série: | Alexandre le Grand |
éditeur: | PUF |
auteur: | Briant Pierre |
classement: | biblio2A |
année: | 1974 |
format: | broché |
état: | TBE |
valeur: | 5 € |
critère: | *** |
remarques: | Alexandre le Grand PUF no 622 1/ les grandes étapes de la conquête (334-323 BC) - compte-rendu des campagnes d'Alexandre en Asie Mineure et aux Indes - Aristote fut durant trois ans le précepteur d'Alexandre (343-340 BC) 2/ origines et objectifs de la conquête - la notion du "pothos" = désir irrationnel pour Alexandre de se dépasser et d'aller toujours plus loin, toutefois la plupart des auteurs contredisent la thèse que la campagne d'Alexandre fut une aventure personnelle bien que l'opposition de ses soldats révèlent la volonté collective des macédoniens contre le caractère de plus en plus personnel d'Alexandre - en outre, les interprétations des anciens auteurs n'ont pas hésité à maquiller la réalité concernant le caractère surhumain du roi et de son entreprise alors que les risques que prenaient Alexandre ont toujours été des risques calculés - Isocrate fut l'inspirateur de la guerre contre les perses, ligue de Corinthe, Philippe devient strategos autocrator (avec les pleins pouvoirs) - guerre de libération (pour les cités grecques d'Ionie) et politique d'occupation par Alexandre (croisade philhellénisme) mais aussi guerre de représailles (l'incendie de Persépolis) - commentaires sur l'héritage achéménide: Alexandre ne veut pas des concessions de Darius mais veut être considéré comme le maître souverain (kurios) des territoires déjà conquis, Darius ne songeant pas à abandonner son droit de souveraineté sur les régions cédées - les expéditions en Inde et dans le golfe persique ont suscité les commentaires les plus divers chez les historiens (pothos, visées commerciales et scientifiques), Alexandre n'a toutefois découvert aucune terre inconnue (ces territoires avaient déjà été conquis par les perses soit mentionnés par Hérodote) - projets de conquête du bassin occidental de la Méditerranée (principalement contre Carthage) 3/ résistance à la conquête - la résistance de Darius ne doit pas être sous-estimé, malgré la supériorité technique et manoeuvrière de l'armée macédoine, la flotte phénicienne du roi perse reste menaçante - quoique stratégique, la position d'Alexandre n'est pas sans risques, Alexandre a besoin de victoires complètes et immédiates (manque d'argent, menace de révolte des cités grecques, contre-attaque sur les arrières d'Alexandre, menace des mercenaires grecs) - la mort de Memnon et les talents militaires d'Antigone qui sut briser les contre-attaques perses en Cappadoce et en Paphlagonie furent une catastrophe pour l'empire perse - la résistance tacite des cités grecques, Antipater est le garant de l'autorité macédonienne en Grèce, bataille de Megalopolis en 331 BC contre le roi lacédémonien Agis, Alexandre sut aussi transiger avec les cités grecques, notamment avec Athènes - guérilla dans les satrapies orientales, résistance de Bessos et de Spitamenes, mais situation ambigue de Spitamenes entre les Scythes (nomades) et les Sogdianes (sédentaires); également méthodes de terreur de la part d'Alexandre, donc loin de l'attitude chevaleresque d'Alexandre louée par les anciens auteurs, toutefois les méthodes de guerre en Bactriane et en Sogdiane nécessitaient peut'être des mesures appropriées pour soumettre les rebelles - résistance de l'armée macédonienne qui commence à considérer les conquêtes d'Alexandre comme une entreprise personnelle, la résistance de l'armée macédonienne fut probablement le plus grave échec d'Alexandre 4/ administration, défense et exploitation des territoires conquis a) l'autorité royale - la structure achéménide des satrapies est conservée en grande partie, parfois divisée aussi en commandements civils (nomarchies) - c'est l'état itinérant, c'est à dire en création permanente mais tout s'ordonne autour de la personne du roi, Alexandre dirige les affaires avec un petit nombre d'hommes tels que - Eumène de Cardia = archichancelier - Hephestion = chiliarque - Harpale = grand trésorier - les missions importantes sont confiées aux somatophylaques (gardes du corps) qui ont la confiance personnelle d'Alexandre - certains territoires restent pratiquement autonomes: Cappadoce, Arménie et Bithynie, Chypre ne fait pas partie de l'empire - l'Inde est sujet à de nombreuses variations pour devenir finalement Inde I (supérieure) et Inde II (inférieure) - le plus souvent Alexandre laisse dans ces territoires les chefs traditionnels plutôt que d'y imposer les macédoniens, c'est le principe de "l'indirect rule" - problèmes des cités grecques d'Ionie en partie incluses dans les satrapies, en partie autonomes - proclamation d'affranchissement pour les bannis (rescrit) = réintégration difficile b) contrôle des territoires - maintien de l'ordre, après le passage d'Alexandre, il faut soumettre à titre définitif les régions conquises et/ou "rebelles" (armée d'occupation et garnisons) c) urbanisation - les villes fondées par Alexandre constituent un moyen privilégié pour assurer la domination macédonienne (70 cités fondées mais effectivement 20, les autres étant plutôt des garnisons ou colonies - à côté du développement économique et culturel, la fonction pincipale est militaire: - Alexandria Areion (Herat) - Alexandria Arachosia (Kandahar) - Alexandria Drangiana (Prophtasia = Phrada) - Alexandria ad Caucasum (Hindou-Kouch) - Alexandria Eschate (sur l'Iaxartes = Syr-Daria), symboliquement dénommée l'Ultime de par leur fonction stratégique (maintenir les communications ou défendre les frontières), ces cités devaient devenir d'importants centres commerciaux e) développement