Larrey, chirurgien de Napoléon

série: Histoire (Empire)
éditeur: Fayard
auteur: Soubiran André
classement: biblio33A
année: 1966
format: broché
état: TBE
valeur: 8 €
critère: **
remarques: le baron Larrey, chirurgien dans l'armée de Napoléon,
livre agrémenté de plusieurs gravures
et tout à fait intéressant à la lecture
a) du point de vue médicale dans l'armée
b) du point de vue historique avec quelques détails inédits
sur les guerres napoléonniennes

Dominique-Jean Larrey, baron Larrey et de l'Empire,
est un médecin et chirurgien militaire français, père de la médecine d'urgence,
né le 8 juillet 1766 à Beaudéan (Hautes-Pyrénées) et mort à Lyon le 25 juillet 1842,
chirurgien en chef de la Grande Armée,
Larrey suivit Napoléon Ier dans toutes ses campagnes,
il fut un précurseur en matière de secours aux blessés sur les champs de bataille,
pratiquant les soins sur le terrain le plus tôt possible,
grâce à des ambulances chirurgicales mobiles,
il est aussi le précurseur de la CIR
(comité international de la Croix Rouge) fondé par Henry Dunant.


de tous les chirurgiens des armées de la Révolution et de l'Empire,
Dominique Larrey est, sans conteste, le plus prestigieux
dont le nom sera de son vivant gravé sur
l'Arc de Triomphe de l'Etoile
et qui méritera cet hommage prononcé par Napoléon à St-Hélène
"si l'armée élève une colonne à la reconnaissance,
elle doit l'ériger à Larrey"

mais le témoignage des soldats sur le célèbre chirurgien de la Garde Impériale
est plus éloquent encore:
tous, sans distinction de nationalité et de camp,
l'appelleront leur "Providence"
car de 1792 à 1815 dans le désordre des retraites,
aussi bien que dans l'enthousiasme des victoires,
l'indifférence du commandement et de l'intendance
à l'égard des blessés des combats est la règle

"l'Empire a ignoré l'humanité":
les chiffres et les faits rappportés par Soubiran
viennent confirmer hélas ce sévère verdict,
malgré les protestations des Larrey, des Percy,
des Desgenetes, Napoléon n'a pas voulu - ou n'a pas pu -
libérer le service de santé de la catastrophique tutelle de l'Intendance
et cette autonomie réelle du corps de santé militaire
ne date en France que de 1917!

créateur du service sanitaire de l'avant,
tel que le conçoivent aujourd'hui toutes les armées du monde,
Larrey est aussi l'incontestable précurseur d'Henry Dunant
et de ceux qui ont lutté, depuis cent ans, pour établir,
puis pour préserver la neutralité - sans cesse menacée -
de la médecine en temps de guerre

mais aussi le récit de ce "destin hors-série" déborde-t-il
l'intérêt puremenet biographique pour éclairer
des aspects peu connus de l'histoire napoléonnienne
et devant les risques permanents de guerre qui pèsent toujours sur le monde,
pour nous apporter de salutaires rappels

>> p. 116 les commissions de réforme
(pour les demandes d'hospitalisation dont l'exeat
= certificat de radiation de l'armée ou déinscription)
lors de la campagne d'Egypte

>> p. 164 Hygie, la déesse de la santé, donnant
à boire à Mars, dieu de la guerre
= bas-relief de la fontaine de Mars à Paris

n.b. Lacépède
Bernard Germain Étienne de Laville-sur-Illon, comte de Lacépède
(parfois appelé de la Cépède), né le 26.12.1756 à Agen et mort le 6.10.1825
est un zoologiste et homme politique français
n.b. consomption
médecine) (vieilli), amaigrissement progressif
qui précède souvent la mort dans la plupart des maladies chroniques
et surtout dans la tuberculose

>> p. 256 l'orthopédiste-prothésiste Larrey
qui s'adressa au meilleur forgeron de Vienne
et lui fit fabriquer une ingénieuse épaule d'acier
qu'on peut voir au Musée de l'Armée

n.b. lors des batailles napoléonniennes,
la maladie fait plus de ravage que le fer et le feu!

