guerre dans l'Antiquité (la)

série: Guerre
éditeur: Nathan
auteur: Garlan Yvon
classement: biblio2A
année: 1972
format: broché
état: TBE/N
valeur: 8 €
critère: **
remarques: la guerre dans l'Antiquité
guerre et état, l'état de guerre, les lois de la guerre,
les société militaires, les modes de combat, l'organisation des armées

Préface
- la fréquence des guerres dans l'Antiquité,
il n'y eut pratiquement dans l'empire romain qu'une seule période de paix,
celle durant le règne d'Auguste "la pax romana"
- la guerre semblait être la volonté des dieux

- trois catégories de guerre

a) la stratégie, ensemble des dispositions et mesures à prendre,
des précautions à observer, etc
pour conduire une armée jusqu'en présence de l'armée ennemie
(concentration ou réunion des troupes sur des points bien choisis
pour permettre leur emploi dans de bonnes conditions
- fameux stratégistes dans l'antiquité:
Cineas, Enée le tacticien, Poseïdonios d'Apamée,
Alexandre, Pyrrhus et César
(n.b. et ne pas oublier Hannibal!)

b) la tactique, art de disposer et d'employer les troupes sur le terrain
où elles doivent combattre (science de la conduite du combat),
- fameux tacticiens: Asclépiodote, Arrien, Elien, Frontin,
Jules l'Africain, Hygin, Onesandros, Polyen, Végèce

c) la poliorcétique, art de la prise et de la défense des cités
ainsi que la construction des machines de siège:
- Athénée le mécanicien, Biton, Héron d'Alexandrie, Philon de Byzance

- l'histoire de la guerre dans l'Antiquité se résume à l'histoire-bataille;
c'était un peu un genre de jeu, l'exutoire d'un corps social

I/ les aspects juridiques de la guerre antique

- dans l'antiquité, la guerre était parsemée de périodes de paix
alors que dans les temps modernes, la paix est parsemée de périodes de guerre,
comparaison entre le bien et le mal

A) guerre et état

- c'est d'abord un affrontement entre communautés politiques distinctes
- on distingue les guerres menées à titre privée par des rois ou des princes
(telle la guerre de Troie) avec comme but un butin ou une vengeance

- les guerres rituelles, genre de joutes ou concours
(un nombre de combattants de chaque parti s'affronte en duel,
tels les Lacédémoniens et les Argiens)

- l'éphébie = préparation militaire des jeunes gens
- la piraterie, cette activité ne comportait au début rien de honteux
et était même admise comme un genre de profession avec certaines règles (Cilicie, Crète),
ce n'est que quand les lois de l'humanité furent transgressées
que la piraterie devint illégale
>> p. 21 la Cilicie, point de ralliement des pirates (= un état-pirate),
en vertu de la loi Gabinia, Pompée y mit fin en 67 BC

- les opérations de représailles (prise d'otages, saisie de biens, etc)
>> p. 24 le droit de naufrage

B/ définition de l'état de guerre

- le rythme sacral de la guerre définissait un rythme saisonnier
(avec des périodes où il était défendu de faire la guerre)
comprenant des cérémonies et des rites religieux (le temple de Janus),
caractérisé aussi par des auspices et des sacrifices

- le droit d'initiative à la guerre pouvait dépendre d'un vote populaire
ou de l'organe gouvernant (le sénat)
- la diplomatie assurait l'immunité aux parlementaires (gens de même classe)
et aux ambassadeurs,
à Rome, cette tâche était confiée aux prêtres dénommés "féciaux"
- la déclaration de guerre, le "casus belli" avait comme première fonction
de mettre le bon droit de son côté telle une violation de traités
- la trêve (interruption des opérations militaires) qui pouvait aboutir
à un traité qui mettait définitivement fin au conflit
- la capitulation = acte de soumission total et inconditionnelle (la "deditio")
- les garanties (otages et biens matériels) sanctionnées sous la forme
d'un serment divin et de la notion de "bonne foi" (pistis en grec et fides en latin)
exprimé par la confiance et la loyauté (valeur du serment) = fides romana (protection),
une atteinte au serment était considéré comme sacrilège (malédiction divine)

