942-1945); Coeurs Vaillants reparait sous son visage habituel le 19.5.1946 à noter que le journal donna aussi naissance à Fripounet et Marisette, Perlin Pinpin et la voix de l'Ouest - des bandes diverses y furent publiées dont histoire de l'église en BD, mais Coeurs Vaillants a grandi et prospéré avec le Tintin de Hergé, on publia toutefois les aventures de Tintin parfois sous d'autres titres tels que Tintin dans la brousse (Congo), et chez les indiens (Amérique) - toutefois un autre grand dessinateur, Marijac, y illustra ses récits tels les différentes histoires de Jim Boum dont l'irradium X-40 et les séries humoristiques de Cesarin Pitchounet et capitaine Pat'folle - autres bandes: la cité perdue par Robert Rigot et Jean-François, chef d'équipe créée par Jean Bernard (des compagnons du devoir), dessinée par Rigot développant tout le programme cher à l'idéologie de Vichy, - il y aura aussi la série l'électron Z de Patrice, dessinateur attitré de Ames Vaillantes n.b. dans ce chapitre, l'auteur y développe ses idées sur les aventures de Tintin et n'y est guère tendre pour Coeurs Vaillants >> historique de Coeurs Vaillants (voir information) C) des essais sans lendemain: les Grandes Aventures et Gavroche - ces deux titres furent lancés par des nouveaux venus dans le monde des illustrés: les éditions de Demain associées aux éditions Théophrase Renaudot ils ne durèrent que de 1940 à 1942 avec 70 nos, respectivement 66 nos >> p. 147 l'âge d'or américain était fini, Paul Winkler était en exil aux Etats-Unis, les autres éditeurs renonçaient ou inventaient de nouveaux titres, il fallait alors improviser ou innover - il n'y eut guère de nouveauté graphique dans tout cela, c'était plutôt l'inverse, un retour fréquent aux histoires en images avec des Surcouf, Jean-Bart, Lafitte etc par le trio Poïvet-Giffey-Brantonne, bien sûr tous ces personnages ne valent pas, Flash Gordon, Brick Bradford ou Tarzan - et certains tenteront malgré tout, avec ces héros-là, de faire revivre à leur manière, l'âge d'or américain, ils y réussiront avec plus ou moins de succès a) Gavroche comme bandes d'aventure, il y aura: - Criquet, gamin de Paris de Niezab, alias Gaston Niezabyjowski qui produira aussi Kid Brown, le champion - bolide fantôme de Vittorio Cassio - la comtesse Margot du russe émigré Kouznietzoff et côté humour: - Vica qui se met lui-même en scène avec des bandes de qualité telles Vica, capitaine du Patate, mais aussi des récits pro-nazis parus en 1942 comme Vica au paradis de l'URSS, Vica contre le service secret anglais et Vica défie l'oncle Sam - Erik avec sa bande du professeur Globule et du docteur Virus b) toutefois les Grandes Aventures sera plus intéressant en apportant de meilleures bandes telles que - Calvo avec Tom Mix, chevalier du Far West qui réinventa le western dans un style et ton personnels - trois séries: Orient Express, le mystère du Dalaï Lama et Tarass Boulba des russes Kouznietzoff, Solovieff et Lobachev - Erik avec sa bande humoristique Trancheroc l'invincible - Brantonne avec Jean Lafitte, le corsaire gentilhomme, Buffalo Bill et le justicier qui donna libre cours à son talent de créateur - Poïvet avec Robin des Bois et Robinson Crusoe >> p. 152 les Grandes Aventures et Gavroche terminèrent trop tôt leur carrière, tous deux avaient toutefois permis de révéler des inconnus, des talents nouveaux, aux côtés de créateurs chevronnés, ils avaient affirmé, à un certain moment, la présence d'une nouvelle BD française qui se cherchait encore et parfois se trouvait D) une florilège de nouveaux titres: les Belles Aventures, Cendrillon, Pic Nic, Fanfan la Tulipe >> p. 155 revenu à la tradition des histoires en images, toute une série de titres nouveaux vont voir le jour à l'ombre du régime de Vichy et principalement en zone libre, mais de qualité souvent médiocre et généralement de brève existence - leur mérite restera sans conteste d'avoir popularisé la BD française et d'avoir permis à des dessinateurs français, non seulement de pouvoir vivre en ces temps difficiles, mais également de se faire connaître du grand public et leur succès se poursuivra, une fois la guerre finie, dans de nouveaux périodiques, albums ou récits complets il y aura parmi d'autres: - Fanfan la