>> p. 314 pour les plaies des membres avec gros délabrement,
Larrey se fait le champion des amputations précoces,
(>> p. 88 faire quelques belles amputations)
si possible dans les premières 24 heures de la blessure
"une amputation bien indiquée, exécutée simplement et rapidement
au moment propice, pansée ensuite avec méthode,
donne un résultat brillant dans les trois quarts des cas"
n.b. on pourrait bientôt les appeler des chefs'd'oeuvre (note du lecteur)
n.b. en plus de la trépanation et de la circoncision,
l’amputation d’un membre du corps compte
parmi les plus anciennes interventions chirurgicales,
les prothèses existaient déjà dans l’Égypte antique
Aulus Cornelius Celse (25 av. J.-C. à 50 apr. J.-C.)
a rédigé les premières descriptions concernant les amputations,
bases chirurgicales encore valides aujourd’hui:
"il faut donc, avec le bistouri, couper jusqu’à l’os,
entre le mort et le vif, la chair du membre malade
de façon, néanmoins, que l’amputation
ne se fasse pas tout-à-fait auprès de l‘articulation
et qu’on emporte plutôt de la partie saine,
qu’on ne laisse de celle qui est gangrenée"

ce savoir, datant du 1er siècle avant Jésus-Christ, fût ensuite perdu,
jusqu’au Moyen-âge, les chirurgiens sectionnaient les membres
là où la gangrène empêchait la circulation sanguine,
ainsi, il était possible d’éviter de fortes hémorragies,
sans toutefois arriver à maîtriser la gangrène, souvent mortelle,
plus tard, les chirurgiens ont tenté d’arrêter les saignements
à l’aide de cautères ou de médicaments agressifs

>> p. 381 maintenant que l'empereur Napoléon
n'est plus qu'une ombre glorieuse mais inoffensive (1826)
les Anglais de la gentry s'offrent le luxe de lui décerner
la palme du martyre et de maudire l'ungentlemanly Hudson Lowe,
coupable d'avoir exécuté trop scrupuleusement
les ordres de son gouvernement

>> p. 392 les trois glorieuses
la révolution de Juillet est la seconde révolution française
après la Révolution française de 1789,
elle porte sur le trône un nouveau roi, Louis-Philippe Ier,
à la tête d'un nouveau régime, la monarchie de Juillet,
qui succède à la seconde Restauration,
cette révolution se déroule sur trois journées,
les 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les trois glorieuses

>> p. 417 l'épisode avec madame Mère, Napoleonis Mater
que l'astronome Chacornac sur suggestion de Larrey
prit le nom de Laetitia pour nommer la planète 39 de la carte du ciel

>> p. 467 l'organisation exemplaire du service de santé
dans l'armée prussienne en 1870,
à cette époque, les troupes françaises
paieront un lourd tribut à la variole
alors que l'armée prussienne, vaccinée, échappera à l'épidémie

Information
fils de Jean Larrey, maître cordonnier,
Dominique Larrey est né dans le petit village
de Beaudéan dans les Hautes-Pyrénées,
sa maison natale existe toujours dans la rue principale du village
et elle est devenue un musée,
orphelin à treize ans, Larrey est élevé par son oncle Alexis Larrey,
chirurgien en chef de l'hôpital de La Grave de Toulouse
et fondateur du premier hôpital militaire de cette ville,
après six années d'apprentissage, il vient à Paris pour y étudier la médecine
auprès de Pierre Joseph Desault, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu,
en 1794, il épouse Marie-Élisabeth Laville-Leroux, peintre

Larrey commence sa carrière en 1787 comme chirurgien de la marine royale
sur la frégate la Vigilante en mer d'Irlande,
de retour à Paris dès l'année suivante,
il s'y lie avec Corvisart et Bichat,
et avec Sabatier, chirurgien en chef des Invalides,
hôpital où il obtient sur concours un poste d'aide-major

première étape d'une carrière qui le conduira
sur tous les champs de bataille d'Europe, de l'Espagne à la Russie,
et jusque dans les déserts d'Égypte et de Syrie,
il est en 1792 chirurgien aide-major à l'armée du Rhin,
chirurgien de première classe en 1792,
dans l'armée du maréchal Luckner,
il crée des ambulances volantes à Mayence,
à la tête desquelles il court enlever les blessés
sous le feu des batteries ennemies,
il est ensuite chirurgien principal à l'armée de Custine,
puis chirurgien en chef de la 14e armée républicaine en 1794,
il organise l’École de chirurgie et d'anatomie de Toulon,
et devient professeur à l'École militaire de santé du Val-de-Grâce en 1796,
il est chargé de l'inspection des camps et des hôpitaux de l'armée d'Italie (1796),
puis nommé chirurgien en chef à l'armée d'Égypte