C/ les lois de la guerre

- les immunités, causées par le service des dieux (sanctuaires, temples, etc),
les hérauts (messagers des dieux) bénéficiaient aussi de ces immunités
- la victoire = principalement le contrôle du terrain,
victoire ruineuse (victoire à la Pyrrhus)
- l'ensevelissement des morts = généralement un premier devoir sacré
(avec parfois des mutilations),
mais les entorses à cette coutume pouvaient être sanctionnées
>> p. 40 négligence des Lacédémoniens à la victoire des Arginuses en 406 BC
n.b. lacédémoniens = habitants de Sparte

- les trophées = objet commémoratif de la victoire sous la protection de Zeus Tropaïos
(la croix = trophée du Christ?)
- les offrandes votives = sacrifices et/ou dépouilles offerts aux dieux

- le triomphe romain = cortège d'apparat pour l'Imperator et Triomphator
= prestige politique
- l'Imperator = affirmation du général victorieux mais pas un titre officiel,
cette distinction finit par désigner le possesseur du pouvoir suprême: l'empereur

- le droit de conquête = droit de propriété absolu
- le traitement des vaincus (avec différence entre civilisés et barbares)
a) mise à mort ou condition de gladiateur
b) esclavage
c) emprisonnement restreint avec libération à terme (pour les civilisés)
ou avec rançons (la pratique du rachat des prisonniers)
- le partage des profits de guerre: prises individuelles ou prises collectives

n.b. les questeurs aux armées étaient chargés de défendre les intérêts de l'état
>> p. 50/51 la répartition du butin de guerre

II/ les sociétés militaires
- la classe militaire se retrouve souvent dans l'élite sociale
- les esclaves n'étaient enrôlés que dans les moments critiques
et surtout utilisés dans la guerre navale comme rameurs

A/ les aristocrates militaires
- sous l'égide du dieu Mars se développe une spécialisation de l'art militaire,
la fonction guerrière étant réservée à une classe spécialisée
qui détient aussi le pouvoir et la richesse
- les confréries guerrières sont astreints à certains services et épreuves
leur accordant le droit de former des corps d'élite
(le bataillon sacré des thébains, les "equestres" chez les romains),
ce qui conduira à un fondement éthique de la valeur militaire

B/ le citoyen-soldat
- né dès la formation des cités (polis), un citoyen étant par définition un soldat,
la distribution des charges militaires se faisant en fonction de la classe sociale
et selon la richesse des appelés, on distingue:
a) la triéarchie (la flotte)
b) la cavalerie
c) la phalange hoplite
d) l'infanterie légère + les rameurs

- la valeur militaire du bon soldat étant basée sur le fondement social
de la terre et de la famille:
propriétaire foncier et père de famille = la mise en oeuvre d'une vertu immanente
au citoyen pour préserver son bien et sa liberté

C/ les mercenaires grecs (misthophoros)
- c'était un soldat professionnel, dicté par l'appât du gain
et donc caractérisé par les trois aspects: de spécialiste, d'apatride et de stipendié
n.b. apatride = ayant perdu sa nationalité, stipendié = qui reçoit une solde

- le système du mercenariat, recruté surtout en Egypte pour la supériorité technique
de l'armement hoplitique, puis au service de Carthage et des satrapies perses
- le marché du mercenariat au cap Ténare (sud du Péloponnèse)
- la solde, généralement composée de plusieurs sortes:
espèces, rations de blé ou autres produits, équipement, rabais sur les marchés, etc
- les clérouques = colonisation militaire par l'octroi de terres aux mercenaires
ou par droit de citoyenneté (nouvelle intégration)
- les causes du mercenariat: crises économiques et politiques,
pression démographique (émigration), inadaptation sociale
- ce fut en tout cas une main-d'oeuvre militaire plutôt bon marché!
(guère plus que le salaire d'un ouvrier de qualification moyenne)