Tulipe, 1941-1942 qui fut infuodé complètement à l'idéologie de Vichy - Cendrillon et Pic Nic débutèrent en 1943-1948 par Del Duca, illustrés par une grande diversité de dessinateurs tels que Gahou avec son Salammbô, Chott avec le temple de la peur, ainsi que Nortier, Cézard, Gire, Niezab et Le Guen - les Belles Aventures lancées par Del Duca en 1942-1944 avec principalement des bandes de Giffey (les trois mousquetaires, Surcouf), Poïvet avec sans le sou et Brantonne avec Luc Ardent >> p. 158 d'autres titres nouveaux fleurirent encore malgré la pénurie de papier et surtout de bon papier, en ces temps d'occupation tels que les cahiers d'Ulysse où règnaient les italiens Scolari, Molino, Albertarelli et le grand Kurt Caesar et où côté français Calvo et Liquois apportèrent également leur contribution (34 numéros entre mars 1941 et août 1942) - ainsi qu'un autre illustré: Ololé un journal breton avec comme principaux collaborateurs: Le Rallic, Thomen et même Hergé qui y donna son Tintin au pays des soviets, Le Rallic y signant deux bandes: corsaire des îles et Gaït, cavalière du Texas >> p. 158 mais tous ces journeaux n'allaient connaître ni un vrai succès, ni la qualité du plus célèbre des journeaux de l'époque: le Téméraire E) le Téméraire: le meilleur de cette époque.. hélas! - ce journal bimensuel, fondé en janvier 1943 n'eut aussi qu'une existence assez brève, il se termina au no 38 le 1.8.1944 disparaissant dans le déshonneur de la collaboration, il s'appelait le journal de la jeunesse moderne >> p. 161 le Téméraire n'était pas ouvertement pro-nazi comme l'a dit Claude Moliterni, il distillait insidieusement l'idéologie nationale-socialiste dans des textes habiles, procédant beaucoup plus par allusions que par affirmations, mais surtout le journal avait fondé des cercles de jeunes adhérents, cercles baptisés téméraire, à tendance raciste - ces sottises, ces mesquineries, ces clins d'oeil outrageants à l'idéologie ambiante, n'empêchèrent pas le Téméraire d'avoir été tout à fait avant l'avant-garde des journeaux pour la jeunesse de la guerre, ce fut peut'être le meilleur journal de l'époque et le premier grand journal de bande dessinée française - le Téméraire se lisait en effet de la page une à la dernière page sans qu'on laissât rien de côté, tout y était intéressant - y paraissaient de nombreuses bandes humoristiques avec Vica, Erik et même Liquois - Vica l'humoriste avec les étrennes de PéPé-Vica parues dans le Téméraire disparut du monde de la BD après la libération, son pseudonyme est longtemps resté un mystère, mais l'on sait maintenant qu'il s'appelait Vincent Krassouky, un rescapé des combats anti-bolchéviques des années 20 - deux autres humoristes: Gire (Eugène Giroud) avec Mic Patati et Patata ainsi que Jean Ache (pseudonyme de Jean Huet en hommage à Caran d'Ache) avec Biceps, le costaud sentimental, animaient le journal - en matière d'aventures, policières et espionnage, deux dessinateurs se disputaient la vedette: Marc le téméraire de Josse et vers les mondes inconnus de Liquois >> p. 163 si Marc le téméraire bien qu'intéressant ne laisse pas un souvenir impérissable, il n'en est pas de même en revanche pour la bande de Liquois, première BD de science fiction française après le merveilleux Futuropolis de Pellos >> p. 163 quoi qu'il en soit, tous ces créateurs f irent du Téméraire un journal très recherché par les collectionneurs - et avec le Téméraire et quelques autres périodiques qui survécurent jusqu'à l'été 1944 pour disparaître à leur tour avant de laisser la place aux journeaux de la France libérée, c'est l'âge d'or de la BD authentiquement française qui se termine 5/ après l'âge d'or, un nouveau souffle, mais la magie des pionniers a vécu aa) le timide retour des américains: Donald, l'Astucieux, Tarzan et un nouveau Mickey >> p. 167 le retour à la liberté et le foisonnement des idées qui va présider aux années post-libératoires vont très vite amener la multiplication des journeaux pour la jeunesse, c'est ainsi qu'on va voir renaître du côté des éditions de Montsouris, de Fleurus et de la Bonne Presse les titres qui avaient reçu, faute de la sanction du talent le plus souvent, le label de la respectabilité: Lisette (Montsouris), Fillette (SPE), Bayard (Bonne Presse), Pierrot (Montsouris), Coeurs Vaillants et Ame Vaillantes (Fleurus) - de leur côté, les communistes lancent le 1.7.1945 le jeune Patriote qui va très vite devenir Vaillant, un journal d'une réelle qualité qui tiendra jusqu'en 1969, année de la naissance de Pif Gadget - Paul Winkler, revenu des Etats-Unis va essayer de reprendre la formule qui lui avait si bien réussi avant guerre, il va lancer un nouveau titre: Donald qui s'affirmera très vite comme le meilleur journal de l'époque, paraissant en mars 1947, ildevra s'arrêter au no 313 du 22.3.1953 sous la pression de ses adversaires qui ont fait voter la loi de 1949 - renouveau du journal de Mickey le 1er juin 1952, mais si le succès est là, on est bien loin de la qualité du journal de Mickey des années 30 - d'autres journeaux apparaissent et le nombre des créations entre 1945 et 1950 est considérable, tels - Hurrah lancé en 1951 par Del Duca - l'Intrépide qui débute le 8.12.1948 par Del Duca - l'Astucieux dès le 14.5.1947 au 1.12.1948 (Del Duca) - Tarzan magazine par Del Duca, suite du Tarzan zone libre de 1941, paraissant de 1946 à 1952 avec 293 numéros, avec les bandes de Tarzan par Foster, Hogarth, Rex Maxon, Rubimor, Lubbers, Reinman, Barry, Lehty, Cardy etc, ainsi que les excellentes bandes de Giffey dont son Buffalo Bill, son existence fut mouvementée avec des campagnes de dénigrement qui l'obligèrent à terminer en 1952 - Aventures des éditions SAGE, début le 5.6.1947, fin 24.1.1949 - avec maintenant des bandes en majorité italiennes et françaises, l'Astucieux eut beaucoup plus de collaborateurs américains (Frank Godwin avec Liliane, Joe Shuster avec Superman, Bob Kane avec Batman, Beroth (Don Winslow), Frank Robbins (Bob l'aviateur = scorchy Smith) et surtout Hogarth avec son Tarzan bb) des nouveautés françaises: Coq Hardi et Vaillant façe aux belges Spirou et Tintin, avec pratiquement des bandes de dessinateurs français uniquement 1/ Coq Hardi - né de la volonté de Marijac alias Jacques Dumas dès le 20.11.1944 et qui durera jusqu'en 1963 produit par les éditions Chateaudun avec les excellentes bandes de - les trois mousquetaires du maquis (Marijac) - guerre à la terre (Liquois) - capitaine fantôme (Cazanave) - Poncho Libertas (Le Rallic) - colonel X (Poïvet) et Cricri (Calvo) - contrairement à Vaillant, Marijac fit aussi appel à des américains tels que Hogarth (Drago), Harman (Red Ryder) et même Martin Branner qui lui donna Bicot, Ursule et Cie 2/ avec Vaillant, c'est une toute autre histoire, pas question bien sûr, de bandes américaines dans ce journal contrôlé par le parti communiste, avec le slogan US go home, mais en revanche, il n'était pas interdit d'imiter les américains! - et le journal s'assura la collaboration de toute une série de dessinateurs ou scénaristes qui vont vite devenir célèbres: Paul Gillon, Gotlib, Tabary, Kalkus, Roger Lecureux, André Cheret et l'espagnol Cabrero Arnal; tous les genres y seront représentés - d'autres titres, toujours français, tenteront de s'imposer mais sans grand succès tels que aa) OK qui dura trois ans du 15 mai 1946 au 2 juin 1949, édité par la Société d'édition enfantine qui permit à l'italien Albert Uderzo de se faire connaître avec Belloy l'invulnérable, Erik y donnera son Crochemaille le nerveux bb) autre titre qui dura un peu plus longtemps Jeudi magazine qui deviendra au no 39 Zorro-Jeudi magazine puis après avoir absorbé France-Soir-Jeudi, Zorro-France-Soir-Jeudi et enfin Zorro Nouvelle Formule, au total pas moins de onze changements de titre, les meilleurs dessinateurs seront: - Oulié avec Zorro et Robin l'intrépide, une suite de Corentin par Cuvelier - Saint-Ogan avec Zig et Puce - Pellos avec Chouchou, le roi de la petite reine - Erik avec Chevalier Trancheroc - Sirius (le belge Max Mayeu) avec Fred Morgan - Van Straelen avec les évadés du Tibet - Claude-Henri Juillard avec capitaine Tornade - Roubinet avec le disparu de l'Amazone - Jean Pape avec sergeant O'Brien malheureusement Jeudi-Zorro était doté d'un exécrable papier et son encre baveuse lui conféra une qualité d'impression médiocre 3/ avec Tintin et Spirou, c'est la bande dessinée belge qui pénétrait en force sur le marché français, - Tintin connut des débuts modestes: 