à la bataille d'Aboukir, il sauve le général Fugière, sous le canon de l'ennemi,
d'une blessure à l'épaule
au siège d'Alexandrie, Larrey trouva le moyen de faire de la chair de cheval
une nourriture saine pour les blessés,
et fit tuer pour cet usage ses propres chevaux.

en 1802, il est chirurgien en chef de la Garde des consuls,
il soutient sa thèse de médecine en mai 1803,
conformément aux nouvelles dispositions de la réorganisation du monde médical:
- dissertation sur les amputations des membres
à la suite des coups de feu dédicacée au général de Villemanzy

inspecteur général du service de santé des armées, en 1805,
et chirurgien en chef de la Garde impériale,
en 1804, Larrey reçoit une des premières croix d'officier
de la Légion d'honneur de la main du premier consul, qui lui dit:
c'est une récompense bien méritée

il est créé baron d'Empire en 1809, sur le champ de la bataille de Wagram,
et inspecteur général du service de santé militaire en 1810,
il fait toutes les campagnes du Premier Empire
en qualité de chirurgien en chef de la Garde impériale
puis de chirurgien en chef de la Grande Armée (12 février 1812),
en 1813, il prend la défense des conscrits blessés à la main
et accusés de se mutiler volontairement,
ce qui lui valut une haine farouche de Soult

cénotaphe de Larrey au cimetière du Père-Lachaise,
en épitaphe, un extrait du testament de Napoléon:
à Larrey, l'homme le plus vertueux que j'aie connu

blessé à la bataille de Waterloo, prisonnier des Prussiens,
il fut sur le point d'être fusillé à cause de sa ressemblance avec Napoléon,
mais fut relâché sur ordre de Blücher, dont il avait soigné le fils,
la Restauration le tint à l'écart
mais il fut rappelé par la monarchie de Juillet

il fait partie de la première promotion
des membres de l'Académie royale de médecine,
par ordonnance de Louis XVIII en 1820,
sa statue en marbre blanc, majestueuse et monumentale,
sculptée par Pierre-Alfred Robinet,
siège toujours dans le hall d'entrée
de l'Académie de médecine à Paris, rue Bonaparte,
en 1829, il est élu membre de l'Institut, à l'Académie des sciences
il a appartenu à la Franc-Maçonnerie

dans ses dernières années, membre du Conseil de santé des armées,
il sollicite en 1842 une inspection médicale en Algérie
il tombe malade en Afrique, maladie à laquelle,
huit jours plus tard, il succombe à Lyon le 25 juillet 1842.
il reste la figure médicale la plus célèbre du Premier Empire,
à la bataille de la Sierra Negra,
il ampute en une journée pas moins de 200 blessés,
il était d'ailleurs considéré comme un bon chirurgien,
à une époque où l'anesthésie n'existait pas,
car il était capable d'amputer un membre en moins d'une minute,
l'amputation était à l'époque la seule asepsie efficace,
en l'absence d'antibiotiques, découverts bien plus tard.

Larrey serait à l'origine de la mise en place au sein des armées françaises
du système des "ambulances volantes" dans lesquelles
il embarquait indifféremment amis et ennemis,
afin de les soigner sans faire de distinction
ni de nationalité, ni de grade,
ce qui lui valut l'estime des officiers et généraux des armées ennemies

Larrey est aussi connu dans le domaine de l'asticothérapie
qu'il a utilisée lors de la campagne égyptienne en Syrie,
cette technique datant de l'antiquité
consiste à déposer sur des plaies infectées une certaine espèce d'asticot
qui se nourrit des chairs infectées, les assainissant ainsi.

le 1er octobre 1811, avec l'aide de quatre autres médecins,
le baron Larrey réalise une mastectomie sur l'auteure anglaise Frances Burney
(épouse du général Alexandre d'Arblay),
cette dernière, consciente pendant l'opération,
raconte quelques mois après dans une lettre adressée à sa sœur
les différents gestes des médecins lors de sa mastectomie
n.b. la mastectomie est l'enlèvement chirurgical, partiel ou total,
d'un sein ou des deux

il acquiert en 1830 une propriété à Bièvres,
qu'il transmit à son fils Hippolyte (1808-1895),
médecin-chef de l'armée et chirurgien de Napoléon III,
il laissa des mémoires d'un très grand intérêt,
rarissimes en édition originale et devenus rares en réédition.
le nom de Larrey est inscrit sur la 30e colonne
du pilier sud de l'Arc de Triomphe de l'Étoile à Paris

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