D) le professionnalisme romain
- la dégénérescence du citoyen-soldat
- le mercenariat ne connut chez les romains qu'un développement limité
(embauche de spécialistes tels les archers crétois),
mais le citoyen-soldat ne fut plus à même de continuer une activité de propriétaire foncier
en même temps qu'une activité militaire d'où deux professions distinctes:
a) riches propriétaires avec esclaves non astreints au service militaire
b) soldats professionnels quittant leurs terres
- les autres regagnant les villes et subsistant avec les distributions gratuites
contre leurs droits politiques (droit de vote),
ce qui contribua au développement de la plèbe

1/ la prolétarisation de l'armée romaine
- le recrutement s'effectue par conscription ou par volontariat,
le paysan devint par définition le soldat idéal pourvu qu'il soit
de citoyenneté romaine ou possède un droit de cité,
l'armée étant considérée comme un moyen de promotion sociale et politique
(taille idéale du soldat = 1.70 m, âge 18-23 ans)
- par la suite, le recrutement s'effectuera aussi dans les provinces soumises à Rome
et les recrutés servent principalement dans les légions cantonnées dans leurs propres régions
- les vrais romains étaient destinés à la garde prétorienne et urbaine
alors que les provinciaux furent de plus en plus incorporés dans les légions de l'empire,
de nombreux généraux furent ainsi d'origine provinciale ou même barbare
tel Alaric, Stilicon, Arbogast, etc
>> p. 82 la dénomination des légions
telle Flavia, Gemini, Italica, Fulminata, etc,
l'enseigne des légions resta longtemps l'aigle, oiseau de Jupiter
avec leurs fanions (vexilla), insignes et étendards

2/ la solde militaire (stipendium)
- environ cinq as par jour par soldat
en comparaison avec un travailleur manuel (dix as par jour),
la solde fut toutefois doublée par César, puis par Domitien et Septime-Sévère,
par contre le soldat avait droit à une partie du butin de guerre

- les économies du soldat étaient mises dans la caisse d'épargne de sa cohorte,
à sa retraite, il recevait généralement une somme forfaitaire ou un lot de terre,
le soldat jouissait aussi de certaines exemptions fiscales
et de distributions en nature (vêtement, équipement, nourriture, chevaux, etc)

III/ les modes de combat

A) combat en rase campagne
- mené par l'infanterie lourde, l'infanterie légère et la cavalerie,
- les armes (panoplie mycénienne): cuirasse torsale, casque et jambières,
bouclier, lance, épée, poignard et javelot;
- l'armée était composée de chars et de fantassins

a) la phalange hoplite
- tiré du nom du bouclier "hoplon" caractérisée par son armement défensif:
le bouclier porté au côté droit
>> p. 94 les différents types de casques: principalement corinthien et ionien
- la formation particulière au combat de la phalange
= formation serrée en profondeur (8 lignes)
>> p. 95 la tactique d'Epaminondas

b) la phalange macédonienne
- crée par Philippe II, conférait à la phalange une plus grande mobilité
avec aussi une plus grande force grâce à la "sarissa",
tenue à deux mains et longue de 5 mètres
- cette phalange se répartissait en bataillons (taxeis) de 1500 hommes
sur 16 lignes de profondeur

c) la légion romaine
- une création originale du génie romain composée de 6000 hommes (= 60 centuries)

d) la légion manipulaire
- crée par Camille avec les "hastati" en première ligne,
suivis par les "principes" et les "triarii", tous équipés du fameux pilum
- la manipule (2 centuries) devint la nouvelle unité tactique,
soit 30 manipules par légion
- grâce à sa souplesse d'articulation, la légion l'emporta sur la phalange, plus rigide

e) la légion de Marius
- adoption d'une formation plus serrée: la cohorte qui fut aussi une unité tactique
- l'armement devient plus perfectionné: cotte de mailles
(par la suite remplaçée sous Trajan par des bandes métalliques articulées),
des chaussures cloutées (caligae) et d'un grand bouclier incurve (scutum)
- nombre maximum de légions dans l'empire: environ 30 = 180'000 hommes