56'000 numéros en 1949 mais 200'000 dans les années 60 alors que Spirou atteignait d'emblée 200'000 numéros en 1946 et son succès n'allait pas se démentir - Spirou réserva toujours une part à la BD américaine classique (Superman, Brick Bradford, Dick Tracy et Red Ryder), mais la grande majorité de ses collaborateurs venait de la grande école belge dont le Spirou de Rob-Vel repris par Jijé, Franquin et bien sûr Tom et Janry - le grand succès de Spirou fut dû à sa politique constante de s'adresser à toutes les tranches d'âge - Tintin bien sûr fut avant tout le triomphe d'Hergé avec la collaboration de Raymond Leblanc des éditions Lombard, le Tintin belge démarra le 26.10.1946 et le Tintin français le 28.9.1948 - avec bien sûr les grands créateurs: Hergé, Jacobs, Laudy, Martin, Vandersteen, Le Rallic et Cuvelier pour ne citer que les premiers - avec Spirou et Tintin, l'école belge a tué réellement l'âge d'or, c'en est fini de la grande époque des américains, l'art est plus proche de la vie quotidienne et les histoires peut'être aussi plus humaines avec un style graphique différent - l'ère des géants est morte, un petit reporter en culotte de golf aura détrôné le formidable Flash Gordon et l'invincible Brick Bradford - une autre période commence dont un peu plus tard Pilote signera le caractère irréversible 6/ la loi scélérate de 1949 et la lente agonie des périodiques - toute la bande dessinée va subir de plein fouet les conséquences d'une loi stupide, d'une loi scélérate votée par le parlement en 1949 grâce à la conjonction des députés bien-pensants et des députés communistes - un premier décret avait déjà contraint, effet d'antiaméricanisme dans la BD, les éditeurs de périodiques à publier au moins 75% de BD française - plusieurs périodiques firent donc les frais de la loi du 16 juillet 1949 sous le numéro 99.956 - le second coup de boutoir fut la prolifération des récits complets et des petits formats, généralement de qualité médiocre mais à bas prix >> p. 176 il faudra attendre la multiplication des albums pour que le niveau se relève, mais avec les albums, c'est un nouveau média qui naît et va balayer les autres au point de devenir peu à peu le seul véhicule de la BD, les périodiques enregistrant une nouvelle défaite - aujourd'hui le temps des périodiques semble bien résolu malgré quela loi de 1949 est heureusement oubliée, même les professeurs et enseignants n'ont plus le même dédain pour le 9ème art que dans le passé - le niveau des lecteurs de BD augmente de plus en plus, 38% de la population toutes générations confondues lit régulièrement des albums de BD - en 1999 il y eut 28 millions d'albums publiés et leur tirage moyen est de 15'000 exemplaires, certains atteignant même 400'000 - mais ces chiffres n'existeraient pas et rien n'existerait des maisons d'édition, des librairies spécialisées, des festivals, s'il l'y avait eu, à une certaine époque, des pionniers audacieux et géniaux qui ont su lancer et populariser la bande dessinée telle que nous la connaissons aujourd'hui Conclusion l'âge d'or: effet de nostalgie ou évènement historique? >> p. 178 c'est tout au début des années 1960 que s'est révélée la nostalgie des grands anciens de notre avant-guerre, cette nostalgie est exploitée alors par des quotidiens tels l'Aurore, France-Soir ou le Parisien qui publient des bandes d'autrefois comme la Blondie de Young ou le Fantôme du Bengale et le journal Pilote y jouera aussi un grand rôle - dans l'autre livre sur l'âge d'or de la BD paru en 1971, Edouard François y mentionne à propos des années 1930-1940: le perfectionnement du dessin et l'introduction des techniques narratives amèneront la BD américaine à un sommet de qualité qui fait de cette période le classicisme de cette forme d'expression - les grands périodiques de l'âge d'or avaient touché à tous les genres, ils avaient exploré l'humour sous toutes ses formes - les créateurs de l'âge d'or ont reculé les bornes du temps et de l'espace Annexes de l'album 1/ le tirage des journeaux de l'âge d'or (estimation) - les classiques histoires en images ne dépassaient pas à quelque exception près les 100'000 exemplaires par année, en revanche les journeaux de l'âge d'or dépassaient très largement les 100'000 exemplaires, le