série: | Dick Tracy |
dessinateur / scénariste: | Gould Chester |
éditeur: | Futuropolis EO 1982 |
genre: | Policier |
classement: | biblio1 |
date: | 1982 |
format: | cartonné, avec jaquette |
état: | TBE |
valeur: | 20 € |
critère: | ** |
remarques: | volume 2 1937 (en fait c'est le volume 1) à nouveau 2 bandes sur une page Chester Gould (1900-1985), dessinateur principalement de Dick Tracy 1/ de Nick Carter à Dick Tracy ou la ballade de la tronçonneuse par Francis Lacassin - l'univers de Chester Gould se réduit (toutes émotions gommées pour cause de superflu) à une figure de géométrie, à un triangle isocèle les trois points représentant les trois protagonistes de base: - le mal protéiforme (inconstant) et multichangeant que l'image réincarne en d'innombrables usages plus laids et plus différents les uns que les autres - le flic unique (malgré l'escorte de quelques figurants) et immuable, composé d'un menton carré, d'un petit chapeau jaune (qui rétrécira avec le temps) et entre les deux un nez busqué et deux sourcils effilés - et autour d'eux, la ville au béton trouée d'éclaircies et de perspectives périphériques n.b. cette ville dont Chester Gould ne révèle jamais le nom, c'est Chicago - en dépit de sa longue présence dans l'action, de l'autorité qui lui est reconnue, et de ses innombrables succès, Dick Tracy reste le plus méconnu, le moins défini des héros de bandes dessinées, l'équivalent graphique de "Continental Op" de Dashiell Hammett, il n'est qu'un des rouages privilégiés de la violence (surtout dans le langage) dont la description et la mise en jeu semblent être la finalité profonde de l'univers de Chester Gould - la bande de Chester Gould est un musée de la mort atroce auquel le graphisme donne un précision clinique, voilà l'originalité spécifique de Dick Tracy: le contraste entre un décor réaliste et des personnages que l'expressionnisme du trait a rendu caricaturaux >> p. 7 à 9 = 32 personnages (surtout des méchants) aux visages souvent insolites au point d'en être irréels, créés par Chester Gould de 1931 à 1937 - contraste aussi par un affrontement savant entre le blanc et le noir et la suppression du gris, des demi-teintes, des détails, des éclairages qui pourraient justifier ou affaiblir cet affrontement, Gould est l'un des rares dessinateurs à réduire certains personnages à des ombres chinoises dans un décor parfaitement éclairé et décrit - on a tendance à voir dans Dick Tracy une transposition graphique du roman hard-boiled; elle est certes plus convaincante que l'agent X-9 où la violence est considérablement assourdie par le romantisme du héros et l'élégance de trait - il ne manque pas de liens de parenté entre l'univers de Dick Tracy et celui du roman hard-boiled n.b. = terme culinaire signifiant "dur à cuire", hard-boiled est devenu une expression désignant un genre littéraire: le roman noir moderne mais ce dernier n'a pris en compte qu'une partie d'un genre littéraire qui l'avait précédé et qui s'est exprimé de 1913 à 1928 dans le "serial" ou film à épisodes, lui même précédé par les dime-novels, tels que le célèbre "Nick Carter Weekly" aux couvertures oniriques et inoubliables - en dehors même du génie et de l'imagination de Chester Gould, le succès de Dick Tracy aux Etats-Unis (et la répulsion qu'il a hélas inspiré en Europe) s'explique par un recours à une ancienne tradition de la violence sur laquelle s'est construite toute une partie de la société américaine 2/ deux récits en un seul épisode: un pauvre playboy riche et assurance pour un meurtre du 16 mai 1937 au 27 septembre 1937 dans lesquels Dick Tracy met en valeur ses dons pour identifier les empreintes digitales à voir: les armes cachées dans du charbon destinées à un détenu et la bande d'escrocs à l'assurance >> un volume (et une série) tout à fait du genre polar noir, bon texte et bon graphisme Information Chester Gould est né et a grandi à Pawnee dans l'Oklahoma, en 1919, sa famille part pour Stillwater où il poursuit ses études en Business Administration à l'Oklahoma State University jusqu'en 1921, cette année-là, il rejoint l'université Northwestern de Chicago, il y est diplômé en 1923 fasciné par les comics depuis son enfance (il dessine ses propres histoires dès l'âge de 7 ans), Gould trouve vite un emploi d'illustrateur au sein du Chicago Evening pour lequel il réalise ses premiers comics strips: "Fillum Fables" (1924) et "the Radio Catts", il produit aussi un comics sur Chicago: "why it's a windy city ", il se marie à Edna Gauger en 1926, leur fille Jean naît en 1927 en 1931, Gould est engagé comme dessinateur au Chicago Tribune où il commence la série Dick Tracy, il dessinera ce comics durant 46 ans de sa résidence de Woodstock dans l'Illinois, tâchant dans un premier temps de se renseigner au maximum sur les nouvelles techniques de lutte contre le crime, de 1956 à 1964, il accompagnera ces aventures de celles des Gravies, une famille américaine fantasque, il reçoit en 1959 et en 1977 le prestigieux Reuben Award, on lui remet de plus le prix Edgar-Allan-Poe du Mystery Writers of America en 1980 les histoires de Gould sont rarement planifiées, l'auteur préférant les inventer au fur et à mesure qu'il les dessine, cela le met parfois dans des situations équivoques très délicates à résoudre: le cas le plus connu est celui de Tracy piégé dans un caisson sans issu, s'en sortant par miracle par l'intervention de Gould lui-même! l'éditeur Joseph Patterson demandera de redessiner la séquence dans les derniers épisodes, les aventures de Tracy furent sévèrement critiquées comme politiquement trop orientées à droite et trop liées à la police, de plus, la fin des années 1950 voit un changement de lectorat moins enclin à apprécier le style grotesque de Gould, la série prend alors un virage et s'oriente vers la science-fiction avec des visites régulières sur la lune, tout cela mène à une augmentation drastique d'ennemis et d'histoires fantastiques abandonnant le contexte du genre policier, le succès de la mission Apollo 11 poussera finalement Gould à abandonner cette phase pour un retour aux sources vivement désiré par les fans, malheureusement, après des années d'aventures et de rencontres hautes en couleur, le personnage semble s'épuiser comme son auteur |
couvertures: |