1/ la stratégie impériale
- visait avant tout sous Auguste
à la conservation et à la stabilisation de l'empire
- création des provinces "sénatoriales" sous le commandement d'un proconsul
avec les légions "auxiliaires", les légions "impériales" étant directement
sous l'autorité de l'empereur
- des ouvrages défensifs, les "limes" furent élevés sur les frontières
(particulièrement en Bretagne: les murs d'Hadrien et d'Antonin)
- les prétoriens = garde personnelle de l'empereur était organisée
en trois cohortes de 500 hommes stationnés
dans les "castra praetoria" aux portes de Rome ainsi que les cohortes urbaines
(Septime-Sévère eut jusqu'à 30'000 prétoriens sous ses ordres directes)

- durant le Haut-Empire, le système stratégique se désagrégea
suite aux fortes invasions barbares et aux mouvements internes de dissidence,
Dioclétien réussit encore à consolider et à soutenir l'oeuvre militaire
en renforçant les frontières de l'empire,
l'armée fut encore perfectionnée par Constantin
- par la suite, ce furent des barbares romanisés (peuples fédérés)
qui se chargèrent de la défense des frontières

2/ l'armement des troupes légères
= troupes auxiliaires armées de javelots, d'arcs et de frondes;
>> p. 107 deux types d'arcs: "simple" et "composite"
(une invention attribuée aux Scythes, ce nouveau type d'arc avait une portée de 200 m),
ces troupes étaient aussi équipées d'une épée mais pas de cuirasse

- le développement des troupes légères, ceux-ci en s'adaptant mieux au terrain,
servaient comme forces de reconnaissance (éclaireurs),
pour des escarmouches préliminaires et comme forces d'accompagnement (harcèlement)
- chez les grecs, apparition d'une force intermédiaire: le peltaste
(petit bouclier = pelte avec javelots ou lance légère),
chez les romains, c'étaient les "velites"

3/ les origines de la cavalerie
- celle-ci au début, jouait un rôle secondaire, les résultats obtenus
n'étant guère à la mesure des dépenses exigées par leur entretien
- elle fut d'abord utilisée comme moyen de transport (fantassin monté)
et comme force de poursuite

- l'essor des cavaliers de harcèlement, ne pouvant s'imposer comme force de frappe
contre la phalange hoplitique, la cavalerie fut alors chargée
des opérations de reconnaissance et de harcèlement (archers à cheval);
- ce fut Alexandre le Grand, le premier, qui développa considérablement la cavalerie
avec les compagnons = hétaires, divisée en hipparchies,
la cavalerie attaquant surtout les troupes ennemies sur leur flanc et sur leurs arrières

- le renouveau de la cavalerie sous l'empire romain,
sous la pression des barbares qui utilisaient beaucoup de cavalerie,
les romains renforcèrent leur propre cavalerie, d'abord en cavalerie légère,
puis en cavalerie lourde (cataphractes) afin de pouvoir contenir la cavalerie ennemie
tels les Parthes, les Sarmates et les Daces,
- mais ce sera uniquement grâce à la diffusion de l'étrier,
donnant une meilleure assise et donc une plus grande puissance de choc
que la cavalerie se développera vraiment à partir du VIIIème siècle

4/ autres troupes montées
- usage du char de guerre (surtout en Orient avec le char à faux),
mais ceux-ci ne connurent pas de grand succès , étant lourds et peu mobiles;
ils furent souvent rendus inefficaces par de nombreuses parades défensives
- usage des éléphants dont la force d'attaque
fut rapidement contrée par les légions romaines
- les chameaux, utilisés plutôt comme moyen de ravitaillement,
mais qui avaient l'avantage de faire fuir les chevaux de par leur mauvaise odeur
(tout comme les éléphants d'ailleurs)

B/ l'art des sièges (la poliorcétique)

1/ les origines
- fortifications de Mycènes où les portes et autres voies d'accès
étaient pratiquement les seuls points faibles,
l'investissement (famine) était presque le seul moyen d'arriver à bout de ces forteresses

2/ la pratique de l'assaut
- toutes les troupes y participaient (sauf peut'être la cavalerie)
et elle mettait en oeuvre un matériel de siège considérable et coûteux