journal de Mickey et Robinson venant en tête avec environ 500'000 exemplaires - en 1946, Tarzan magazine tirait à 280'000 exemplaires, Spirou et Vaillant à 200'000 et le journal de Mickey en 1955 passait à 635'000 exemplaires, le 2ème périodique bien situé sera l'Intrépide 2ème série avec 250'000 exemplaires 2/ les grands comics, les héros et leurs périodiques préférés de Abbie an'slats de Van Buren et Al Capp à Zorro de Bob Dan 3/ bibliographie sommaire 4/ correspondances des noms des héros de l'âge d'or tels les Katzenjammer kids = Pim Pam Poum dans journal de Mickey par Knerr, the captain and the kids = le capitaine Cocorico (dans Aventures) et capitaine Fouchtroff dans Junior, tous deux par Rudolph Dirks 5/ index >>> un superbe album bien détaillé et très complet avec surtout de sublimes et magnifiques illustrations annexes du site - couverture de l'album, 1er et 2ème plat - pages de garde avec les conquérants de l'avenir - couverture du journal de Mickey no 164 (1937) - planche des malheurs d'Annie - couverture de Hop-Là no 5 (1938) avec Popeye - planche de Pim Pam Poum de Knerr dans journal de Mickey no 293 (1940) - couverture de l'album Aventures, 4ème année (1939) - couverture de Hurrah no 28 (1935) avec Brick Bradford - planche de Donald Dixon dans l'Aventureux no 36 (1937) - couverture de Junior no 37 (1936) avec Tarzan - couverture de Grandes Aventures no 43 (1941) avec Tom-Mix - couverture le Téméraire no 2 (1943) vers les mondes inconnus - couverture de Spirou no 441 (1946) avec Spirou - couverture l'Astucieux no 7 (1947) avec Superman - couverture du dernier no de journal de Mickey no 296 (16.6.1940) - deux planches de Radio Patrol - une planche de Tailspin Tommy - deux couvertures de Red Barry - deux planches d'Erik (Fulminate et Vorax + Globule et Virus) - deux planches de Vica Information sur Coeurs Vaillants - en 1934, le magazine compte 360'000 lecteurs - en 1935, l’équipe est renforcée par l’arrivée de l’abbé Jean Pihan (ex-Jean Vaillant, 1912-1996), lui aussi membre des fils de la charité - en 1936, naissance du mouvement Cœurs vaillants - en 1937, le magazine Âmes vaillantes, destiné aux filles, est créé (le n°1 est daté du 8 décembre 1937) - en 1940, Cœurs vaillants est interdit en zone occupée, une partie de la rédaction déménage à Clermont-Ferrand puis à Lyon - de 1940 à 1942, Cœurs vaillants est remplacé clandestinement en zone occupée par le petit périodique Belles Histoires de Vaillance où l'on retrouve Zimbo et Zimba, de Maurice Cuvillier ainsi que Perlin et Pinpin, parallèlement, l'équipe installée à Lyon édite le magazine "classique" jusqu’à la libération, au fil des années, le soutien d'abord affiché au régime de Vichy va s'estomper pour finalement disparaître - l’arrestation par la Gestapo et l’emprisonnement à Fresnes de l’abbé Jean Pihan et de trois membres de son équipe en 1943 poussent l'éditeur dans la résistance passive - en octobre 1945, comme les autres revues ayant continué de paraître sous l'occupation, Cœurs vaillants se retrouve provisoirement interdit de publication car soumis à enquête pour vérifier s'il y a eu ou non fait de collaboration, des éditeurs liés au parti communiste en profitent alors pour lancer leur propre journal pour la jeunesse, Vaillant, en jouant sur la confusion avec Cœurs vaillants - de décembre 1945 à mai 1946, en attendant ce sésame, le magazine est remplacé par Tintin et Milou, supplément de la revue autorisée la Voix de l’Ouest, qui contient des bandes dessinées de Tintin et des récits d’aventures, à partir du 28 octobre 1948, Tintin paraît comme publication autonome - en 1963, édité par Fleurus Presse, les rédactions de Cœurs vaillants et Âmes vaillantes fusionnent et les revues prennent respectivement les noms de J2 Jeunes et J2 magazine, titres plus modernes dont le premier J rappelle le jour de publication, le jeudi, qui est alors une journée sans école en France, souvent consacrée au catéchisme, en fait, J2 correspond aussi, clin d'œil d'éditeurs ayant connu la guerre, à la même catégorie d’âge pour les tickets de rationnement que son lectorat - en 1970, le magazine est rebaptisé Formule 1 - en 1981, Formule 1 cesse de paraître |
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