économique - les historiens d'Alexandre ne se sont pas très intéressés à ces problèmes - Alexandre est tout d'abord soucieux d'exploration (prélude à la conquête) et de répertorier les ressources (influence d'Aristote) - les Bématistes effectuent des relevés topographiques, Gorgos, l'expert minier, fait un rapport sur les ressources en sel, or et argent mais aussi de la flore et de la faune - opérations aussi de pillage, Alexandre doit vivre sur le pays, ses ressources proviennent d'abord des immenses trésors achéménides, les revenus ordinaires proviennent de l'exploitation des masses paysannes - les communications (surtout maritimes) sont développées, Darius avait toutefois, le premier, fait creuser un canal reliant le Nil à la mer Rouge - grâce à leurs ports, les arabes contrôlent le commerce d'où la préparation par Alexandre d'une expédition en Arabie, les successeurs d'Alexandre ne réussirent jamais à dominer les arabes - l'économie d'Alexandre se limite toutefois à lever des impôts et à la gestion fiscale, principalement pour de nouvelles conquêtes, en politique monétaire, les alexandrins remplacent les dariques - en accusant Alexandre d'être le brigand de toutes les nations, l'ambassadeur scythe décrit beaucoup mieux la réalité >> voir à ce sujet le livre intéressant de M. Rostovtzeff: "economic and social history of the hellenistic world (1941" 5/ Alexandre, les macédoniens, les grecs et les iraniens a) la politique de fusion - Alexandre fait figure de libérateur en Egypte et en Babylonie - continuité administrative en Perse où Alexandre confirme la nomination de satrapes perses mais il n'en confiait pas l'autorité à des satrapes inconnus de lui, toutefois le pouvoir militaire échappait aux satrapes indigènes, ce pouvoir étant toujours affecté à un macédonien (stratège ou épiscopos) - Alexandre ne manquait pas aussi d'adopter certaines armes et méthodes militaires de ses adversaires (tels les archers à cheval = hippotoxotes) - le mariage avec Roxane est plus à considérer comme un acte politique qu'un acte d'amour, la politique de fusion fut donc aussi une politique d'assimilation - les trois catastrophes: Philotas, Kleitos et Callisthène = révoltes cachées de l'opposition macédonienne suite au changement dans la personnalité d'Alexandre dès 330 BC, le roi adoptant de plus en plus les usages perses a) Philotas peut'être pas un traître, affaire en tout cas bien embrouillée (intention d'Alexandre d'éliminer une famille qui ne lui avait pas toujours manifesté un grand enthousiasme), dès 330 BC Alexandre ne veut plus souffrir aucune opposition b) Kleitos, le meurtre de Kleitos qui reproche à Alexandre de prendre de plus en plus l'allure d'un monarque absolu par opposition à la royauté nationale macédonienne dont le principe était de règner par persuasion et non par tyrannie c) Callisthène, l'affaire de la "proskynèse" avec Callisthène, un grec qui exprima tout haut ce que les macédoniens pensaient tout bas, la proskynèse représentait une marque visible de "servilité orientale" - Alexandre laissa tomber la proskinèse démontrant par là son caractère non seulement emporté et autoritaire mais aussi pragmatique (sachant reconnaître une erreur d'appréciation) - Peucestas fut le seul chef macédonien qui adopta les usages perses, s'attirant dès lors l'hostilité de ses companions qui ne voulaient pas gouverner en collaboration avec les vaincus n.b. Peucestas est un sômatophylaque (garde du corps) d’Alexandre et satrape de Perside de 325 à 332 BC, il prend part à la guerre des diadoques du côté de la régence et d'Eumène de Cardia contre Antigone le Borgne, avant la bataille de Paraitacène en 317, il offre à Persépolis un somptueux banquet en l’honneur des "dieux Alexandre et Philippe", lors de la bataille de Gabiène en 316, à la tête de la cavalerie, il décide de rompre le combat, offrant la victoire à Antigone qui parvient à mettre la main sur le train de bagages et les familles des Argyraspides, son caractère ambitieux et sa popularité auprès des Perses semblent avoir décidé Antigone à l'évincer de sa satrapie, Peucestas réside ensuite à la cour d'Antigone, sans affectation particulière, position qu'il occupe toujours quand Démétrios Poliorcète succède à son père - mariage de Suse (324) constituant un véritable pacte de gouvernement, pas toujours bien accepté par les macédoniens sauf par Hepheston et Peucestas (seul Seleucos voulut garder sa femme Apamée après la mort d'Alexandre) - objectif de créer une armée mixte après le retour de l'Inde, les auxiliaires perses furent incorporés dans la cavalerie des Hetairoi (compagnons), l'intégration de jeunes fantassins perses (epigonoi) dans la phalange fut ralenti par l'opposition macédonienne - l'oeuvre de fraternisation se limite plutôt aux macédoniens et aux perses et fait appel aux cadres perses pour consolider l'oeuvre de conquête 6/ conclusion, la succession - Alexandre a ouvert l'Asie à l'immigration grecque; son extraordinaire sens politique a bien compris qu'une domination durable passait par une alliance avec les classes dominantes des peuples conquis - l'oeuvre d'Alexandre reste toutefois fragile et incertaine et surtout, il n'a plus de successeur confirmé et digne de lui >> ce livre qui n'est pas une biographie, donne un portrait plus réaliste et plus proche de la vérité d'un Alexandre en tant qu'homme de guerre et de politique tout en n'oubliant pas de mentionner ses qualités de stratège, de politicien, d'homme de sciences avec un grand sens des connaissances humaines et de son temps - ce livre est aussi une bonne analyse empirique de l'oeuvre d'Alexandre |
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