3/ la poliorcétique romaine
- inspirée de celle des grecs mais plus perfectionnée;
les romains devinrent les maîtres de la poliorcétique
(Syracuse, Carthage, Alésia, Jérusalem, Massada)
de par la qualité de leur logistique et grâce à leur talent de terrassier

4/ les troupes d'assaut
- le type même du preneur de cités était le peltaste,
des commandos spécialisés tels les "tortues" des romains étaient aussi utilisés

5/ les armes incendiaires
- les bûchers calculés en fonction du vent (avec de la poix et du soufre),
des projectiles lancés à distance (flèches, lance-flamme) furent également utilisés,
le vinaigre (d'une grande qualité extinctrice) était employé
par les assiégés pour arrêter le feu (notamment contre le feu grégeois)
- les feux liquides, utilisant le naphte
(qui annonçait le futur feu grégeois inventé par Kallinikos d'Hetropolis)
- Archimède avait même inventé des miroirs qui captaient le feu du ciel

6/ les ouvrages de charpente
- les béliers "propulsés à la main" ou "suspendu"
était l'arme favorite des assaillants
- les tours roulantes (hélépole) construites en fonction des murailles assiégées
et munies d'un "pont roulant"

7/ les machines de jet
- l'arbalète (balliste, scorpio)
- l'engin à torsion (catapulte, oxybèle)
- le pierrier (lithobole, onager) qui pouvait propulser des pierres de 70 kg à 300 m

8/ les travaux de terrassement
- la rampe d'assaut ou agger telle celle utilisée au siège de Massada
- creusement de sapes et de mines pour provoquer l'effondrement
des murailles (ou des rampes d'assaut!)
- les lignes de circonvallation et de contrevallation
comme édifiées par les romains à Alesia

9/ la réaction des assiégés
- résultait à contrecarrer la progression de l'ennemi par des "anti-machines"
(contre-bélier, filet, piques en forme d'hameçon)
- ces réactions étaient appuyées par des sorties offensives "surprise" des assiégés

10/ l'art des fortifications
- creusement de fossés de défense et construction d'avant-murs
en avant des remparts (tours d'enceinte, poternes, etc)
- on passera alors d'une architecture pondérale à une architecture de mouvements
- l'art grec des fortifications culmina à Syracuse au temps d'Archimède
(n.b. pondéral = relatif au poids)


C/ la marine de guerre

- les puissances maritimes: Athènes, l'Egypte, Rhodes, la Phénicie, Carthage et Rome
- caractérisées par la qualité exceptionnelle de leurs vaisseaux de guerre

1/ les bateaux de guerre
- de forme effilée, appelés "vaisseau long" d'une grande capacité manoeuvrière
mais qui tenaient mal la mer ce qui en fit souvent la proie des tempêtes,
la propulsion était surtout fournie par les rameurs
ce qui nécessitait de fréquentes escales pour l'eau et la nourriture
par manque de place pour les provisions
- ces vaisseaux comportaient deux accessoires essentiels
a) un éperon de proue (pour l'éperonnage) et
b) des plate-formes de combat (pour l'abordage)

2/ les origines de la marine de guerre
- dès 3000 BC, apparition des premiers vaisseaux,
- vers 800 BC, création des birèmes, puis des trirèmes (trières)
par le corinthien Ameïnokles

3/ le règne de la trière
- composée de trois catégories de rameurs:
les thranites, les zygites et les thalamites = 170 rameurs par trière
>> p. 142 la disposition des rameurs
- ces trières exigeaient toutefois des rameurs une activité très coordonnée

4/ la tentation du gigantisme
- dès 400 BC, course au gigantisme dans la construction navale
(création de pentères = quinquérèmes à cinq rangs de rameurs)
- en plus des navires de guerre, il y avait les transports de troupes
et les vaisseaux-courriers
- les vaisseaux étaient équipés et entretenus dans les arsenaux (hangar à bateau)
surveillés par des magistrats appelés "épimélètes"

5/ l'armement naval
- impliquait l'action de l'état (telle Athènes)
pour une véritable politique maritime,
la construction était effectuée par l'état alors que l'équipement et l'entretien
incombaient aux citoyens les plus riches (triéarchie)
- chez les romains, deux flottes importantes constituaient la force navale principale:
les flottes impériales de Misène (à Naples) et de Ravenne

6/ la composition des équipages
- quatre classes: les officiers, les techniciens, les rameurs et les fantassins,
le tout commandé par un "triéarque"
assisté par un "pentékontarque"

7/ le recrutement des équipages
- contrairement à la supposition, les esclaves n'étaient qu'en nombre limité
en tant que rameurs
qui étaient principalement recrutés parmi les classes sociales les plus basses
mais bien qualifiées pour cette activité,
ce n'est que plus tard, par manque de main d'oeuvre, qu'on fit appel aux esclaves


8/ les tactiques navales, deux principales
- l'éperonnage devait être mené sur le flanc du vaisseau ennemi
à une vitesse ni trop forte (pour ne pas resté fiché) ni trop faible
>> p. 151 les tactiques du "periplous" et du "diekplous"
- l'abordage dont les romains perfectionnèrent la tactique
en inventant un instrument appelé "le corbeau"

IV) l'organisation des armées

A) la vie matérielle

1/ les camps militaires (castramétation)
- les maîtres dans cet exercice: les romains,
l'établissement du camp: au centre, le praetorium = quartier général, le prétoire,
le forum, la tente du questeur et les chambrées des légionnaires
- le tout était toujours disposé dans un quadrilatère bordé de fossé et de retranchement

2/ les hommes du train
- ils étaient chargés de la logistique et entraînaient à leur suite
un convoi de civils en tout genre

3/ les services sanitaires
- furent surtout exigés par les mercenaires,
mais dans chaque camp, il y avait déjà un hôpital (valetudinarium)

4/ les problèmes de ravitaillement
- les rations antiques se composaient de céréales: froment ou orge, viande, poisson,
fromage, légumes (oignons), de sel et de vin mélangé avec de l'eau
- les armées en campagne avaient tendance à vivre sur le pays,
notamment pour le fourrage, le pillage n'était pas toujours recommendable
et les expéditions de ravitaillement difficiles à organiser
- ce furent généralement les services de l'intendance qui s'en chargèrent
(confiés à la surveillance du questeur chez les romains)

5/ la fourniture des armes
- l'industrie était prise en charge par l'état qui fournissait les armes
aux soldats en leur faisant parfois une retenue sur leur solde,
elle visait ainsi à une autarcie économique

B/ l'exercice du commandement

1/ le rôle du chef d'armée
- à l'époque première, afin de démontrer son aptitude au commandement,
le chef devait payer de sa personne,
voir à chercher une mort glorieuse en menant ses troupes,
par la suite, le chef d'armée se tint plutôt en réserve
afin de mieux contrôler la situation d'ensemble
(prendre part au combat avec plus de prévoyance que d'audace), les exemples de:
a) Alexandre le Grand faisant preuve de ses capacités personnelles
b)Scipion l'Africain cultivant dans la mémoire de ses soldats,
le souvenir d'exploits antérieurs

2/ les qualités du chef d'armée
- selon Platon = un art empirique qui demandait en plus du courage,
une longue expérience, une grande attention et une certaine connaissance
de la géométrie et de l'astronomie ainsi que de savoir juger le jeu des circonstances
>> p. 172 la description de Polybe

3/ le renseignement
- perfectionnement des moyens de transmission
et des services de renseignement (messagers, bématistes);
chez les romains, développement des relais pour courriers rapides
ainsi que de nouveaux systèmes de signalisation à distance

4/ les magistrats militaires des cités grecs
- le chef de l'armée athénienne: l'archonte polémarque
puis vinrent les stratèges (autokrator)

5/ le commandement des armées romaines sous la République
- généralement c'était le consul qui dirigeait une ou plusieurs légions
(imperium = investi de l'autorité sur les personnes),
puis les proconsuls qui conservaient leur charge pour le gouvernement d'une province,
le consul était assisté du questeur qui gérait les finances
- les tribuns militaires secondaient le consul (six par légion),
ils étaient élus par le peuple ou par le sénat
mais le consul pouvait nommer des préfets d'un rang comparable aux tribuns
(exemple: préfet de la cavalerie),
pour des missions particulières, le consul proposait des légats élus par le sénat
- ces charges militaires étaient beaucoup un moyen de promotion politique

6/ le commandement des armées romaines sous l'empire
- l'empereur en tant que chef suprême des armées
assumait les charges et nommait les commandants

7/ les cadres subalternes
- caractérisés par les sous-officiers dont les centurions dans la légion
formaient l'ossature première,
les décurions étaient les chefs d'escadrons (cavalerie),
tous les deux s'adjoignaient des "optiones" (chef d'une manipule)
et des porte-étendards (vexillarii ou signifer)

C/ les hommes de troupe

1/ la formation du soldat
- la pratiques des armes, le savoir-faire

2/ l'art de la manoeuvre
- était la principale forme d'entraînement
voulant faire de l'armée une force ordonnée et homogène,
les Spartiates étaient passés maîtres dans l'art du rangement et de l'évolution
des formations hoplitiques

3/ le maniement des armes
- l'escrime à l'épée (hoplomachie) et chez les romains le lancer du pilum,
dérivé des techniques pratiquées dans les écoles de gladiateurs

4/ la préparation militaire
- préparation par le biais de la chasse et des épreuves athlétiques
et aussi par la danse guerrière (la pyrrhique)
- également important étaient les pratiques d'initiation
(esprit d'émulation et rites religieux)
>> p. 192 la formation militaire à Sparte
>> p. 193 l'éphébie athènienne
où des magistrats s'occupaient de la formation des éphèbes

5/ la discipline militaire
- condition essentielle pour le bon fonctionnement des armées
- la désertion était la faute la plus grave: punie de mort, d'exil ou de dégradation,
la mutinerie, par contre, pouvait être parfois légitimée
- le fondement ultime était la fidélité au chef et le respect des lois
(serment d'allégeance et promesse de solidarité mutuelle)

Conclusions

a) les causes de la guerre
- d'abord des conflits de souveraineté: guerres monarchiques
(renforcer le prestige des souverains),
- guerres "agonistiques" (susciter l'esprit d'émulation des cités)
- guerres "stratégiques" (plan d'expansion impérialiste) mais aussi
- les guerres de rapine et les guerres commerciales
(contrôle du ravitaillement et des débouchés de vente)

b) guerre et société
- pour faire la guerre, il faut que les forces productives soient bien développées
pour engendrer un surplus de ressources
aptes à être investi dans les opérations guerrières
et qui étaient après coup récupérées par l'exploitation des peuples asservis,
soit par l'imposition de tributs, soit par la domination
- de par ce fait, la guerre antique eut une grande influence sur l'histoire
et le développement de la civilisation
- elle influença aussi le développement technique de par son génie inventif
et fut peut'être créatrice de l'artisanat (spécialisation de la production)
ainsi que sur le développement du commerce et de la finance pour payer les soldats
(en quelque sorte aussi de la médecine)

Bibliographie (ouvrages de référence)

- Adcock: the Greek and Macedonian art of war (1957)
- Droysen: Heerwesen und Kriegsführung der Griechen (1964)
- Ducrey: guerre et guerriers dans la Grèce antique (1985)
- Fuller: the generalship of Alexander the Great (1958)
- Lazenby: the Spartan army (1985)
- Nicolet: Rome et la conquête du monde méditerranéen (1978)
- Parker: the Roman legions (1938/1958)
- Rasin: Geschichte der Kriegskunst (1959)
- Rouge: la marine dans l'Antiquité (1975)
- Tarn: hellenistic military and naval developments (1930)
- Toynbee: guerre et civilisation (1950)
- Vernant: problème de la guerre en Grèce antique (1968)

>> un livre intéressant et détaillé, parfois dans un style un peu compliqué,
se référant surtout à l'art militaire romain, mais un ouvrage de référence sur ce sujet

annexes
- couverture du livre
- fresque sur vase ancien
- un éléphant de combat
- marine antique
- le cheval de Troie
couvertures:
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